Quatrième élu sur les listes européennes du CSV derrière Viviane Reding, Astrid Lulling et Frank Engel, Georges Bach ira siéger dès le 14 juillet 2009 au Parlement européen. Il prendra la place de Viviane Reding, qui a renoncé à son siège de député européen pour rester commissaire européen jusqu’en novembre 2009. Viviane Reding a également été proposée comme candidate à un poste de commissaire, dans un premier temps par la coalition le 7 juillet 2009, et elle le sera de nouveau par le nouveau gouvernement luxembourgeois dès que celui-ci aura été constitué et que les institutions européennes auront recommencé à fonctionner, ceci afin que le Luxembourg continue de disposer d'un commissaire européen et que Viviane Reding puisse ensuite briguer un troisième mandat de commissaire.
Âgé de 54 ans, Georges Bach est depuis 2003 président du SYPROLUX, le syndicat chrétien des cheminots ainsi que des salariés du secteur privé des transports. Dans ce cadre, il a été actif au sein de l’ETF (European Transport Workers’ Federation) où il était impliqué dans les dossiers "chemin de fer" et "dialogue social".
De par son mandat syndical, Georges Bach n’est pas un adepte de la libéralisation des transports publics ni d’une flexibilisation à outrance du droit du travail et de la facilitation des licenciements. En tant que cheminot, il a vu comment "des structures qui fonctionnaient bien et qui assuraient de surcroît la stabilité de l’emploi ont été fondamentalement mises en question par la libéralisation". De son propre aveu, cela l’a rendu fort sceptique à l’égard de l’Union européenne. "Les bâtiments où j’irai siéger, je les ai d’abord vus du dehors, comme manifestant", dit-il en riant.
Mais la campagne référendaire de 2005, lorsque les députés ont tenu partout dans le pays des réunions d’information, a réduit selon Georges Bach le fossé entre les citoyens et l’UE. Il dit avoir compris que c’était trop facile de reprocher systématiquement à la Commission et au Parlement européens ce qui n’allait pas dans les Etats, et que l’UE, c’était bien plus qu’un bouc émissaire facile. Bref, il a pris goût à la chose européenne, et quand son parti, le CSV, lui a demandé de se présenter aux élections européennes, à lui qui n’était pas demandeur et qui nourrissait des doutes quant à la compatibilité entre en un mandat parlementaire et un mandat syndical, il a accepté. En pensant d’abord à la campagne électorale avant de penser qu’il pourrait être élu.
Georges Bach n’a pas pour autant oublié qu’il était resté syndicaliste. Dans un éditorial du 8 mai 2009, publié dans l’organe de son syndicat, "Transport", Georges Bach écrit qu’en dépit de la crise, "les managers des entreprises et les politiciens proches de l’économie n’ont vraiment rien appris". D’où son appel à participer aux manifestions syndicales qui ont eu lieu partout en Europe les 15 et 16 mai 2009.
Comme la plupart des syndicalistes luxembourgeois, certains arrêts de la Cour européenne de Justice (CJCE) et la non-conciliation sur la directive temps de travail ne sont pas pour lui le meilleur moyen de gagner la confiance des citoyens dans l’Europe. Cela a conduit Georges Bach à marquer le 22 mai 2009 dans un éditorial le refus des travailleurs "d’une politique qui privilégie de manière univoque les intérêts du capital aux frais du peuple travailleur" et de prôner un revirement de la politique européenne. Le syndicaliste estime néanmoins que le Luxembourg a été épargné par une telle manière de faire de la politique. Les chemins de fer, la poste et le secteur de l’énergie ont été touchés par la libéralisation, mais sont restés dans la main de l’Etat comme entreprises intégrées. Le droit du travail et la protection sociale n’ont pas été démantelés. Ceci, dit Georges Bach, en pensant peut-être un peu à soi-même, grâce à des hommes et des femmes politiques sensibles à la question sociale, des hommes et des femmes politiques dont la présence doit être renforcée dans les instances de décision de l’UE. La lutte contre le chômage, la consolidation des systèmes de sécurité sociale, la mise en œuvre de la clause sociale contenue dans le traité de Lisbonne, un socle commun de droits sociaux minima, le droit de chaque citoyen de l’UE à un salaire minimum fixé par l’Etat et les partenaires sociaux sont pour Bach les pierres angulaires d’une Europe où droits économiques et droits sociaux doivent être rééquilibrés.
Après les élections, Georges Bach a estimé dans un éditorial paru dans l’édition de "Transport" du 19 juin 2009 que son parti, le CSV, avait gagné les élections, parce que les électeurs avaient refusé l’aventure et opté pour "la compétence économique doublée d’un engagement social". Se félicitant des trois sièges au Parlement européen que le CSV a su garder, Georges Bach aborde la question de son propre engagement européen : "Depuis deux décennies, je m’engage au niveau syndical pour les intérêts de mes collègues cheminots et pour le progrès social. (...) L’injustice sociale doit être combattue, au niveau européen, mais aussi au niveau mondial. Au plus tard en ces temps de globalisation, la défense et l’extension des acquis sociaux n’est plus une affaire nationale. Participer par mes propres moyens, bien que modestes, à la construction d’une Europe où l’économique et le social avancent d’un même pas est une tâche qui m’intéresse depuis le référendum sur le traité constitutionnel, et, vu la situation, cette tâche pourrait devenir la mienne."
En allant siéger au Parlement européen, Georges Bach laissera sa place de président du SYPROLUX à quelqu’un de plus jeune mais il gardera la présidence de la FCPT (Fédération Chrétienne du Personnel des Transports), une fonction qui lui permettra de garder le contact avec le mouvement syndical tout en assumant pleinement sa fonction d’eurodéputé qui est aussi d’être une des voix du mouvement dont il vient.
L’ambition de Georges Bach au Parlement européen : pouvoir être membre de deux commissions parlementaires, celle des transports (TRAN) et celle de l’emploi et des affaires sociales (EMPL). Une place dans la commission TRAN lui est assurée, grâce à l’aide que lui a fournie sa collègue sortante, Erna Hennicot-Schoepges. Une place dans la commission EMPL, très convoitée, est moins sûre, car sa nomination tardive due au renoncement tardif de Viviane Reding à son mandat de députée européenne ne lui a pas permis de participer aux travaux initiaux de son groupe, le PPE. Sans mandat, sans assistants, il lui a été difficile de se positionner dans un milieu où les nouveaux et les inconnus doivent encore plus s’affirmer que ceux qui sont en place et qui peuvent mettre en avant leurs acquis dans la maison quand ils briguent un poste.