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Economie, finances et monnaie
Réforme du FMI et taux de change étaient au programme de Jean-Claude Juncker et Luc Frieden à Washington
09-10-2010


Le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le ministre des Finances Luc Frieden étaient à Washington les 8 et 9 octobre 2010.

Le Premier ministre, en sa qualité de président de l’Eurogroupe, a participé à la réunion des ministres des Finances du G7 au cours de laquelle il a exposé l’analyse de l’Eurogroupe sur la situation économique et financière dans la zone euro et au niveau international.

Jean-Claude Juncker et Luc Frieden, ont assisté ensuite aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.Dominique Strauss-Kahn s'entretenant avec Jean-Claude Juncker en marge de l'assemblée annuelle du FMI (c) IMF photo  / Michael Spilotro

En marge de ces réunions, le Premier ministre a eu des entretiens avec les ministres des Finances américain, Timothy Geithner, le ministre des Finances du Japon, Yoshihiko Noda, et le ministre chinois des Finances, Xie Xuren. Jean-Claude Juncker a également eu une entrevue avec le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn.

Jean-Claude Juncker a en outre prononcé un discours devant le "European Institute" de Washington sur les perspectives de la gouvernance et l’avenir de la zone euro.

En marge de ces réunions, le ministre des Finances, Luc Frieden, a eu pour sa part plusieurs réunions consacrées au développement de la place financière luxembourgeoise.

La situation en Irlande est sous contrôle, assure Jean-Claude Juncker

 A l’occasion d’une conférence de presse tenue à Washington en marge de l’assemblée du FMI, Jean-Claude Juncker a réitéré sa confiance dans la situation de l’Irlande. L’Irlande avait en effet annoncé le 30 septembre dernier qu'elle allait renforcer la capitalisation de son secteur bancaire et que son déficit public atteindrait en conséquence 32 % du PIB au lieu des 11,6 % prévus cette année.

"Je pense vraiment que la situation est sous contrôle et je pense que le gouvernement irlandais a pris les bonnes mesures", a assuré Jean-Claude Juncker. Certes, a-t-il expliqué, "le déficit va atteindre 32 % cette année (...) mais cela va être corrigé au cours de l'année prochaine et le déficit reviendra sous la barre des 10 % en 2011".

Selon Jean-Claude Juncker, les Européens savaient que la Grèce aurait un jour à affronter la crise budgétaire qui l’a frappée

Jean-Claude Juncker a par ailleurs confié le 8 octobre que les Européens savaient "qu'un jour la Grèce devrait affronter" la crise budgétaire qui l'a frappée. "La crise grecque aurait pu être évitée, mais pas en s'y prenant l'année dernière, en s'y prenant il y a deux ou trois décennies", a ainsi déclaré le Premier ministre luxembourgeois.

"Mais il était évident qu'un jour la Grèce devrait affronter ce genre de problème, et je savais que ce problème arriverait parce que nous discutions, les Allemands, les Français, le président Jean-Claude Trichet à la BCE, la Commission européenne et moi-même, des perspectives de ce qui n'était pas alors connu comme ce qu'on a appelé la crise grecque", a-t-il poursuivi. "Je savais, je savais même que la France et l'Allemagne gagnaient d'énormes montants d'argent par (...) leurs exportations vers la Grèce", a avoué Jean-Claude Juncker. Mais "je ne pouvais pas rendre public ce que je savais", a-t-il affirmé. Il a également rapporté avoir tenté de soulever le problème auprès d'un Premier ministre grec qui lui aurait répondu : "Je gouverne un pays de corruption".

Au lendemain de ces déclarations, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, s'est dit "très, très surpris d'entendre cela", mais il n’a pas tenu à ajouter de commentaire à un journaliste grec qui l’interrogeait à ce sujet.

L'ancien Premier ministre grec socialiste Costas Simitis a quant à lui nié le 10 octobre avoir été, des années à l'avance, mis en garde par Jean-Claude Juncker contre la crise financière qui a frappé son pays. Dans des déclarations faites à la télévision publique NET, Costas Simitis a en outre démenti avoir dit à Jean-Claude Juncker qu'il ne pouvait pas faire grand-chose en raison de la corruption régnant en Grèce. "C'est une absurdité", a lancé l’ancien Premier ministre, qui fut à la tête du gouvernement à deux reprises entre 1996 et 2004. "Au cours de mon mandat, le pays présentait une croissance de 5 % et un déficit public de 4 % du PIB. Je n'avais pas de raisons, et n'accepterai pas de discussions sur la question de savoir si mon pays était corrompu ou pas", a ajouté l'ex-Premier ministre.

S’il plaide pour que la zone euro soit, à long terme, représentée par le biais d’un siège unique au FMI, Jean-Claude Juncker estime que céder deux sièges européens serait "suffisant pour le moment"

Un des sujets qui devaient être abordés à l’occasion de l’assemble annuelle du FMI avait fait l’objet de discussions préalables au sein de l’Ecofin informel du 1er octobre dernier. Les ministres des Finances s’étaient entendus pour "commencer les discussions" visant à réexaminer leur présence au sein du conseil d’administration du FMI.

Les 187 Etats membres du FMI doivent en effet s'accorder d'ici à fin janvier 2011 sur une révision des contributions de chacun d'entre eux, les quotes-parts, auxquelles sont liés les droits de vote.

"La révision doit faire en sorte qu'aucun pays ne soit plus mal représenté après la réforme qu'il ne l'était auparavant, et qu'aucun pays surreprésenté ne devienne sous-représenté à cause de la réforme", a affirmé devant le Comité monétaire et financier international, instance chargée d'établir les orientations politiques du FMI, le ministre belge des Finances Didier Reynders qui parlait au nom de la présidence de l'Union européenne.

Aux yeux de Jean-Claude Juncker, la proposition de l’UE de céder deux sièges en faveur des économies émergentes apparaît "suffisante pour le moment". "Il faut laisser aux Européens le temps de s’organiser entre eux" a en effet expliqué à l’agence Reuters le président de l’Eurogroupe. "Nous devons organiser un système de rotation intra-européen", a poursuivi Jean-Claude Juncker en précisant cependant que "nous n’en connaissons pas les détails pour le moment". "Si nous annonçons deux sièges c’est déjà une réforme majeure endossée par les Européens", a jugé le Premier ministre luxembourgeois car il faudra selon lui "des mois, sinon des années avant que nous soyons en mesure de nous mettre d’accord entre nous sur les détails".

Jean-Claude Juncker a pourtant souligné qu’il était "personnellement en faveur d’un siège unique pour la zone euro", car "cela ferait sens" à ses yeux. "Si nous en venions à nous regrouper de la sorte, nous serions de loin l’actionnaire principal, mais les Etats de la zone euro n’envisagent pas cette possibilité à court terme", a-t-il expliqué, convaincu cependant que "sur le long terme, il est évident qu’ils en viendront à la conclusion qu’un siège unique pour la zone euro ferait sens". Car aux yeux de Jean-Claude Juncker, "nous n’y perdrions aucune influence, bien au contraire".

Jean-Claude Juncker, pour qui l'euro apparaît "trop fort", appelle à une paix des monnaies

La question des taux de change a joué le rôle de vedette lors de ces journées de discussions. Jean-Claude Juncker a ainsi concédé que l’euro apparaissait "trop fort". Il a par ailleurs répété, comme il l’avait fait quelques jours auparavant à l’occasion du 3e dialogue macroéconomique zone euro Chine, son insatisfaction à l’égard de l’actuel taux de change de la monnaie chinoise qu’il juge "nettement sous évalué".

Les ministres des Finances du G7 réunis à WashingtonPour autant, "les pays des principales monnaies doivent faire en sorte qu’il n’y ait pas de place pour une guerre des monnaies", a déclaré Jean-Claude Juncker dans un entretien qu’il a accordé le 8 septembre à l’agence de presse Reuters. "Il n’y aurait que des perdants. Je ne vois pas qui gagnerait une guerre des monnaies", a-t-il ajouté.

Jean-Claude Juncker a précisé que le G7 perdait selon lui de son importance en tant que principal organe de discussions sur les changes en faveur du G20. Pour autant, aucune structure ne lui semble idéale pour discuter des taux de change. "Dans le cadre du G20, il y a trop de monde et trop d’intérêts pour permettre d’aboutir à un accord sur les monnaies", a-t-il ainsi estimé. Mais dans la mesure où "aucun débat important sur l’économie et les changes ne peut se tenir sans la Chine", Jean-Claude Juncker a conclu que "le cadre idéal serait le G7 plus la Chine".

Le président de l’Eurogroupe a plaidé pour que "les représentants des trois ou quatre grandes monnaies s’engagent dans des discussions en continu". "Je ne crois pas que le moment soit propice à des accords définitifs", a-t-il précisé.

Mais ce débat sur les taux de change, Jean-Claude Juncker estime qu’il convient d’en débattre "en privé, entre principaux responsables des grandes monnaies". "Je ne crois pas que le taux de change soit un sujet de débat public", a-t-il en effet confié au journaliste qui l’interrogeait, expliquant que "cela ajouterait à la nervosité des marchés [qui] sont déjà très énervés".