Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie
"Je suis convaincu que les délais de maturité de la dette grecque doivent être allongés", a déclaré Jean-Claude Juncker à Athènes
Le pacte de compétitivité proposé par l’Allemagne ? "Un bébé qui ne peut pas être aimé avant d'être né", selon le président de l’Eurogroupe
08-02-2011


Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, a rencontré le 8 février 2011, à l’occasion d’une visite de travail en Grèce, Georges Papandreou, le Premier ministre grec, Dimitrios Droutsas, le ministre grec des Affaires étrangères, ainsi que le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.

Les discussions ont essentiellement porté sur la situation financière, budgétaire et sociale de la Grèce, ainsi que sur les discussions en cours au niveau de l'Eurogroupe et de l'Union européenne concernant l'amélioration de la gouvernance économique.Georges Papandreou et Jean-Claude Juncker à Athènes le 8 février 2011 (c) SIP - Kostas Kostakis

Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker a tenu à apporter son soutien au peuple grec et sa confiance dans le fait que "l'euro va survivre" et que "la Grèce sera parmi les survivants".

"Je sais très bien que beaucoup de Grecs regardent vers l'avenir avec un sentiment d'anxiété et d'inquiétude", a déclaré Jean-Claude Juncker devant la presse, ajoutant à leur adresse que "la génération grecque actuelle doit payer un prix qui est lourd, mais elle ne le fait pas sans perspective d'une vie meilleure pour ceux qui font partie des générations montantes".

"Je constate que le gouvernement a pris des mesures sérieuses, conséquentes, et cohérentes", a réitéré Jean-Claude Juncker qui s’est "très satisfait des efforts du gouvernement et du peuple grec" pour faire face à la crise conformément aux conditions fixées par le FMI et les pays de la zone euro lors de l’octroi de l’aide financière sur laquelle ils se sont entendus en mai 2010.

Le Premier ministre luxembourgeois a par ailleurs confirmé que l'Eurogroupe allait répondre de "façon positive aux desiderata grecs" concernant un prolongement des délais de maturité de la dette grecque. "Je suis convaincu (…) que les délais de maturité de la dette grecque doivent être allongés", a-t-il indiqué, et ce alors que le FMI a annoncé la semaine dernière qu'il pouvait allonger l'échéance du remboursement du prêt qu'il a consenti à la Grèce, prévu actuellement pour 2015, mais pas au-delà de 2020. Jean-Claude Juncker n’a pas exclu de considérer une extension du délai de paiement à 30 ans si l’Allemagne ne s’y opposait pas, la question devant être discutée au sein de l’Eurogroupe. Il s’est montré ouvert aussi à l’idée d’un rachat de la dette par la Grèce.

L’idée est soutenue par certaines chancelleries et le ministre des Finances des Pays-Bas, Jan Kees, a ainsi évoqué dans un entretien accordé à Reuters un délai de sept ans plutôt que les trois ans prévus actuellement, mais sans baisse des taux d’intérêt.

En décembre dernier lors d'une visite à Athènes, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avait indiqué que l'UE était prête à voir favorablement l'allongement des durées du remboursement du prêt accordé à la Grèce.

Jean-Claude Trichet, président de la BCE qui s’exprimait devant la commission Affaires économiques du Parlement européen en tant que président du Comité européen des risques systémiques (CERS), a fait preuve le 7 février 2011 de plus de réticence à cette idée lorsqu’elle a été évoquée par les eurodéputés.  

"Mon message est simple. Il faut appliquer les programmes. Ce message s'adresse au gouvernement grec, mais aussi à l'Irlande, afin de retrouver une crédibilité. Cela prend du temps", a déclaré le président de la BCE en réponse en soulignant que ce sont les "investisseurs de long terme qui perdent de l'argent si l'on pratique des décotes", tandis que "ceux de court terme gagnent de l'argent".

Le président de la BCL, Yves Mersch, s’était opposé cette idée dès le mois de septembre 2010.

Revenant sur le pacte de compétitivité proposé par l’Allemagne avec le soutien de la France et discuté lors du Conseil européen du 4 février dernier, Jean-Claude Juncker a expliqué y être favorable, en précisant cependant que "nous ne connaissons pas les détails". "C'est un bébé qui ne peut pas être aimé avant d'être né", a-t-il conclu au sujet de ce projet "en gestation".