A la fin du mois de septembre 2010, l’Eurogroupe s’est penché, dans le cadre de l’examen des déséquilibres macroéconomiques et de compétitivité dans la zone euro, sur le cas du Luxembourg. A l’issue de cette réunion qui était présidée par Jean-Claude Juncker, Jean-Claude Trichet avait évoqué la question de l’indexation automatique des salaires pratiquée au Luxembourg. "La fin de ce système s’impose parce que dans une zone monétaire unique l’indexation automatique n’est pas une bonne chose", avait notamment déclaré le président de la Banque centrale européenne (BCE) à l’issue de cette réunion.
Le député Gast Gybérien (ADR) s’est saisi du sujet dans une question parlementaire adressée au Premier ministre Jean-Claude Juncker le 7 octobre 2010. Le député voulait connaître la position du Premier ministre et président de l’Eurogroupe, ainsi que celle du gouvernement sur ce point de vue exprimé par le président de la BCE. Gast Gibéryen demandait aussi comment le gouvernement luxembourgeois entendait défendre le principe de l’indexation automatique des salaires au Luxembourg auprès des instances européennes.
Dans sa réponse datée du 24 novembre 2010, Jean-Claude Juncker rappelle que le président de la BCE n’a de cesse, et ce depuis plusieurs années, de répéter qu’une indexation automatique des salaires a pour conséquence une hausse de l’inflation. Son avis est d’ailleurs partagé par nombre d’autres banquiers centraux (en premier lieu Yves Mersch, le président de la BCL, n.d.l.r.), ainsi que par la plupart des ministres des Finances de la zone euro, comme ne manque pas de le préciser le Premier ministre.
"Le gouvernement luxembourgeois est aussi d’avis qu’une inflation trop haute combinée avec une indexation automatique des salaires a une influence négative sur l’économie luxembourgeoise", poursuit Jean-Claude Juncker. C’est d’ailleurs pourquoi le ministre des Finances a clairement dit pendant la réunion de l’Eurogroupe que la lutte contre l’inflation comptait parmi les premières priorités du gouvernement luxembourgeois et qu’il était prévu de négocier avec les partenaires sociaux une modulation de l’indexation des salaires dans le cas où l’inflation du Luxembourg risquerait de rester plus élevée que celle des pays voisins.
Jean-Claude Juncker précise bien cependant que le gouvernement n’a pas l’intention de mettre fin au système d’indexation automatique des salaires. Et il rappelle aussi que l’Eurogroupe ne peut pas l’y contraindre.
En tant que président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a tenu à insister néanmoins sur la nécessité d’une amélioration de la compétitivité du Luxembourg et des autres pays de la zone euro, un message que l’Eurogroupe a fait sien de longue date.