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Pour Claude Turmes, les Verts ont le vent en poupe en Europe et veulent toujours empêcher la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne
10-07-2009


Claude TurmesLe député européen vert luxembourgeois réélu Claude Turmes a donné le 10 juillet 2009 sa première conférence de presse après les élections européennes du 7 juin. Il a commenté les résultats des élections européennes, les priorités de la Présidence suédoise du Conseil, la controverse autour de la nomination par les chefs d’Etat et de gouvernement et puis de l’élection de José Manuel Barroso comme président de la Commission européenne par le Parlement européen, et finalement la manière dont l’agenda de la Chambre des députés sera de plus en plus déterminé par les questions européennes.

Les Verts, renforcés, s’organisent au PE

Les Verts européens sont "fiers" des bons résultats qu’ils ont atteints lors des dernières élections européennes. Au Luxembourg, les Verts sont passés de 15,04 à 16,82 %, au Parlement européen de 43 à 55 sièges, de sorte qu'ils constituent le quatrième groupe politique en nombre de sièges. Dans les grandes villes d’Europe occidentale et du Nord, ils ont oscillé entre 20 et presque 30 % des voix, comme à Berlin, Bruxelles ou Paris. "Cela est encourageant pour le futur", a déclaré Claude Turmes, "car nous savons que ce sont les grandes villes qui posent les jalons des grandes tendances culturelles et politiques, et nous sommes une de ces grandes tendances."

Turmes s’est félicité du fait que son groupe politique sera renforcé par des personnalités fortes, telles José Bové, connu pour ses destructions de champs à OGM et les incarcérations qui les ont sanctionnées, Sven Giegold, l’ancien chef d’Attac-Allemagne, Barbara Lochbihler, ancienne directrice d’Amnesty International en Allemagne. Lui-même sera vice-président du groupe présidé par Daniel Cohn-Bendit et Rebecca Harms et ira siéger dans trois commissions de travail : Industrie, recherche et énergie (ITRE), Marché intérieur et protection des consommateurs (IMCO) et vraisemblablement Emploi et affaires sociales (EMPL). Il fera également partie de la délégation pour les USA, où il se rendra fin septembre pour analyser pendant une quinzaine de jours, en Californie et à Washington, la politique énergétique et les nouvelles technologies dans les Etats-Unis d’Amérique.

Les forces et les faiblesses de la Présidence suédoise selon Claude Turmes

Turmes a mis en évidence que les deux sujets principaux auxquels la Présidence suédoise entend se concentrer sont deux sujets "verts" : la Conférence de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique et l’orientation de l’UE vers une économie éco-efficace.

Dans ce contexte, il a souligné l’importance du fait que le G8, qui vient de se tenir à L’Aquila en Italie, ait réussi à fixer les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), le Japon, l’UE et les USA sur un objectif commun et mesurable qui est de ne pas accepter qu’il ait un réchauffement de la planète de plus 2 degrés d’ici 2050. Mais il a regretté en même temps que les dirigeants réunis à L’Aquila n’aient pas réussi à définir un plan de mesures concrètes sur le long terme et que les problèmes du financement de politiques éco-efficaces aient été éludés.

En UE, cela ne devrait cependant pas être le cas, puisque tant la Présidence suédoise que la Présidence espagnole du premier semestre 2010 essayeront de définir un plan pour l’UE. Turmes s’est pourtant inquiété du fait que la Présidence suédoise parle si peu de la crise, alors qu’il faut selon lui craindre que des pans entiers de l’économie européenne, notamment automobile, s’écroulent dès que les mesures de soutien conjoncturelles comme la prime à la casse auront épuisé leur effet et que la spirale des surcapacités se fera de nouveau sentir.      

La question Barroso

Les Verts avaient fait campagne lors des élections européennes avec le slogan "Stop Barroso". En juillet 2009, ils se sont opposés, avec succès à ce que le Parlement européen passe "à la va-vite" au vote sur la nomination de José Manuel Barroso comme président de la Commission. Ils ne veulent pas non plus d’élection avant la tenue du référendum irlandais parce qu’ils veulent que l’élection se fasse sous les clauses du traité de Lisbonne, donc à la majorité qualifiée, et non sous celles du traité de Nice, où la majorité simple suffit, ceci afin que toute la Commission soit instituée sous les auspices d’un seul et même traité.

D’autre part, les Verts exigent que José Manuel Barroso se présente devant le Parlement européen avec un programme écrit qui se démarquera de la politique libérale qu’il a menée. Pour les Verts, Barroso devra faire des propositions comment l’UE pourra contribuer à sortir l’Europe de la spirale de la crise et à accélérer la réorientation de l’économie.

C’est pourquoi ils s’engageront lors de la conférence des présidents des groupes politiques du PE qui se tiendra le 15 juillet pour qu’un scénario institutionnel soit fixé qui verrait Barroso présenter son programme en septembre et le PE procéder à un vote sur sa personne lors de sa session d’octobre, après le référendum irlandais du 2 octobre. Le PE pourrait ensuite auditionner jusqu’en décembre les candidats-commissaires et procéder en janvier 2010 à l’élection de la Commission dans son ensemble.  

Il n’en reste pas moins que les Verts ne veulent pas d’un deuxième mandat de José Manuel Barroso à la tête de la Commission. Pour eux, il incarne l’échec d’une politique qui a contribué à la chute de la participation aux élections européennes et à un affaiblissement de l’UE comme communauté solidaire, vu l’inaction du président de la Commission au début de la crise, vu aussi son attitude à l’égard de directives comme celles sur le temps de travail et sur le détachement.

Comme Luxembourgeois, Claude Turmes reproche à Barroso son attitude au G20, lorsque le Luxembourg a été mis sur une liste grise des paradis fiscaux, et cela en sa présence. Pour Turmes, Barroso aurait dû empêcher cette mise à l’index, puisqu’elle était contraire aux traités européens et que le rôle du président de la Commission, qui est la gardienne des traités, aurait été de défendre la légalité européenne.

La participation parlementaire à la politique européenne du Luxembourg et ses conséquences institutionnelles

C’est pourquoi Claude Turmes n’est pas d’accord avec Jean-Claude Juncker et Jean Asselborn qui ont donné leur aval à une chose aussi importante pour l’UE comme la candidature de José Manuel Barroso, sans consulter une Chambre des députés, alors que celle-ci doit souvent discuter jusque dans le détail les directives à transposer. Au Luxembourg, de nombreux efforts ont pourtant eu lieu lors de la législature précédente pour impliquer plus la Chambre dans l’élaboration de la politique européenne, notamment, comme n’a pas manqué de souligner Claude Turmes, sous l’impulsion du député socialiste et président de la commission des affaires étrangères et européennes, Ben Fayot.

Pour Turmes, le poids de la politique européenne pèsera de plus en plus lourd sur les agendas des députés nationaux, puisque tant certaines clauses du traité de Lisbonne que la revendication générale de plus de contrôle démocratique – comme l’illustre aussi l’arrêt du 30 juin 2009 de la Cour constitutionnelle allemande – conduiront à une implication plus forte des parlements nationaux dans la politique de l’UE. Turmes et les Verts ne sont pas sûrs que les députés nationaux pourront à terme cumuler mandat parlementaire et mandat local (bourgmestre, échevin) s’ils veulent assumer pleinement les nouvelles responsabilités qui seront les leurs. Il s’agit là d’un véritable changement de système que les Verts veulent voir discuté calmement avec toutes les fractions politiques. Turmes estime qu’il est sur la même longueur d’onde que le CSV, que l’interdit du cumul de mandats a déjà fait l’objet de discussions lors du débat sur la loi sur la réforme territoriale, et que le principal obstacle a un interdit du cumul des mandats a été le LSAP.