Si les libéraux sont loin d’avoir gagné les élections législatives qui se tenaient au Grand-Duché le 7 juin 2009, Charles Goerens, tête de liste du Parti démocrate (DP), a pour sa part redoré le blason de son parti en remportant, et de loin, le plus grand nombre voix aux élections européennes au Luxembourg. Il arrive en effet largement en tête d’un scrutin pour lequel il a obtenu 112 113 voix.

Il semble que ce n’est pas la couleur mais bien l’expérience et la crédibilité européenne du candidat qui, grâce au panachage mais aussi à l’introduction de listes séparées, a permis à Charles Goerens, qui a déjà exercé à deux reprises un mandat européen, de remporter cette élection haut la main. Et c’est là sans compter ses mandats de député, son expérience en tant que ministre, et son engagement soutenu et reconnu en matière d’aide au développement.

Pour son parti, rien ne change cependant en termes de mandat, puisque le DP conservera son unique siège au sein de l’ALDE au Parlement européen, Charles Goerens prenant ainsi la relève de l’eurodéputée sortante Lydie Polfer, qui est pour sa part élue à la Chambre des Députés dans la circonscription du Centre.

Dans une déclaration faite au Tageblatt et publiée le 9 juin 2009, Charles Goerens se dit satisfait d’un "score personnel qui dépasse ses attentes". Un succès qu’il dit aussi devoir à son équipe de candidats et au choix de leurs thèmes de campagne : mettre fin au chaos institutionnel et défendre le Luxembourg dans le monde, sans oublier non plus la dimension sociale et un plaidoyer pour une politique prudente en matière d’élargissement. Une autre clef de sa réussite, c’est selon lui d’avoir su expliquer aux citoyens les acquis de l’UE. "Et dans ce domaine, il reste beaucoup à faire", n’a pas manqué d’ajouter Charles Goerens.

Une carrière politique lancée avec brio il y a tout juste 30 ans

Fils d’agriculteur, Charles Goerens, s’est lancé dans le métier de son père, et c’est en tant que syndicaliste que pour la première fois il a goûté à la politique européenne ; c’est à ce titre en effet qu’il a représenté le Grand-Duché au Conseil européen des jeunes agriculteurs.

Sa carrière politique fut lancée avec brio, il y a 30 ans de cela, le 10 juin 1979, date à laquelle Charles Goerens a été élu premier sur la liste du Parti démocratique dans la circonscription Nord. Il a ensuite enchaîné les succès électoraux, et les mandats à la Chambre des députés, puisqu’il a été réélu en 1984, 1989, 1994, 1999 et 2004.

Dix après son entrée en politique, en 1989, il devient président de son parti, poste qu’il conservera jusqu’en 1994.

1982-1984, 1995-1999 : Premières expériences du Parlement européen

C’est en 1982 que Charles Goerens obtient, en cours de législature et en remplacement de Jean Hamilius pour sa part appelé au gouvernement, un premier mandat au Parlement européen qu’il assumera jusqu’aux élections de 1984, et ce tout en conservant son mandat de député national. L’hémicycle européen comptait alors 434 députés, tandis que la Grèce rejoignait tout juste les communautés européennes, portant le nombre d’Etats membres à 10.

Lorsqu’il retourne au Parlement européen en 1995, pour un deuxième mandat, Charles Goerens remplace, en cours de mandature, Lydie Polfer et ils échangent en quelque sorte leurs rôles car elle lui succède à la présidence du parti. Charles Goerens est alors coordinateur du groupe libéral dans le domaine des libertés politiques et des "Droits de l'Homme".

C’est aussi en 1995 qu’il se voit confié par le Premier ministre la rédaction d´un rapport sur le rôle des parlements nationaux au sein de l´Union européenne. Ce document présentera la position du Luxembourg en vue d'améliorer l'association des Parlements nationaux au processus décisionnel européen.

1999 : un eurodéputé quitte l’hémicycle, un ministre entre au gouvernement

Candidat de son parti aux élections législatives et européennes du 13 juin 1999, il est élu député dans la circonscription du Nord sur la liste des démocrates. Les listes n’étaient pas alors séparées et il a rejoint le Parlement européen à l’été 1999 pour être rappelé le 7 août de la même année par le gouvernement nouvellement constitué. Il y est nommé ministre de la Coopération, de l'Action humanitaire et de la Défense, et ministre de l'Environnement.

2004 – 2009 : un député s’affirme à la Chambre sur les questions européennes et prend la Présidence du Groupe parlementaire de son parti

Lors des élections du 13 juin 2004, Charles Goerens est réélu à la Chambre des Députés. Il y est membre de la Commission des Affaires Etrangères et Européennes, de la Commission de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, de la Commission de l’Environnement et de la Commission des Finances et du Budget. Et depuis le 19 septembre 2006, Charles Goerens y a assumé la Présidence du Groupe parlementaire du DP après le départ de Henri Grethen à la Cour des Comptes.

UEO, CoE, CSAO : des engagements européens et humanitaires au-delà du Parlement européen

Parallèlement, Charles Goerens a été Président de l'Assemblée de l'UEO de 1987 à 1990. Et il a représenté le Luxembourg au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de 1984 à 1995, ayant renoué avec cette fonction depuis 2004.

Charles Goerens semble avoir pris très à cœur ses fonctions de Ministre de la Coopération et de l’Aide humanitaire, et son engagement en matière d’aide au développement l’a conduit à assumer pendant trois ans et jusqu’il y a quelques mois à peine la présidence du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO). Ce groupe de réflexion a été créé en 1976 à l’initiative de quelques pays membres de l’OCDE pour promouvoir la concertation et animer le plaidoyer en faveur d’un soutien accru et durable de la communauté internationale aux pays du Sahel, puis de toute l’Afrique de l’Ouest.