Le Premier ministre et ministre des Finances, Jean-Claude Juncker, est revenu dans une interview donnée le 7 mai 2009 au quotidien "Luxemburger Wort" sur les relations entre le Luxembourg et l’Allemagne dans le contexte de la controverse sur le secret bancaire et des dernières déclarations du ministre allemand des Finances Peer Steinbrück.
Dans un premier temps, Juncker s’insurge contre la manière dont le Burkina Faso, pays cible de la coopération luxembourgeoise, a été déconsidéré par Steinbrück. Il raconte ensuite que Steinbrück lui avait dit qu’il comprenait que lui, Juncker, se soit fâché lorsque le Luxembourg s’était retrouvé sur les listes grises des paradis fiscaux à l’issue de la réunion du G20. C’est pourquoi Juncker a été d’autant plus surpris que Steinbrück, qui n’a pas participé au débat fiscal au Conseil du 5 mai 2009, se soit laissé emporter jusqu’à faire des déclarations sur la Suisse, le Liechtenstein, le Luxembourg et le Burkina Faso qui "révèlent une manière de traiter les voisins plus petits qui est inacceptable."
Intraitable sur le fait que le Luxembourg, qui a fait siennes les normes de l’OCDE, n’est pas et n’a jamais été un paradis fiscal, Juncker estime que les relations entre le Luxembourg et l’Allemagne ont souffert des attaques du ministre des Finances allemand qui "ne serait pas qualifié pour occuper un poste plus sensible dans le gouvernement allemand."
Quelles conséquences pour les relations germano-luxembourgeoises ? "Nous nous sommes attelés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale à construire de bonnes relations avec l’Allemagne. Et je ne vois pas non plus en quoi les relations entre Luxembourgeois et Allemands souffriraient de la situation actuelle. Mais les relations avec une partie du gouvernement allemand sont massivement troublées, et il semble que cela n’importe nullement à cette partie. L’on allume des incendies que nous aurions éteints depuis longtemps."
La résolution votée à la Chambre des Députés montre pour Juncker, que "les Luxembourgeois pensent que cela suffit maintenant". Il espère que l’on en tiendra compte en Allemagne. "J’exige du respect pour le Luxembourg, Le Luxembourg ne mérite pas moins de respect que l’Allemagne."
Jean-Claude Juncker est revenu sur l’affaire des listes grises des paradis fiscaux du G20 qui a ébranlé sa confiance en la manière dont les partenaires européens se sentent liés par leurs propres décisions. Il rappelle qu’une décision unanime avait été prise au Conseil européen de mars 2009 qu’aucun Etat membre de l’UE ne se retrouverait sur une liste du G20. Pourtant "les Européens qui ont participé au sommet à Londres ont veillé à ce que les centres financiers chinois, britanniques et américains ne se retrouvent sur aucune liste. Mais en même temps, ils ont accepté que le Luxembourg, l’Autriche, la Belgique et la Suisse soient inscrits sur une liste grise. Même les Russes ne croient pas que leurs centres financiers sont plus propres que la place financière luxembourgeoise. Seuls les Allemands semblent le croire."
De ce fait Juncker posera "au prochain Conseil européen de juin la question si les conclusions et décisions du Conseil ne lient plus tous les membres, quand ils sont assis à d’autres tables. Il y va de la consistance de la base même de traiter les affaires européennes."