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Economie, finances et monnaie
Les ministres des Finances se sont entendus à l’unanimité pour activer le plan d’aide à la Grèce au nom de la stabilité financière de la zone euro
De son côté, la Grèce s’est engagée à exécuter un plan d’austérité jugé "impressionnant" par Luc Frieden
02-05-2010


George Papaconstantinou, Jean-Claude Juncker et Olli Rehn (c) Jock FistickRéunis le 2 mai 2010 à Bruxelles à l’occasion d’un Eurogroupe extraordinaire, les ministres des Finances des pays membres de la zone euro ont, sous la présidence de Jean-Claude Juncker, trouvé un accord de principe sur l’activation du plan de soutien à la Grèce présenté en détail le 11 avril 2010.

La réunion était exclusivement consacrée à l'examen du programme de redressement des finances publiques grecques que les autorités grecques ont négocié avec la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international dans les jours qui ont suivi la demande d'activation du mécanisme d’aide présentée formellement le 23 avril dernier par la Grèce.

Il s’agit de garantir "la stabilité de la zone euro et donc notre propre stabilité"

Dans leurs conclusions, les ministres des Finances en appellent à la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble pour justifier leur décision, prise à l’unanimité, d’activer le mécanisme d’aide constitué de prêts bilatéraux coordonnés par la Commission européenne. Comme l’a expliqué le ministre Luc Frieden, qui représentait le Luxembourg pendant la réunion, "nous avons la même monnaie" et, en veillant à ce que la Grèce puisse rembourser ses dettes, il s’agit de garantir "la stabilité de la zone euro et donc notre propre stabilité". Une faillite de la Grèce aurait en effet des conséquences dans toute la zone dans la mesure où un grand nombre de banques, y compris auLuc Frieden (c) Jock Fistick Luxembourg, possèdent des obligations grecques.

Ainsi que l’a rappelé Jean-Claude Juncker à l’issue de la réunion, "le programme financier met 110 milliards d'euros à disposition de la Grèce sur trois ans pour lui permettre de faire face à ses obligations, les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de la première année" 2010, à un taux moyen de 5 %.

Le FMI doit encore approuver officiellement sa participation de 30 milliards d'euros, ce qui devrait être fait dans la semaine ainsi que l’annoncé par voie de communiqué son directeur général, Dominique Strauss-Kahn.

Une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement permettra de "boucler la procédure" le 7 mai 2010

Au sein de la zone euro, un certain nombre de procédures parlementaires devant être menées à bien au niveau national, la formalisation de cette décision est prévue le 7 mai, date à laquelle le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a convoqué une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro. Il s’agira, selon les termes de Jean-Claude Juncker de "boucler la procédure" en approuvant la décision sur base de l'article 136 du traité de Lisbonne, mais aussi de "tirer les premières leçons de la crise", et ce notamment en matière de renforcement de la discipline budgétaire dans la zone euro, un sujet que les ministres des Finances avaient déjà abordé le 17 avril dernier.

Jean-Claude Juncker a par ailleurs annoncé que les ministres des Finances de la zone euro vont examiner les possibilités de "contributions volontaires" des banques de leurs pays respectifs pour participer aux efforts d'aide à la Grèce. "Tous les ministres sont d'accord pour voir ensemble avec les représentants des secteurs bancaires et financiers de leurs pays respectifs quelles contributions volontaires les banques" pourraient apporter, a-t-il déclaré.

Les premiers versements devraient donc intervenir d’ici au 19 mai, date d’une échéance importante des autorités grecques pour refinancer la dette de leur pays sur les marchés. En 2010, la Grèce devrait percevoir 45 milliards d'euros de prêts.

Chaque pays apportant une contribution proportionnelle à sa part dans le capital de la Banque centrale européenne, le Luxembourg devrait débloquer un prêt de 75 millions d’euros en 2010 et, sur l’ensemble des trois années, 200 millions d’euros ainsi que l’a précisé Luc Frieden en insistant bien sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une "dépense budgétaire", mais bien d’un prêt qui sera remboursé avec un taux d’intérêt. Au Luxembourg, il est prévu d’informer la Chambre des députés, mais une loi ne sera pas nécessaire pour débloquer l’enveloppe financière prévue et Luc Frieden a d’ailleurs déclaré que le Grand-Duché était prêt à le faire d’ici le 19 mai.

La Grèce se soumet à un programme d’austérité jugé "impressionnant" et "extraordinaire" par Luc Frieden

Le soutien financier de la zone euro est soumis cependant à une forte conditionnalité sur la base d’un programme d’austérité qui a été négocié avec les autorités grecques par la Commission européenne et le FMI, en lien avec la BCE.

Jugé "impressionnant" et "extraordinaire" par Luc Frieden, ce plan imposera à la Grèce de "grands sacrifices" et une "grande épreuve" ainsi que l’a annoncé le Premier ministre grec Georges Papandréou."Ce sont des sacrifices durs, mais nécessaires (...) sans lesquels la Grèce ferait faillite", a-t-il expliqué en annonçant, entre autres, la suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique, et ce y compris pour les retraités, et une nouvelle hausse de la TVA, tandis que les taxes sur les tabacs, les alcools et les carburants vont augmenter pour la troisième fois depuis le début de l’année.

Ce plan de sauvetage d'un montant "sans précédent au niveau mondial", ainsi que l’a souligné Georges Papandréou, a été salué au sein de la zone euro mais aussi outre atlantique, puisque le président américain Barack Obama s'est félicité de "l'ambitieux programme de réforme". Herman Van Rompuy s’est dit quant à lui "convaincu que ce programme solide et ambitieux va permettre à la Grèce de redresser sa situation économique et financière ainsi que sa compétitivité".

Olli Rehn, commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires, a pour sa part expliqué à l’issue de la réunion des ministres des Finances qu’une partie du plan de sauvetage, 10 milliards d’euros, seront assignés "pour un fonds de stabilisation financière, qui sera mis en place si un besoin de stabiliser le secteur bancaire se fait sentir en Grèce".

Au lendemain de cette décision, le 3 mai 2010, la BCE a par ailleurs annoncé qu’elle allait accepter les titres de dette grecque en garantie de ses prêts, quelle que soit leur notation financière, une mesure inédite qui devrait permettre aux banques possédant des obligations grecques de continuer à obtenir du crédit auprès de la BCE malgré la dégradation de leur notation financière.

Commentant la longueur de la procédure qui a conduit à l’activation de ce mécanisme, qu’il explique par "les différences culturelles" entre les pays de la zone euro, les différences entre les procédures parlementaires, et "les explications à donner aux opinions publiques", Jean-Claude Juncker a reconnu "avoir failli perdre patience en cours de route".