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Economie, finances et monnaie
L’Eurogroupe a avancé dans ses discussions sur l’accord du 21 juillet : un accord a pu être trouvé au sujet des garanties collatérales exigées par la Finlande tandis que la mise en œuvre des modifications de l’EFSF progresse
03-10-2011


Réunis à Luxembourg le 3 octobre 2011, les ministres des Finances des pays membres de la zone euro ont fait le point sur la situation budgétaire et financière de la Grèce avant de poursuivre leurs discussions sur la mise en œuvre des décisions du 21 juillet 2011.

La décision de l’Eurogroupe concernant le versement de la nouvelle tranche de l’aide à la Grèce sera prise courant octobre, dès que le rapport de la troïka sera disponible

Jean-Claude Juncker, qui a présidé cette réunion, a salué tout d’abord les mesures complémentaires de consolidation budgétaire qui viennent d’être décidées par la Grèce, y voyant "un signal fort de l’engagement de la Grèce" à remplir les conditions prévues dans le cadre du plan d’aide à la Grèce mis en place en 2010. Il a par conséquent appelé les autorités grecques à mettre ces mesures en œuvre rapidement. Mais il les a aussi appelées à trouver un accord avec la troïka, qui est actuellement à Athènes, sur les mesures de consolidation supplémentaires qui sont nécessaires pour combler le déficit budgétaire d’ici 2014. "Nous avons également pressé le pays d'accélérer ses privatisations dans l'immobilier" notamment, a poursuivi Jean-Claude Juncker.Jean-Claude Juncker rendant compte à la presse des travaux de l'Eurogroupe le 3 octobre 2011 (c) Conseil de l'UE

Au niveau de l’Eurogroupe, les discussions sur le versement de la sixième tranche de l’aide à la Grèce auront lieu dès que les rapports d’évaluation de la troïka seront disponibles. Mais, dans la mesure où ces rapports ne seront très probablement pas prêts pour le 13 octobre, la réunion de l’Eurogroupe qui avait été envisagée à cette date est annulée. "Malgré ce changement, la Grèce est en position de remplir ses obligations financières", a assuré Jean-Claude Juncker, annonçant une décision courant octobre, alors que la Grèce n’aura pas besoin du versement de cette tranche avant la mi-novembre. "Tout sera fait pour éviter un défaut", a rappelé Jean-Claude Juncker qui a démenti formellement toute rumeur sur un défaut de la Grèce ou une sortie de ce pays de la zone euro, scénarios que "personne n’envisage".

Interpellé par une journaliste, Jean-Claude Juncker a redit une fois de plus combien il pensait "aux citoyens grecs ordinaires qui souffrent beaucoup des sacrifices considérables qu’on leur demande". "Je ne voudrais pas que la crise se transforme en front de refus social, puis en refus de notre modèle économique", s’est en effet inquiété Jean-Claude Juncker qui s’est dit habité par un double souci : la consolidation budgétaire et le respect des citoyens grecs.

Deux parlements doivent encore ratifier les modifications de l’EFSF qui devrait être doté de ses nouveaux instruments pour le Conseil européen

Pour ce qui est du suivi des décisions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement le 21 juillet 2011, Jean-Claude Juncker a salué tout d’abord les progrès rapides faits pour ratifier dans les Etats membres les modifications qui vont "renforcer la puissance de feu et la flexibilité de l’EFSF". Seuls deux parlements nationaux doivent en effet encore Luc Frieden en discussion avec François Baroin et Elena Salgado lors de l'Eurogroupe du 3 octobre 2011 (c) Conseil de l'UEratifier ces modifications, à savoir les parlements néerlandais et slovaque. D’après le président de l’Eurogroupe, qui s’est montré d’autant plus satisfait que les choses n’étaient pas aisées dans certains Etats membres, ce devrait être fait à la mi-octobre, de façon à ce que l’EFSF soit doté de ses nouveaux instruments pour le Conseil européen.

Jean-Claude Juncker a par ailleurs fait état de bons progrès au cours des discussions plus techniques concernant les nouveaux instruments dont sera doté l’EFSF, notamment la possibilité de recapitaliser des institutions financières et de prévoir des lignes de crédit pour des Etats membres qui en auraient besoin.

Une première discussion a aussi été lancée sur les moyens à mettre en œuvre pour augmenter l’efficacité de l’EFSF : il va s’agir en effet d’utiliser plus efficacement les ressources et les instruments de l’EFSF à partir du moment où les modifications de ce fonds auront été ratifiées. Un sujet qui sera abordé lors du prochain Eurogroupe. "En aucune façon, nous ne devrions augmenter le volume financier de ce Fonds", a précisé cependant Jean-Claude Juncker.

Un accord sur les garanties collatérales a pu être trouvé : il est ouvert à tous mais le prix à payer est tel que seule la Finlande, qui le demandait, devrait y recourir

"Après une longue méditation", le président de l’Eurogroupe a pu annoncer un accord sur la question épineuse des garanties collatérales requises par la Finlande. Un accord détaillé par le directeur de l’EFSF, Klaus Regling, qui avait été chargé par Jean-Claude Juncker de le négocier. Selon Olli Rehn, qui s’est montré soulagé que ce sujet soit évacué de l’ordre du jour, l’accord est "équilibré". Mais il est aussi complexe, ainsi que l’a décrit Klaus Regling. L’accord devait en effet répondre à plusieurs objectifs, à savoir ne pas avoir pour conséquence une augmentation du déficit grec, éviter tout flux financier direct entre la Grèce et la Finlande et ne pas poser de problème en termes de gouvernance. En fin de compte, l’accord est en principe ouvert à tous les Etats membres. Mais le prix à payerOlli Rehn, Jean-Claude Juncker et Klaus Regling à l'issue de l'Eurogroupe du 3 octobre 2011 (c) Conseil de l'UE pour ces garanties collatérales est tel qu’a priori, seule la Finlande devrait y recourir. En contrepartie de ces garanties, il va en effet falloir notamment payer sa part de capital à l’ESM en une seule tranche la première année, voir réduit le profit fait sur l’EFSF ou encore accepter qu’en cas de défaut, les garanties ne soient versées qu’à la maturité prévue du prêt. "Il est peu probable que d’autres pays le demandent", a conclu Klaus Regling, ce qu’a confirmé Jean-Claude Juncker.

"Concernant l'implication du secteur privé, nous devons prendre en compte le fait que nous avons connu des changements depuis la décision du 21 juillet", a confié par ailleurs Jean-Claude Juncker à la presse, sans vouloir donner plus de détails sur ce sujet qui est en discussion.

Sur la question du renforcement de la gouvernance économique, sujet qui sera à l’ordre du jour du prochain Conseil européen, les ministres des Finances n’ont pas eu de temps pour en discuter, mais, ainsi que l’a précisé Jean-Claude Juncker, le travail se poursuit en étroite collaboration avec Herman Van Rompuy qu’il doit d’ailleurs rencontrer sur ce sujet le 13 octobre 2011. Ce dernier se charge avec son équipe de discuter avec les délégations des Etats membres de la zone euro.

En réponse à une question d’un journaliste, Jean-Claude Juncker a précisé qu’a priori, le rôle de l’Eurogroupe devrait peu changer, la question étant plutôt de renforcer ses méthodes de travail. Ce qui est discuté, c’est l’articulation entre Eurogroupe et réunion des chefs d’Etats et de gouvernement de la zone euro, une instance que, selon Jean-Claude Juncker, Herman Van Rompuy doit continuer à présider. "Il va falloir se faire à l’idée que je vais siéger sans doute encore un moment comme je siège ici", a ajouté le président de l’Eurogroupe. Olli Rehn a insisté sur la nécessité de construire sur la base du paquet sur la gouvernance économique, "pièce maîtresse du système", dont la Commission entend faire le plein usage dès que ces textes seront entrés en vigueur. Olli Rehn espère que cela sera le cas au 1er janvier 2012 au plus tard, et il a d’ores et déjà appelé les Etats membres à jouer le jeu en respectant ces nouvelles règles.