Alors que la question des demandeurs d’asile venus de Serbie est en bonne place dans le débat public luxembourgeois et que la question de l’afflux de migrants en provenance de la rive Sud de la Méditerranée a occupé les ministres européens en charge de l’Immigration lors du Conseil JAI qui s’est tenu le 11 avril 2011 à Luxembourg, l’ASTI s' inscrit en faux contre "les discours de la peur" qui sont brandis.
L’ASTI commence son communiqué diffusé le 13 avril 2011 en faisant une mise au point sur la distinction entre demandeurs d’asile et migrants économiques.
"Venir en Europe en tant que demandeur d'asile pour demander la protection internationale veut dire qu'on est menacé pour des raisons liées à son origine nationale, religieuse, son appartenance à un groupe social ou son orientation sexuelle", expliquent les auteurs du communiqué qui précisent que c’est le cas "pour les réfugiés en provenance de Libye qui se trouvent à Malte ainsi que des minorités Rom de Serbie qui sont venues au Luxembourg". L’ASTI rappelle qu’une analyse au cas par cas de leur demande doit être garantie dans le cadre de la convention de Genève. "Seuls les résultats de cette analyse permettent de dire si ces personnes sont bien des réfugiés politiques ou non", souligne l’association.
"Venir en Europe comme migrant économique c'est autre chose", poursuivent les auteurs du communiqué : "C'est vouloir chercher un emploi pour assurer une existence meilleure à soi et à sa famille". L’ASTI ne manque d’ailleurs pas de rappeler que "souvent ces migrants envoient des sommes importantes dans leur pays d'origine ce qui permet à leur famille de vivre dignement".
"Dans le débat mené actuellement au niveau européen et au Luxembourg autour de l'afflux de réfugiés, on fait certes la différence entre ces deux cas de figure mais on attise les peurs, le sentiment d'être submergé de personnes prédomine", constatent les représentants de l’ASTI.
Or, rappellent-ils, "pour le seul conflit libyen 448 000 personnes ont trouvé refuge en Tunisie et en Égypte", deux pays confrontés à des problèmes économiques bien plus importants que l'Europe, comme ils le font remarquer.
"Limiter la discussion aux seules questions du confinement de ces personnes à l'Italie et au refoulement aux frontières de l'Europe des migrants tunisiens est dangereux", dénonce l’ASTI qui estime que "ce discours érige l'Europe en une forteresse toujours plus sécurisée". "La question de la solidarité entre les peuples n'est guère abordée", déplore l’association qui rappelle que l’argent envoyé par les migrants à leur famille représente "une aide économique efficace et bien plus importante que les aides au développement promues par les pays européens".
"Au Luxembourg les structures d'accueil des demandeurs d'asile sont saturées parce qu'elles regorgent de personnes dont la procédure d'asile n'a pas abouti", explique l’ASTI qui regrette que "ces personnes restent à attendre depuis des années un hypothétique retour ou une possibilité de rester".
"Pourquoi ne pas leur donner la possibilité de trouver un emploi afin de leur permettre de construire un avenir meilleur pour eux et leur famille au Luxembourg ?", demandent les responsables de l’association qui estiment qu’ils pourraient de la sorte "se prendre en charge eux-mêmes et ne plus dépendre de l'État luxembourgeois", ce qui "dégagerait des places pour de nouveaux réfugiés".
"Il faut que les discours de la peur cessent, que des exemples de bonnes pratiques prennent le relais", plaide l’ASTI qui juge qu’une "solution doit être européenne, mais doit se faire dans l'esprit de solidarité entre les peuples afin que les valeurs de nos démocraties y gagnent contre le populisme, l'obscurantisme". "Les êtres humains qui se sentent en insécurité ou en danger dans leur pays, partent de chez eux pour trouver un avenir meilleur. Cela a toujours été le cas et le restera toujours", constatent les auteurs du communiqué qui concluent que "si l'Europe veut être une forteresse en leur interdisant l'entée, la conséquence logique sera l'immigration clandestine, beaucoup moins facile à gérer".