Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, a commenté lors d’une interview donnée au Deutschlandfunk le 15 juillet 2009, la candidature de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne.
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise s’est demandé si la décision du Conseil européen de juin 2009, auquel il a lui-même participé, de proposer au Parlement européen qu’il désigne José Manuel Barroso a été finalement "une bonne idée", vu l’opposition que ce dernier rencontre dans l’hémicycle de Strasbourg auprès des Verts, des sociaux-démocrates, de la plupart des libéraux et même auprès de certains conservateurs du PPE.
Pour Asselborn, la Commission ne doit pas devenir un secrétariat du Conseil européen. "La Commission est en fait le garant de l’intégration européenne, et son président doit veiller à ce que tous les 27 Etats membres soient assis autour de la table, participent aux délibérations et aux décisions." Il doit savoir "freiner les grands" et se faire l’avocat des petits et moyens Etats membres, ce qu’il n’a pas toujours fait. Si Barroso veut être réélu en septembre 2009, il doit selon Jean Asselborn "aiguiser son profil".
Après l’expérience qu’il a eue avec José Manuel Barroso, Jean Asselborn est "convaincu que nous en viendrons dans le cadre de la discussion institutionnelle au sein de l’UE à la conclusion qu’un président de la Commission ne doit être nommé que pour un seul mandat, car la perspective d’une réélection peut pousser le président à vouloir plaire à tout le monde. Et quand on veut plaire, l’on veut plutôt plaire aux grands qu’aux petits et moyens Etats membres, et là, on commet des erreurs."
Selon le chef de la diplomatie luxembourgeoise, José Manuel Barroso devra s’engager bien plus pour l’intégration européenne s’il veut être réélu par le PE. Néanmoins, "pour l’instant, il n’est pas évident que José Manuel Barroso ait une chance d’être réélu". Asselborn ne pense en tout cas pas que l’addition des votes du PPE, des eurosceptiques et des nationalistes puisse constituer une majorité crédible pour le président de la Commission.
Pour Jean Asselborn, il existe un véritable risque que l’élection du président de la Commission avant le référendum irlandais du 2 octobre 2009 donne une image déplorable de l’UE, si l’opération au PE "se termine en cacophonie". Or, pense le ministre des Affaires étrangères, "nous devons savoir que sur cette question de poste, ce qui importe, ce n’est pas la personne de M. Barroso, mais l’idée que nous nous faisons de la Commission européenne. Et là, il manque quelque chose. Et je ne suis pas sûr que la candidature de Barroso sera si simplement avalisée, si lui-même ne s’engage pas entièrement, avec force et en allant un peu plus dans le détail en ce qui concerne ses plans pour l’avenir."