Le 15 septembre 2011, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a répondu à une série de questions en relation avec ses fonctions de président de l’Eurogroupe qui lui ont été posées le 10 mai 2011 par le député ADR Fernand Kartheiser dans le cadre d’une question parlementaire.
Ainsi, Fernand Kartheiser souhaite savoir, en relation avec la réunion au château de Senningen du 6 mai 2011 sur l'euro, "et plus particulièrement sur la situation de la Grèce", qui avait déclenché une tempête médiatique, "qui a pris l'initiative" de la tenue de cette réunion et s'il est "exact que cette idée a été lancée par Madame Christine Lagarde, ministre française des Finances".
Jean-Claude Juncker écrit dans sa réponse qu’il lui "tient à cœur" de s'excuser auprès de Fernand Kartheiser "de répondre avec un retard excessivement long à la question posée en date du 10 mai 2011". Il écrit ensuite : "L'initiative pour la réunion du 6 mai 2011 a été prise par Madame Christine Lagarde en sa qualité de Président en exercice du G7/G20 des Ministres des Finances."
Dans une deuxième question, Fernand Kartheiser constate que "le Luxembourg s'oppose par principe à des réunions restreintes, par exemple dans le format G4, et insiste régulièrement sur un traitement égal de tous les États conformément au droit international et aux Traités européens". Il demande ensuite au Premier ministre "pourquoi il a dérogé à cette règle pour privilégier les grands États membres de la zone Euro par rapport aux autres". Il se demande si le Premier Ministre "ne craint pas qu'une telle manière de procéder nuise aux intérêts luxembourgeois dans d'autres enceintes en 'légitimant' en quelque sorte la marginalisation des moyens et petits Etats". Il veut ensuite savoir "quels étaient les critères objectifs pour sélectionner les participants à la réunion de Senningen".
"La réunion du 6 mai 2011", lui répond Jean-Claude Juncker, "a réuni les membres européens (zone euro) du G7/G20-Finances, en l'occurrence Allemagne, France, Espagne, Italie, Commission européenne, Banque centrale européenne et Président de l'Eurogroupe". "La réunion a été organisée dans la foulée des réunions annuelles du Fonds monétaire international, du G7-Finances et du G20-Finances qui ont eu lieu à Washington le 14-16 avril 2011", poursuit-il, précisant que "lors de ces réunions, les partenaires non-européens avaient exprimé certaines critiques à l'égard de la gouvernance économique en Europe, et notamment en ce qui concerne la gestion de la crise de la dette de souveraine". La réunion a donc été "convoquée pour apporter une réponse européenne concertée à ces critiques et pour informer le Gouvernement grec, par l'intermédiaire de son Ministre des Finances, de ces critiques", explique Jean-Claude Juncker. Ce qui explique que "la réunion du 6 mai 2011 n'était donc pas une réunion de l'Eurogroupe en format restreint". "Je continue à m'opposer à toutes sortes de réunions 'européennes' en format restreint et auxquelles les 17 membres de la zone euro ou les 27 membres de l'Union européenne ne soient pas tous invités ou consultés", précise par ailleurs le président de l'Eurogroupe.
Fernand Kartheiser constate ensuite que "dans d'autres pays européens membres de la zone Euro, comme par exemple aux Pays-Bas, en Autriche et en Finlande, d'éminents hommes politiques se sont montrés irrités du fait que leur pays respectif n'a pas été invité à ladite réunion." Il se demande si Premier Ministre "ne craint pas que son comportement en qualité de Président de l'Eurogroupe puisse nuire aux relations bilatérales entre le Luxembourg et ces pays".
"Je ne partage pas ces craintes pour les raisons exprimées supra", lui répond Jean-Claude Juncker.
Le 10 mai 2011, Fernand Kartheiser voulait savoir si Jean-Claude Juncker sera "encore candidat à la Présidence de l'Eurogroupe en 2012".
Jean-Claude Juncker lui répond le 15 septembre 2011 : "Je me formerai une opinion sur cette question lorsqu'elle sera d'actualité, c'est-à-dire vers la moitié de l'année 2011, et je le ferai à la lumière des évolutions qu'auront connues les règles entourant la gouvernance de la zone euro d'ici-là."
Dans une autre question, Fernand Kartheiser se demande si le Premier Ministre est "conscient que les faux démentis apportés par le Gouvernement luxembourgeois dans le contexte de la réunion de Senningen ont nui à sa crédibilité comme à celle du Gouvernement et de la politique en général". Il se demande si Jean-Claude Juncker n’estime pas "qu'une politique d'information respectueuse de la vérité est la seule option valable pour un Gouvernement d'un État de droit".
Jean-Claude Juncker lui répond de la manière suivante : "J'estime que la politique d'information des gouvernements et des institutions internationales doit être respectueuse de la vérité. En même temps, je rends attentif au fait que des informations sorties de leur contexte spécifique ou des fausses nouvelles (comme, par exemple, l'information parue le 6 mai 2011 sur le site Internet de 'Der Spiegel' sur une sortie de la Grèce de la zone euro) risquent de perturber sérieusement les marchés financiers et de déstabiliser des économies nationales et l'économie européenne voire internationale et qu'il convient dès lors de faire un usage responsable des informations dûment vérifiées."
Dernière question de Fernand Kartheiser : "Monsieur le Premier Ministre est cité dans la presse avec des déclarations tendant à justifier le mensonge en politique. Quelle est la position du Premier Ministre sur l'utilisation du mensonge comme moyen politique ?"
Réponse de Jean-Claude Juncker : "La citation à laquelle fait référence l'Honorable Député est sortie de ce contexte spécifique (cf. supra.). J'estime en effet que l'utilisation du mensonge est inadmissible en politique."