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Economie, finances et monnaie
Luc Frieden estime que l’UE devrait être représentée au FMI alors que les ministres des Finances se sont entendus pour "commencer les discussions" visant à réexaminer leur présence au sein du FMI
01-10-2010


A la suite de la réunion de l’Eurogroupe du 30 septembre 2010, les ministres des Finances européens se sont retrouvés pour un Conseil informel qui leur a permis de revenir sur l’examen de la situation de l’économie et de la Les ministres des Finances de l'UE réunis en Conseil informel le 1er octobre 2010 (c) Présidence belge du Conseilcompétitivité au Luxembourg.

Ce fut l’occasion pour Luc Frieden de présenter les derniers chiffres concernant les finances publiques luxembourgeoises : il en ressort que le déficit public devrait se situer à 2,2 % du PIB en 2010, tandis que le taux d'endettement pointerait à 19,2 % du PIB. Mais le Luxembourg doit cependant faire face à des défis importants.

Les ministres des Finances se sont par ailleurs entendu pour commencer les discussions visant à réexaminer leur présence au sein du conseil d’administration du FMI et ils ont annoncé leur volonté de soumettre leurs banques à des tests de résistance réguliers. Taxe bancaire et taxe sur les transactions financières étaient aussi au menu des discussions.

Les ministres des Finances se sont entendu pour "commencer les discussions" visant à réexaminer leur présence au sein du conseil d’administration du FMI

A quelques jours à peine de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI), que devrait occuper la question de la répartition des sièges de son conseil d’administration, les ministres européens des Finances se sont mis d'accord pour "commencer les discussions" visant à réexaminer leur présence au sein de l'instance dirigeante du FMI. Les Etats-Unis plaident en effet pour moderniser l'institution et il sera sans doute question au cours des débats qui se tiendront du 8 au 10 octobre 2010 d’une possible réduction des sièges européens, actuellement au nombre de neuf sur vingt-quatre au total, au profit des pays émergents. Ces derniers se plaignent de ne pas avoir une influence correspondant à leur poids économique grandissant.

"Nous avons un accord pour la discussion au FMI", a ainsi déclaré le ministre belge des Finances Didier Reynders au nom de la Présidence. "Nous allons essayer de commencer maintenant des discussions avec nos  partenaires au Luc Frieden (c) Présidence belge du Conseilsein du FMI, d'abord peut-être les Etats-Unis mais aussi d'autres  partenaires", a-t-il ajouté. Il s'agit de voir "comment il est possible d'organiser une révision des quotas de représentation au conseil d'administration du FMI, en faveur des pays émergents, des pays sous-représentés, mais aussi d'essayer de changer le fonctionnement du conseil d'administration", a-t-il encore précisé.    

Luc Frieden a pour sa part plaidé pour que l’UE soit représentée en tant que telle au sein du FMI. Le ministre des Finances luxembourgeois a en effet dit regretter qu’aucun des grands pays de l’UE ne soit prêt à renoncer à son siège au bénéfice de l’Union. Or, à ses yeux, comme le rapporte Guy Kemp dans le Tageblatt daté du 4 octobre 2010, l’Europe ne pourra être entendue que si elle se montre unie.

Les gouvernements de l'UE veulent tester régulièrement leurs banques

Les ministres se sont aussi entendu pour tester régulièrement la solidité de leurs banques, en renouvelant l'exercice qui avait été fait le 23 juillet dernier. "Il y a un accord au Conseil sur la nécessité d'organiser des tests de résistance réguliers et de publier tous les éléments des tests dans le futur pour les banques", a expliqué Didier Reynders à l’issue de la réunion, précisant bien qu’il ne devait pas s’agir seulement d’un exercice, mais bien d’un "exercice régulier avec une publication des résultats".

Olli Rehn, membre de la Commission européenne en charge des Affaires économiques et financières a insisté sur l’importance de tests réguliers "conduits avec une transparence totale pour avoir leur plein impact", et ce afin de "restaurer la confiance dans le secteur bancaire en Europe et dans sa résistance". "Nous avons besoin de davantage harmoniser la méthodologie et la façon de conduire ces tests" et peut-être choisir "un meilleur moment" qu'un vendredi soir de juillet pour les publier, a-t-il toutefois reconnu.

L’UE veut tenter de coordonner l’introduction de taxes bancaires dans les différents pays européens, tandis que Luc Frieden s’oppose à une telle taxe tant qu’une proposition européenne n’est pas sur la table

Les discussions ont porté par ailleurs à nouveau sur l’introduction de taxes bancaires dans les différents pays européens, la présidence belge ayant annoncé sa volonté de coordonner les actions nationale afin d’éviter, dans la mesure du possible, tout risque de double taxation.

Pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières, pour laquelle l’Autriche a tenu à faire une proposition, un certain nombre de questions techniques doivent encore être résolus comme l’a expliqué Didier Reynders. Et il semble qu’il faudra pour arriver à un accord plusieurs réunions, ce qui fait penser au ministre belge que la taxe sur les transactions financières ne devrait pas faire l’objet d’un accord pendant la Présidence de l’UE qu’assure son pays jusqu’à la fin 2010.

Pour le Luxembourg, une éventuelle taxe doit être modérée, raisonnable et réfléchie, comme le rapporte Léonard Bovy dans la Voix du Luxembourg datée du 2 octobre 2010. Le ministre a par ailleurs expliqué qu’il ne pourrait pas être question d’introduire une taxe bancaire, ni même une taxe sur les transactions financières d’ailleurs, avant que la Commission européenne ne mette sur la table une proposition sur le sujet.

Pour Luc Frieden, l’UE doit faire front commun sur ces questions afin que de telles taxes soient introduites dans toute l’Europe, car il s’agit d’éviter que n’en souffre la compétitivité du Luxembourg. Le ministre luxembourgeois craint par ailleurs que les institutions financières ne répercutent le coût de cette taxe sur les frais payés par les clients, ce qui pourrait avoir une incidence sur l’octroi de crédits.

Pour ce qui est de la régulation des hedge fonds, si aucun accord n’a encore été trouvé, Didier Reynders a fait état de progrès dans les discussions et il a annoncé une réunion avec le Parlement européen le 4 octobre 2010. La principale pierre d’achoppement réside dans les "passeports européens" qui devraient permettre à des fonds établis dans des pays tiers d’obtenir une autorisation qui serait valable pour l’ensemble de l’UE.

Indexation des salaires, dépendance de la place financière et pensions apparaissent comme les trois défis auxquels doit faire face le Luxembourg

Les ministres des Finances des 27 sont revenus par ailleurs sur l’examen de la situation économique et de la compétitivité auquel le Luxembourg avait été soumis pendant la réunion de l’Eurogroupe du 30 septembre.

Ce fut l’occasion pour Luc Frieden de présenter les derniers chiffres concernant les finances publiques luxembourgeoises. Selon les derniers chiffres présentés par le ministre des Finances, le déficit public du pays devrait se situer à 2,2 % du PIB en 2010 (pour l'ensemble de l'Etat), soit quelque 880 millions d'euros. Ce déficit passerait à 4, 1 % du PIB, soit 1,6 milliard d'euros pour l'Etat central. Quant au taux d'endettement, il pointerait à 19,2 % du PIB, soit 7,6 milliards d'euros, toujours en 2010. Des chiffres qui font du Grand-Duché "le bon élève de la classe européenne", comme le souligne Léonard Bovy dans La Voix.

Mais l’examen de la situation a aussi permis de faire le point sur les défis auxquels doit faire face le Luxembourg. Luc Frieden en cite trois.

Le Luxembourg a connu une hausse des rémunérations de 41 % en dix ans - soit dix points d’augmentation de plus que dans la zone euro - ce qui nuit à la compétitivité des entreprises et implique, pour les institutions européennes, une remise en cause de l’indexation automatique des salaires. Comme l’a résumé Luc Frieden, cité par Guy Kemp dans le Tageblatt, "l’indexation automatique n’est pas compatible avec l’Union monétaire", et le ministre des Finances a assuré qu’il prendrait cette analyse "très au sérieux".

L’économie luxembourgeoise est par ailleurs trop dépendante de la place financière et de la manne fiscale qu’elle représente pour l’Etat, une dépendance qui constitue "un risque potentiel" identifié de longue date par le gouvernement qui mise sur une diversification de l’économie du pays.

Enfin, Luc Frieden a fait état des inquiétudes suscitées chez ses homologues européens par le système de pension luxembourgeois dont le financement ne serait pas viable à long terme et qu’il convient donc de revoir d’urgence. Le Luxembourg connaît l’âge moyen de départ à la retraite le plus bas (57 ans) de la zone euro, ce qui n’est pas pour faciliter les choses.

Luc Frieden se montre satisfait des propositions législatives de la Commission concernant la réforme du pacte de stabilité et de croissance

Luc Frieden a par ailleurs fait part au journaliste du Tageblatt de son soutien à la Commission et aux ministres qui appellent à un contrôle des budgets plus stricts. Si les propositions de la Commission du 29 septembre dernier n’étaient pas à l’ordre du jour de ce conseil informel, Luc Frieden, qui reconnaît ne pas avoir encore lu dans le détail les six propositions législatives en question, semble satisfait de ce qu’il a pu en lire.

Le ministre luxembourgeois salue notamment le fait que les pays de la zone euro puissent être pénalisés dans le cas où ils enfreindraient le pacte de stabilité et de croissance. Mais Luc Frieden trouve aussi "juste" de prendre aussi en compte l’endettement des Etats. Quant au caractère automatique des sanctions, il rencontre l’assentiment du ministre qui s’attend cependant à des discussions difficiles sur ce point.