Le 17 février 2009, la Présidence du Sommet de la Grande Région, assurée depuis le 1er février 2008 par le Luxembourg, a organisé, à Marnach, un séminaire transfrontalier intitulé "Les parcs naturels de la Grande Région: moteurs du développement régional des espaces ruraux". Cette manifestation, co-organisée avec les parcs naturels de l’Our et de la Haute-Sûre, avait pour objectif d’analyser le rôle que peuvent jouer les parcs naturels de la Grande Région dans le développement de ses espaces ruraux. Elle s’inscrivait donc dans le cadre des efforts menés par la présidence luxembourgeoise pour dégager, à l’échelle de la Grande Région, une démarche cohérente et intégrative en matière de développement territorial et de planification territoriale tant de l’espace urbain que de l’espace rural.
Jean-Marie Halsdorf , ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire a, dans son introduction, souligné la pertinence de la problématique posée par ce séminaire transfrontalier. Et il s’est demandé si le Luxembourg, qui assure actuellement la présidence du 11e Sommet de la Grande Région et qui représente à peine 4 % de la surface de cet espace transfrontalier, était à même de positionner la Grande Région. La décrivant comme une zone enclavée, souffrant de déséquilibres structurels, le ministre de l’Intérieur a souligné la diversité d’une région constituée à la fois par des zones urbaines et par des espaces ruraux en cours de désertification. Pour lui, le défi est donc de contrebalancer ces déséquilibres pour faire de la Grande Région un espace de développement à plus haute valeur économique et sociale.
Pour dépasser cette situation géographique, Jean-Marie Halsdorf a appelé à consolider dans un premier temps le positionnement de la Grande Région face à la concurrence européenne, et ce notamment en améliorant son accessibilité. Il a par ailleurs invoqué un renforcement de la cohésion interne de son territoire. Et il est à ses yeux indispensable, pour atteindre ces objectifs, de mieux agencer la coopération entre les différentes entités membres pour définir une stratégie de développement et de planification territoriale. Le Luxembourg est amené à jouer un rôle moteur en la matière, car c’est le seul Etat souverain de la Grande Région et il dispose donc des instruments pour ce faire. La présidence du Sommet est à ce titre une opportunité à ne pas rater, selon les mots du ministre, et il a donc rappelé que ce thème avait été placé au cœur des priorités de la présidence. Cette démarche s’inscrit qui plus est dans le cadre plus large de la politique de cohésion de l’UE puisque la cohésion territoriale deviendra, aux côtés de la cohésion économique et sociale, un objectif à atteindre avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Il faut donc, pour Jean-Marie Halsdorf, se tenir prêt et préparer une stratégie intégrée.
Il est dans cette optique important de ne pas se focaliser sur les zones urbanisées mais de valoriser aussi les espaces ruraux en créant des pôles d’excellence rurale transfrontaliers. Les parcs naturels sont à cet égard, selon l’avis de ministre, un outil de choix car ils constituent un instrument commun à l’ensemble de la Grande Région et ils sont de plus souvent transfrontaliers. La structuration d’un réseau transfrontalier de parcs naturels, dont le financement dans le cadre du programme INTERREG IV A a été accordé à l’automne 2008, a été saluée à ce titre par Jean-Marie Halsdorf.
Le ministre de l’Aménagement du territoire s’est appuyé sur l’expérience luxembourgeoise en matière de parcs naturels. Si elle est récente – le premier Parc naturel luxembourgeois, celui de la Haute-Sûre, a été créé en 1999, le parc naturel de l’Our en 2005 tandis que sont en projet des parcs naturels dans le Mullerthal et dans le pays des trois frontières (France, Allemagne et Luxembourg) – le bilan de cette expérience est très positif.
Par leur approche intégrative, les parcs forment en effet des plateformes d’échanges et de concertation sans égales pour les régions. Ils offrent de plus une image de marque forte et positive et valorisent l’identité de la région. Les parcs permettent aussi de créer des réseaux d’acteurs locaux, régionaux et transfrontaliers qui rendent possible la mise en œuvre de projets transfrontaliers. Enfin les parcs naturels jouent le rôle non négligeable de laboratoires de créativité en favorisant le développement de projets innovants et durables.
Seul petit bémol émis par le ministre, la nécessité d’une plus grande responsabilisation des acteurs régionaux et d’une plus forte sensibilisation des citoyens vivant dans le territoire des parcs naturels. Cela n’a pas amoindri pour autant le potentiel des parcs naturels aux yeux de Jean-Marie Halsdorf, puisqu’ils ont vocation, à terme, à devenir les partenaires numéro 1 de l’Etat en vue de la création des pôles d’excellence rurale de la Grande Région.
Cette introduction du ministre, qui posait la problématique de cette journée, a été suivie d’un exposé présentant, sur la base de la longue expérience autrichienne, les parcs naturels en tant qu’outil de développement des espaces ruraux. De nombreux projets transfrontaliers ont été réalisés par les parcs naturels de la Grande Région, et quatre d’entre eux, exemples de bonnes pratiques, ont donc fait l’objet d’une présentation. Enfin, les parcs naturels de la Grande Région sont en train de se structurer en réseau dans le cadre d’un tout nouveau projet co-financé par le programme INTERREG IVA, dont le coordinateur a exposé les grandes lignes.
Jean-Claude Sinner, du Ministère luxembourgeois de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire a, au nom de la Présidence du Sommet de la Grande Région, tiré les conclusions d’une journée riche en enseignements. Il a dans un premier temps rappelé que la Grande Région, bien que née de la coopération dans le domaine de la sidérurgie, était aussi constituée de grands ensembles ruraux et qu’il était donc important de valoriser la complémentarité entre villes et campagnes. Les parcs naturels, sont par ailleurs, d’un point de vue statistique, de toute première importance puisqu’ils représentent 21 % du territoire de la Grande Région et abritent 12 % de sa population. S’ils sont nés en réponse à des problématiques locales, les parcs naturels ont aujourd’hui atteint un stade qui leur permet d’établir un "concept", une "marque", et la création du réseau des parcs naturels de la Grande Région mérite, pour Jean-Claude Sinner, d’être saluée à ce titre.
La force des parcs naturels, c’est leur approche intégrée, leur façon de faire et leur rôle de relai ; la diversité des compétences et des acteurs facilite une intégration tant horizontale (c’est-à-dire interdisciplinaire), que verticale. Tant et si bien que pour Jean-Claude Sinner, ils constituent un acteur des plus importants en matière de développement des espaces ruraux où ils mènent des activités d’une grande diversité : tourisme, gestion de l’eau, culture, paysage, produits régionaux, urbanisme ou encore production d’énergie renouvelable.
La proximité de la plupart des parcs naturels avec les frontières en fait souvent des acteurs privilégiés de la coopération transfrontalière et de la Grande région. Ils ont ainsi réussi, selon lui, en développant un projet territorial, à remplir de vie le concept de "cohésion territoriale" proposé à l’initiative de l’Union européenne. Le grand potentiel économique des parcs naturels devrait être souligné auprès de la population et leur rôle au service des communes contribue à l’identification de la population au parc. Jean-Claude Sinner a enfin souligné que la fonction de protection de la nature ne devait en aucun cas être délaissée, en précisant que, lorsqu’elle découle d’une approche intégrative, elle est souvent mieux comprise par la population. Et de conclure par l’importance que constitue l’instrument financier Interreg pour les parcs naturels.