Le 24 octobre 2011, le député européen libéral Charles Goerens et son collègue libéral Graham Watson, ancien président du groupe ADLE du Parlement européen et candidat à la présidence du Parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs (ELDR), ont tenu une conférence de presse à la Maison de l’Europe pour donner leurs avis sur les conclusions du Conseil européen du 23 octobre 2011 qui a porté sur la crise de la dette souveraine et la gouvernance économique.
L’eurodéputé britannique Graham Watson était de passage à Luxembourg afin de demander le soutien du parti libéral luxembourgeois "Demokratesch Partei (DP)" dans le cadre de sa candidature à la présidence du parti libéral européen.
Les deux eurodéputés libéraux se sont dits déçus par les conclusions du Conseil qui n’ont, selon eux, apporté aucune réponse concrète au problème de la crise économique. Charles Goerens a proposé de donner une réponse en trois temps à la problématique de la crise tandis que Graham Watson a prôné une augmentation des prérogatives de l’UE.
Charles Goerens a commencé par soulever un problème de confiance que connaissent les institutions européennes vis-à-vis des citoyens européens, surtout dans le domaine de la politique monétaire. Selon Charles Goerens une obligation de réussite pèse sur les épaules des décideurs européens qui doivent notamment se confronter à de nombreux problèmes - la question du leadership européen, des demandes formulées par les Etats membres qui ne sont pas membres de la zone Euro et des divergences entre la France et l’Allemagne - dans le cadre de la crise de la dette souveraine.
L’eurodéputé libéral luxembourgeois a proposé une réponse en trois temps à ces problèmes :
A court terme, il s’agit de donner une image plus sereine des décideurs européens, une image qui est actuellement, selon ses propos, "exécrable". Il appelle aussi à une mobilisation des fonds privés des banques pour sauver la Grèce car les fonds publics sont dans l’incapacité de le faire. Au sujet du remboursement de la dette grecque, il a réitéré ses critiques à l’égard de la politique menée par le président de la Commission européenne, qu’il considère comme en partie responsable de la crise actuelle. Selon Charles Goerens, la Commission n’aurait pas rempli efficacement son rôle de surveillance, et c’est une des raisons pour laquelle la Grèce a pu selon lui "tromper" ses partenaires européens aussi longtemps en ce qui concerne sa situation économique.
A moyen terme, Charles Goerens conçoit que le financement puisse provenir des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui pourraient ainsi sauver le système européen. Mais l’eurodéputé luxembourgeois explique qu’en contrepartie, un tel choix risquerait de "coûter très cher à l’Europe en termes de crédibilité politique" et pourrait ensuite peser lors de discussions menées à niveau international (au sein du FMI ou de l’OMC par exemple).
A long terme, Charles Goerens souhaiterait une clarification du fonctionnement du système économique et politique européen. Le président du Conseil européen devrait se voir attribuer plus de prérogatives et son poste devrait être fusionné avec celui de la présidence de la Commission européenne. Il y aurait ainsi un seul décideur européen "en mesure de préparer les décisions tout en ayant à la fois la confiance des chefs d’Etat et celle des gouvernement. Il aurait pour mission de faire bouger les choses" à niveau européen.
L’eurodéputé libéral luxembourgeois a conclu son intervention et rappelle qu’il est nécessaire de respecter les traités existants même si une modification de ceux-ci ne peut plus être exclue malgré toutes les difficultés que cela représente. La croissance doit être aussi encouragée sous peine pour l’UE de retomber dans les erreurs du passé.
Pour l’eurodéputé libéral Graham Watson, les conclusions du Conseil européen du 23 octobre 2011 sont une déception. À ses yeux, elles commencent à ressembler à "un vent très long" et "elles ne sont pas nécessairement très intéressantes à lire", car elles ne font que constater des évidences comme la nécessité d’améliorer le fonctionnement du marché unique, la nécessité de la transposition de la directive sur les services et la réduction du fardeau des petites et moyennes entreprises (PME). Les conclusions ne reflètent malheureusement pas l’urgence de la situation, selon le libéral.
La partie des conclusions qui donne "un certain espoir" à Graham Watson, est celle qui mentionne le secteur de l’énergie. À ce titre, les dirigeants des Etats membres ont exprimé l’urgence de réduire la dépendance de l’UE par rapport au gaz et pétrole fournis par la Russie. L’objectif est que l’Europe dépense moins d’énergie et produise plus d’énergie renouvelable.
En ces temps de début de "crise économique profonde", Graham Watson appelle aussi a augmenter les prérogatives de l’Union afin que celle-ci ne soit pas plus simplement une Europe "à responsabilité politique limitée". Les solutions pour répondre à la crise actuelle doivent être beaucoup plus ambitieuses, car l’UE va devoir faire face à des défis importants - tels que l’accroissement de la population mondiale, la pression migratoire grandissante, les problèmes environnementaux et la menace qui émane de la criminalité organisée internationale.
À son avis, l’avenir du groupe libéral européen est prometteur, car celui-ci a toujours été en faveur d’une "Europe plus unie qui est capable de prendre des décisions".