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Economie, finances et monnaie
Les ministres des Finances de la zone euro ont précisé les modalités du plan d’aide à la Grèce
Selon Jean-Claude Juncker, "nous sommes désormais opérationnels si le mécanisme devait être activé"
12-04-2010


Convoqués d’urgence pour une réunion qui s’est tenue le dimanche 11 avril par téléconférence, les ministres des Finances de la zone euro ont présenté plus en détail le mécanisme d’aide à la Grèce qui avait été annoncé lors du Conseil européen du 25 mars 2010.

La situation de la Grèce ne s’est en effet pas améliorée, loin s’en faut, à la suite de cette décision de principe, le pays ayant dû faire face à un renchérissement du coût de ses emprunts obligataires. Le taux exigé de la Grèce pour emprunter, que ce soit sur trois ans ou sur dix ans a dépassé les 7 %, et l'agence de notation Fitch a annoncé le 10 avril avoir abaissé encore la note de la dette à long terme du pays. L’objectif de cette réunion d’urgence était donc de "concrétiser les mécanismes d’aide" en vue de rassurer les marchés.

Les ministres des Finances de la zone euro ont discuté sur la base d’un accord technique auquel étaient parvenus le 10 avril de hauts fonctionnaires des ministères des Finances et des directions du Trésor.

Des prêts bilatéraux qui permettraient à la Grèce d'emprunter aux pays membres de la zone euro , la première année du dispositif,  30 milliards d'euros à un taux d'environ 5 %

A l’issue de cette réunion qu’il présidait depuis Bruxelles, le Premier ministre luxembourgeois et chef de file de l'Eurogroupe a annoncé que "les Etats membres de la zone euro vont mettre à disposition" de la Grèce "des fonds via des prêts bilatéraux". Le montant des prêts, auxquels tous les Etats membres de la zone participeront, devraient atteindre 30 milliards d'euros pour la première année de ce plan qui devrait s’étaler sur trois ans. "Les montants pour les années suivantes seront déterminés ultérieurement, en fonction de l'évolution de la situation financière de la Grèce", a ainsi expliqué Jean-Claude Juncker.

Le chiffre devra être complété par le FMI et l’enveloppe globale pourrait atteindre, pour cette première année, 45 milliards d’euros. Les Européens ont en effet indiqué travailler sur une répartition du financement qui ferait que les deux tiers en incomberaient à la zone euro, qui doit être majoritaire, et un tiers au FMI.

Le montant prêté à un taux fixé autour de 5 % est déterminé, pour chaque pays, selon la clé de répartition du capital de la Banque centrale européenne. Le montant que prêterait le Luxembourg serait donc, comme l’a précisé Jean-Claude Juncker avec toutes les réserves de rigueur, d’environ 100 millions d’euros.

La Grèce salue cet accord sans pour autant demander l'activation du mécanisme

"Nous sommes désormais opérationnels si le mécanisme devait être activé", a déclaré Jean-Claude Juncker. Comme il l’a précisé, "aucune décision d'activation" n'a encore été prise et, si le gouvernement grec a salué "le message clair" envoyé par l’Europe qui a pris là "une décision importante pour elle-même", le ministre des Finances grec George Papaconstantinou rappelait le soir même de l'accord ne pas avoir "demandé l'activation du mécanisme bien qu'il soit immédiatement disponible". Le pari fait par le gouvernement grec est en effet de pouvoir se financer en empruntant sur des marchés qui, au lendemain de la décision, semblaient réagir favorablement avec une remontée du cours de l’euro.

En cas de demande de la Grèce, la Commission européenne et la Banque centrale européenne devraient évaluer si la requête est vraiment justifiée. Le dispositif devrait ensuite recueillir l'assentiment de l'ensemble des ministres des Finances de la zone euro pour être activé. Le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, a précisé que, le cas échéant, la mise en application du mécanisme serait "très rapide".

"Personne ne peut jouer avec notre monnaie commune, personne ne peut jouer avec notre destin commun", s’est félicité le Premier ministre grec, Georges Papandréou, qui a ajouté que "l'UE était, est et demeure une communauté de valeurs et d'objectifs communs et de solidarité".

Salué comme une "étape très importante" par Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI, l’accord trouvé à l’unanimité par les ministres des Finances indique, selon la ministre espagnole des Finances Elena Salgado, "un renforcement de la zone euro et souligne le principe de solidarité entre les pays qui la constituent".

Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, s’est pour sa part "félicité" d’un accord qui "rend le mécanisme totalement opérationnel dans des conditions qui devraient contribuer de façon décisive à la stabilité financière de la Grèce et de la zone euro".