Les journalistes Jakub Adamowicz et Laurent Zeimet se sont entretenus avec le président de la Chambre des députés, Laurent Mosar, au sujet du rôle de la Chambre dans la politique européenne.
Dans cet entretien publié dans le Luxemburger Wort daté du 23 avril 2011, Laurent Mosar s’inquiète de "l’acrimonie" qui règne en raison de la crise européenne de la dette. "Je suis d’avis que nous ne pouvons nous passer de prévoir une meilleure implication des parlements nationaux dans le mécanisme européen de stabilité", explique Laurent Mosar qui imagine qu’un organe parlementaire pourrait suivre les affaires traitées au sein de l’Eurogroupe et garantir de la sorte une information en simultanée ainsi que plus de transparence sur les prises de décisions des Etats de la zone euro. "Les parlementaires ne peuvent expliquer aux citoyens comment les décisions ont été prises que s’ils en sont informés", plaide Laurent Mosar qui reconnaît qu’au Luxembourg, la Chambre est plutôt bien informée de ce qui se passe. Mais, au-delà du Grand-Duché, Laurent Mosar met en garde, car "manque d’information ou de transparence ne font qu’apporter de l’eau au moulin des eurosceptiques".
L’enthousiasme des citoyens pour les affaires européennes, que beaucoup espéraient voir croître grâce au débat à la suite du référendum de 2005, a-t-il pu être réveillé ces dernières années ? Laurent Mosar souligne les efforts faits dans ce sens, mais il rappelle aussi les nouveaux défis apportés par la crise économique et financière entre temps. "Quand il faut décréter des programmes d’austérité, cela ne suscite pas forcément l’enthousiasme", note le président de la Chambre qui relève qu’une vision ou un grand projet capables de susciter l’enthousiasme des citoyens font défaut à une Europe qui se concentre ces derniers temps surtout sur la gestion de crise.
"Ce qui m’inquiète, c’est l’acrimonie croissante en raison de la crise européenne de la dette", ajoute Laurent Mosar qui explique que nombre de citoyens n’arrivent pas à comprendre que leurs impôts servent à venir au secours d’Etats qui n’ont pas respecté les règles du jeu par le passé.
Le député fait aussi part des doutes exprimés par certains de ces collègues européens au sujet de la procédure du mécanisme européen de stabilité, certains regrettant que les parlements nationaux ne soient pas mieux impliqués. "Je suis d’avis que nous ne pouvons nous passer de prévoir une telle implication dans le mécanisme européen de stabilité", déclare d’ailleurs Laurent Mosar qui imagine qu’un organe parlementaire pourrait suivre les affaires traitées au sein de l’Eurogroupe et garantir de la sorte une information en simultanée ainsi que plus de transparence sur les prises de décisions des Etats de la zone euro.
"Les parlementaires ne peuvent expliquer aux citoyens comment les décisions ont été prises que s’ils en sont informés", s’explique Laurent Mosar qui reconnaît qu’au Luxembourg, la Chambre est plutôt bien informée de ce qui se passe par le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le ministre des Finances, Luc Frieden. Son propos va en effet "au-delà du Luxembourg", car il convient selon lui "de ne pas laisser le champ libre aux eurosceptiques". Or, plaide Laurent Mosar, "manque d’information ou de transparence ne font qu’apporter de l’eau à leur moulin".
"Nous devons expliquer au citoyen que dans le monde interconnecté dans lequel nous vivons, une solidarité financière entre Etats membres de la zone euro est incontournable", poursuit le député qui voit dans le soutien à ces Etats la protection de la zone euro. A ses yeux, ne pas participer à une des actions de soutiens aurait pour conséquence certaine des difficultés pour certaines banques, ce qui pourrait être source d’une nouvelle crise financière. "Si nous agissons, c’est aussi dans notre propre intérêt", résume ainsi le président de la Chambre.
Pour ce qui est du semestre européen et des craintes exprimées par certains députés à l'idée de perdre la main sur la politique budgétaire, Laurent Mosar se veut serein. "Je crois que Bruxelles va agir prudemment, de façon à ne pas irriter les parlements", estime-t-il en effet, ajoutant que l’on ne saurait se plaindre que le respect des critères liés à l’euro ne fait pas l’objet de contrôles assez stricts et critiquer ensuite l’introduction d’une procédure de contrôle. "Nous devons attendre de voir comment le semestre européen fait ses preuves et réagir ensuite en fonction", plaide le président de la Chambre.
Le président de la Chambre fait ensuite le point sur le travail mené à la Chambre depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, les parlements nationaux étant depuis invités à vérifier toutes les initiatives de la Commission bien plus en amont. "En cas de doutes, nous en parlons en commission", explique Laurent Mosar qui rappelle que la Chambre a déjà transmis cinq avis dans le cadre du contrôle de la subsidiarité. Les députés luxembourgeois ont aussi mis en doute à cinq reprises la nécessité politique de mesures. "Nous pouvons donc déjà agir", conclut le président de la Chambre.
Mais comme le souligne les journalistes, un veto luxembourgeois ne suffit pas. Laurent Mosar indique ainsi faire des efforts pour coopérer avec d’autres parlements nationaux. "Naturellement, ce n’est pas toujours simple, car les intérêts des différents Etats membres de l’UE divergent fortement", reconnaît-il avant de préciser qu’il y a toujours des domaines dans lesquels l’entente règne avec d’autres Parlements nationaux, et c’est donc avec eux qu’il s’agit de prendre contact. "Notre parlement soigne depuis toujours ses relations avec les autres pays européens et leurs parlements, en particulier avec les Etats membres les plus petits", souligne Laurent Mosar.
C’est sans compter les efforts faits pour travailler de concert avec les eurodéputés luxembourgeois qui participent, dans la mesure du possible, aux réunions du lundi de la commission Affaires étrangères, mais aussi, ponctuellement, aux réunions d’autres commissions. Quant les agendas chargés des parlementaires européens le leur permettent. Laurent Mosar entend par ailleurs renouveler dans les prochains mois l’expérience menée le 21 mars dernier, lorsque se sont réunis dans les locaux de la Maison de l’Europe élus de la Chambre, eurodéputés luxembourgeois et la commissaire Viviane Reding.