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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Dans une tribune publiée dans le Tageblatt, Claude Turmes et François Bausch se disent favorables à une annulation partielle de la dette grecque et plaident pour une plus grande harmonisation en matière fiscale
30-05-2011


Dans une tribune publiée en deux parties dans les éditions du Tageblatt datées du 28 et du 30 mai 2011, l’eurodéputé Claude Turmes et le député François Bausch, chef de la fraction des gréng à la Chambre, lancent un vibrant plaidoyer en faveur de la solidarité européenne et proposent des solutions à la crise de la dette que connaît l’Europe, et tout particulièrement la Grèce. tageblatt

Les deux parlementaires appellent notamment à une annulation partielle de la dette grecque qui permettrait de dégrever le déficit budgétaire grec et de donner plus de marge au gouvernement pour relancer l’économie. S’ils plaident pour une meilleure régulation des marchés financiers et pour un gouvernement économique de la zone euro, les deux écologistes affichent aussi leur plein soutien à l’idée portée par Jean-Claude Juncker de créer une agence européenne de la dette. Mais François Bausch et Claude Turmes estiment encore que "la solidarité européenne doit jouer aussi dans les questions fiscales" et ils se disent donc en faveur d’une plus grande harmonisation en matière fiscale, notamment en ce qui concerne l’imposition des sociétés.

"Les Grecs ont été obligés de payer un facture qui est due en partie aux insuffisances de la politique économique et financière européenne"

"La crise de la dette dans l’UE n’est pas sous contrôle", constatent les deux parlementaires écologistes un an après la mise en place du plan d’aide octroyé à la Grèce. Ainsi, notent-ils, "le programme d’assainissement qui a été prescrit à la population grecque il y a un an n’a pas vraiment réduit le déficit public". Pourtant, les deux parlementaires relèvent que le pouvoir d’achat de ceux qui ont des revenus moyens ou bas a lui été massivement grevé du fait des mesures introduites par le gouvernement grec. Pour Claude Turmes et François Bausch, "les Grecs ont été obligés de payer un facture qui est due en partie aux insuffisances de la politique économique et financière européenne".

A leurs yeux, la crise de la dette a en effet été rendue possible par une répartition "brutale" des revenus dans l’UE au profit de pays excédentaires comme l’Allemagne et le Luxembourg qui ont trouvé dans les pays déficitaires des possibilités de placement pour leurs liquidités. "Un jeu qui a profité des années durant aux gouvernements et aux banques", jugent les deux parlementaires qui constatent que, maintenant que la confiance dans la solvabilité des emprunteurs publics s’est envolée, les primes de risque continuent de rapporter beaucoup aux créanciers, ce qui entraîne les emprunteurs toujours plus profondément dans la crise.

Si François Bausch et Claude Turmes reconnaissent la responsabilité qui revient à l’Espagne, à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal, qui, des années durant, ont vécu "au dessus de leurs moyens", les deux parlementaires jugent que les mesures de lutte contre la crise menées par les gouvernements européens n’auront été un succès que de courte durée et qu’elles n’ont rien réglé aux causes de la crise.

"En tentant désespérément de maintenir la solvabilité de quelques membres, les pays de la zone euro saignent à blanc leurs populations, mais épargnent en revanche les créanciers et les fraudeurs qui ont contribué au fil des ans à construire cette monumentale bulle du crédit", estiment les deux parlementaires. Pour eux, les plans de privatisation prévus au Portugal et en Grèce sont "contre-productifs".

Selon Claude Turmes et François Bausch, une annulation partielle de la dette grecque dégrèverait le déficit budgétaire grec et donnerait plus de marge au gouvernement pour relancer l’économie

François Bausch et Claude Turmes relèvent tant le risque d’une accentuation de la crise sociale liée à des politiques d’austérité qui se font au détriment des revenus petits et moyens, que le risque d’un affaiblissement de la cohésion de la zone euro si les revenus du capital restent épargnés par les solutions, ou encore le risque du recours à un discours aux accents populistes de la part des gouvernants.

Quant à la situation en Grèce, selon leur analyse, même si le plan d’aide financier peut aider le pays à garder la tête hors de l’eau, il faudrait qu’il investisse environ un quart de sa force économique à l’amortissement de sa dette.

Pour eux, la solution est d’annuler une partie de la dette grecque. Cela dégrèverait le déficit budgétaire et le gouvernement aurait plus de marge dans le temps pour relancer l’économie. Certes, reconnaissent les deux députés, les banques européennes en ressentiraient les conséquences dans leurs bilans, mais ils rappellent aussi les excellents résultats des grandes banques allemandes et françaises ces deux dernières années.

Les marchés financiers pourraient craindre qu’une telle démarche ne laisse présager des annulations similaires au Portugal et en Irlande, ajoutent les deux parlementaires. Mais ils soulignent aussi que les pays bénéficiaires de plans d’aide européens actuellement représentent à eux trois que 8 % de l’économie européenne et leurs dettes cumulées 7 % de l’ensemble de la dette européenne. Conclusion des deux parlementaires : "la survie de l’euro ne serait pas menacée, si tous les pays agissaient de façon solidaire".

Les deux parlementaires affichent leur plein soutien à l’idée portée par Jean-Claude Juncker de créer une agence européenne de la dette

C’est sans compter la nécessité d’une meilleure régulation des marchés financiers car selon eux, les attaques continues des marchés sur les Etats souverains proviennent de faiblesses structurelles de la gouvernance de l’Euro. Les ventes à découvert doivent être interdites, les règles encadrant les bonus et la surveillance des banques doivent elles être renforcées.

A moyen terme, parmi les mesures qui devraient permettre, selon Claude Turmes et François Bausch, de "construire une Europe meilleure, plus forte et surtout plus sociale", l’idée émise par Jean-Claude Juncker de créer une agence de la dette européenne pouvant émettre des obligations européennes au nom de tous les pays de la zone euro rencontre le plein soutien des deux parlementaires.

Claude Turmes et François Bausch en appellent aussi à une meilleure intégration politique de la zone économique. "Nous avons besoin d’un gouvernement économique implanté auprès de la Commission européenne, qui travaillerait sous le contrôle du Parlement européen et en étroite concertation avec les parlements nationaux", plaident les deux parlementaires qui estiment que ce gouvernement devrait "ne pas faire le choses à moitié en matière de politiques fiscale et sociale". 

"La solidarité européenne doit jouer aussi dans les questions fiscales"

Les deux parlementaires insistent notamment sur la directive sur la fiscalité de l’épargne ainsi que sur l’introduction d’une assiette commune pour l’impôt pour les sociétés. Sur ce dernier point, qui vient de faire l’objet d’une proposition de la part de la Commission, il s’agit, selon Claude Turmes et François Bausch, d’éviter la double imposition d’entreprises mais aussi de limiter le dumping fiscal en Europe. Cela permettrait aussi d’éviter que des entreprises transnationales ne continuent à faire jouer les uns contre les autres les systèmes fiscaux des différents Etats pour échapper à l’imposition.

"Nous avons besoin d’une harmonisation de l’impôt européen sur les sociétés à haut niveau qui permette de garantir les ressources publiques", plaident les deux écologistes qui estiment que "la crise de la dette européenne n’est pas seulement une crise liée à des dépenses trop élevées, mais surtout une crise liée à des recettes trop basses en raison d’une imposition insuffisante des hauts revenus et des revenus du capital".

C’est là "la pierre angulaire d’une Europe sociale", selon Claude Turmes et François Bausch qui estiment que "la solidarité européenne doit jouer aussi dans les questions fiscales".