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Politique étrangère et de défense
"Quel avenir pour les relations euro-méditerranéennes" - une table-ronde à la veille du colloque sur le partenariat euro-méditerranéen de l’Institut Pierre Werner
21-04-2008


Philippe de Fontaine Vive Curtaz, Nicolas Schmit"Quel avenir pour les relations euro-méditerranéennes", cette question vaste figurait au centre de la soirée d’ouverture du colloque "Du partenariat à la politique européenne de voisinage et au projet d’Union pour la Méditerranée" organisé le 21 et 22 avril 2008 par l’Institut Pierre Werner à l’Abbaye de Neumünster.

La table-ronde qui avait été organisée sous le haut patronage de la Banque européenne d’Investissement, de la Commissaire aux relations extérieures et à la politique de voisinage, Benita Ferrero-Waldner, et du Ministère des Affaires étrangères de Luxembourg avec le soutien financier du Fonds d’Alembert du Ministère français des Affaires étrangères a rassemblé Jacques Huntzinger, ambassadeur en mission chargé de l’atelier Culturel Méditerranéen, Assia Bensalah Alaoui, ambassadrice itinérante en charge des questions méditerranéennes, le ministre délégué aux Affaires Etrangères Nicolas Schmit et Philippe de Fontaine Vive Curtaz, vice-président de la Banque européenne d’investissement.

Un constat unanime : il y a un besoin accru de relancer une politique avec les pays de la Méditerranée.

La table-ronde a permis de mettre en parallèle plusieurs visions du projet de l’Union méditerranéenne dont les lignes se sont largement recoupées. Le constat qui fut dressé de part et d’autre fut unanime : il y a un besoin accru de relancer une politique avec les pays de la Méditerranée. En citant la phrase empruntée au Président français Nicolas Sarkozy - "la Méditerranée, ce n’est pas notre passé mais notre avenir"- Jacques Huntzinger a d’emblée mis en exergue l’importance à la fois stratégique et géopolitique de la région qui abrite un potentiel de conflits énorme. Pour lui, l’hiatus culturel qui existe entre une Europe qui se sécularise et un monde musulman où le fait religieux gagne en importance, entre un Nord qui se caractérise par l’évolution des ses mœurs et un Sud marqué par le poids de la tradition, "risque d’introduire une instabilité dans nos régions". Pour Assia Bensalah Alaoui, l’élaboration d’une politique est tout simplement synonyme de "survie".

Des questions identiques

Jacques HuntzingerQuelle est l’articulation entre le projet d’Union méditerranéenne et le processus de Barcelone lancé en novembre 1995 ? Est-ce qu’on se diriger vers un empilement des différentes instances ? Quel sera le montant du budget accordé a ce projet ? Comment donner une nouvelle dynamique à ce projet ? Les questions qui ont fusé de part et d’autre, illustraient, in fine, l’incertitude qui règne autour d’un projet dont les contours sont en train d’être dessinés.

Les défis

Les intervenants ont dressé à tour de rôle une liste des défis qui restent à relever en Méditerranée. "Zone de conflits, zone qui abrite la plus grosse fracture économique où le chômage par rapport à la croissance démographique atteint des proportions importantes", pour Jacques Huntzinger, les défis sont avant tout d’ordre économique et culturel. Nicolas Schmit et Assia Bensalah Alauoui ont, de leur côté, insisté sur la menace diffuse du terrorisme.

Les limites du processus de Barcelone et les questions à apporter

Coté marocain : Force et de constater selon Assai Bensalah Alauoui que "le processus de Barcelone n’a pas réussi à atténuer les déséquilibres qui étouffent les relations entre la Méditerranée et l’UE". Ce désenchantement à l’égard du processus résulte, selon elle, d’une inadéquation entre les moyens disponibles et une ambition démesurée. Deux paradoxes se cristallisent selon elle. D’une part, entre la dimension culturelle qui devrait être structurelle mais a été traitée "en parent pauvre". D’autre part, entre l’omniprésence de la dimension sécuritaire dans les discours et son absence de traitement dans les faits.

Le manque de sens, la non-participation de la société civile, le manque de dialogue, un processus qui est ressenti comme imposé de l’extérieur, le conflit israélo-arabe et les attentats du 11 septembre, sont autant d’éléments qui selon Assia Bensalah Alaoui ont constitué un frein pour le développement du processus.

Nicolas SchmitConstatant "le demi-échec" du processus de Barcelone, Nicolas Schmit s’est exprimé en faveur d’une construction "qui va plus loin et qui se base sur des fondements plus solides que le processus de Barcelone" et a exprimé le souhait que le projet d’Union méditerranéenne ne sera pas victime des rivalités entre les différentes institutions européennes. Autres conditions qui doivent être remplies pour garantir un succès du projet : l’ensemble des acteurs doivent être impliqués et les Européens doivent se mettre d’accord sur un concept fort.

Pour Philippe de Fontaine Vive Curtaz, qui a donné une vision globale du rôle qui incombe à la Banque européenne d’investissement, le projet d’Union méditerranéennes ouvre trois nouvelles perspectives. En ouvrant la voie vers un cadre plus démocratique, il permet aux Etats de se rencontrer sur un pied d’égalité. En créant de nouveaux emplois, il permet de susciter le soutien des opinions publiques. En réinventant la notion de frontière au sens américain, il permet à l'Europe de penser la Méditerannée non pas comme étant située derrière les frontières mais comme "notre" frontière.

Conclusions

Coté Français, on est d’avis que le projet d’Union méditerranéen a évolué mais n’est pas encore arrivé a son point de destination. A quoi aboutira–t-il ? Tout en étant incapable d’établir un diagnostic sur l’issue du processus, Huntzinger a relevé le mérite de l’initiative, celle d’avoir contribué à relancer le débat.

Dans un contexte marqué par la mondialisation, Assai Bensalah Alauoui a estimé que les relations euro-méditerranéennes doivent s’inscrire dans un contexte plus large qui englobe également les Etats-Unis. Nicolas Schmit a fini son intervention sur un message d’espoir en invitant les citoyens à mieux connaître les fonds communs de nos sociétés afin d’en dégager les dénominateurs communs.