Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis le 6 mars 2017 pour un Conseil Affaires étrangères qui a notamment été marqué par la décision "de mettre en place, à court terme, une capacité militaire de planification et de conduite au sein de l'état-major de l'UE à Bruxelles, qui sera chargée, au niveau stratégique, de la planification et de la conduite opérationnelles de missions militaires à mandat non exécutif, c'est-à-dire non combattant ".
"Depuis les années 1950 on a du mal à avancer dans le domaine de la défense, où l'UE a une histoire plutôt marquée par la division", a réagi Federica Mogherini, qui présidait cette réunion, en se disant "fière" de cette décision. Cet embryon de "quartier général" sera "opérationnel dans les semaines à venir" et emploiera "environ 30 personnes", a-t-elle précisé. Cette unité, appelée MPCC pour Capacité militaire de planification et de conduite (en anglais "military planning and conduct capability"), assurera depuis Bruxelles le commandement de trois missions de formation de l'UE actuellement déployées au Mali, en Somalie et en République centrafricaine pour mieux former et entraîner les soldats de ces pays. Les trois missions militaires exécutives de l'UE (Sophia contre les passeurs en Méditerranée, Atalante contre la piraterie dans la Corne de l'Afrique et Althéa en Bosnie-Herzégovine) continueront d'être commandées à partir de QG établis dans les Etats membres.
"Cela nous permettra d'avoir une approche plus unifiée, plus rationnelle et plus efficace des missions de formation militaire que nous avons et je pense que ce sera un grand pas en avant. Ce n'est pas l'armée européenne (...) mais c'est un moyen plus efficace de gérer notre travail militaire", a précisé Federica Mogherini. Le Conseil a aussi approuvé la création d’une cellule commune de coordination en matière de soutien, a-t-elle encore annoncé. Cette cellule permettra à la MPCC de coopérer étroitement avec son pendant dans le secteur civil, la 'Capacité civile de planification et de conduite' (CPCC). "Cette cellule de coordination nous aidera à créer et mettre en évidence encore plus les synergies sur le terrain", a expliqué Federica Mogherini.
Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, qui représentait le Luxembourg, a salué cette décision comme "un progrès", ainsi que le rapporte le journaliste Eric Bonse dans l’édition du Tageblatt datée du 7 mars 2017. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a en effet expliqué que cela n’avait pas été possible en 2011 en raison de l’opposition ferme du gouvernement britannique à un tel projet. Or, pour Jean Asselborn, ce nouveau centre de commandement offre "la possibilité d’utiliser des synergies".
Les ministres ont ensuite discuté des migrations, en faisant le point sur le sommet de Malte et la réunion des hauts fonctionnaires du processus de La Valette de février 2017, avant le rapport sur le cadre de partenariat pour les migrations qui sera prochainement présenté lors du Conseil européen de mars.
En présence du ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, les ministres de l'UE ont abordé l'évolution de la situation politique et des réformes économiques en Égypte, ainsi que du rôle joué par ce pays dans la région.
Le Conseil a par ailleurs examiné la situation dans les Balkans occidentaux. Dans ce contexte, la Haute représentante a rendu compte aux ministres de la visite qu'elle a effectuée, du 1er au 4 mars, dans la région. Le service de presse du Conseil souligne que les ministres ont réaffirmé à cette occasion leur engagement dans la région, tout en appelant leurs partenaires de la région à avancer sur le chemin des réformes. La situation dans les Balkans occidentaux sera à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de gouvernement lors du Conseil européen des 9 et 10 mars prochains.
Le Conseil s’est penché sur le processus de paix au Proche-Orient afin de faire le point sur les derniers développements et sur les contacts récents, notamment avec le nouveau gouvernement des États-Unis.
En amont du Conseil Affaires étrangères, Jean Asselborn a participé le 5 mars 2017 à un diner de travail des ministres des Affaires étrangères du Benelux avec leurs homologues du Groupe de Višegrad, afin de discuter des questions d’actualité européenne, rapporte encore un communiqué de presse diffusé par le ministère des Affaires étrangères et européennes à l’issue de la réunion.