Dans le Luxemburger Wort daté du 26 novembre 2011, le journaliste Nicolas Anen fait un point sur la directive sur les soins de santé transfrontaliers, un texte que le gouvernement luxembourgeois va devoir transposer d’ici le mois d’octobre 2013. Un sujet qui a été discuté à Düsseldorf, à l’occasion de la foire MEDICA et de la première conférence européenne hospitalière qui s’y est tenue.
Le ministre luxembourgeois de la Santé, Mars Di Bartolomeo y a expliqué que cette directive allait ouvrir "une nouvelle ère" et aurait une grande influence sur le comportement des patients. "Ils iront là où on travaille en toute transparence", pronostique le ministre qui est conscient des difficultés que va impliquer la mise en œuvre de cette directive.
A son retour à Luxembourg, le journaliste s’est adressé à Raymond Lies, directeur général de l’hôpital Kirchberg qui fut douze années durant président de l’association européenne de médecins AEMH, pour lui poser plusieurs questions sur ce sujet.
Faut-il s’attendre à ce que le nombre de patients venus de l’étranger pour se faire soigner au Luxembourg augmente, ou au contraire à ce que les Luxembourgeois soient plus nombreux à se faire soigner à l’étranger ? Pour Raymond Lies, "cela dépendra de la façon dont le Luxembourg et les pays voisins transposent la directive en droit national". Si, en général, le coût des services offerts au Luxembourg est plus élevé, le docteur précise que cela n’est qu’un facteur parmi d’autres. Car ce qui décide le patient qui cherche de l’aide à l’étranger, c’est la qualité du soin, estime le médecin qui juge donc fondamental que les hôpitaux luxembourgeois répondent aux meilleurs standards. Actuellement, le nombre de patients étrangers est à la hausse dans les hôpitaux du Grand-Duché, constate Raymond Lies, qui estime que cette tendance compense le nombre de patients qui partent se faire soigner à l’étranger. Pour ce qui est de l’avenir, "cela dépendra de l’attractivité de l’offre de chacun", estime-t-il. "Le tourisme de santé continuera d’exister puisque la libre décision de se faire soigner par ses propres moyens sur le lieu de son choix n’est pas même effleurée par cette directive", indique Raymond Lies.
Nicolas Anen s’enquiert ensuite des difficultés qui vont se poser au Luxembourg pour dresser la liste des soins offerts et des prix y relatifs. La codification des différents services va être établie dans les prochaines semaines et les prochains mois, et la question du coût sera traitée, confirme Raymond Lies qui explique que le système hospitalier luxembourgeois fonctionne selon le principe d’un budget global qui est basé sur le coût salarial et les frais matériels variables. Pour ce qui est des activités transfrontalières, la caisse de maladie du patient étranger ne rembourse que ce qu’elle paierait pour le même soin dans son pays. "En clair, cela veut dire que la différence entre les deux tarifs ne peut pas être trop grande pour le patient étranger, qui doit payer la différence", résume Raymond Lies. D’un autre côté, souligne-t-il, il se peut aussi qu’un soin à l’étranger coûte moins cher à la caisse de santé luxembourgeoise que le même soin au Luxembourg. Il s’agit selon lui de permettre au patient d’avoir accès à des soins de qualité sans l’accabler de frais supplémentaires élevés.
Le journaliste demande ensuite au médecin sur quels points il va falloir veiller lors de la transposition de la directive dans le droit national. Pour Raymond Lies, il importe que toutes les parties prenantes, à savoir les patients, les médecins, les personnels soignants, les hôpitaux et la caisse de santé, soient impliqués dans les préparatifs de la transposition. Du fait de son positionnement géographique et de ses bonnes infrastructures, du fait aussi de sa médecine de grande qualité, le Luxembourg peut, par des coopérations ciblées avec les structures de santé des régions voisines, devenir un pôle très attractif en matière de services médicaux, affirme le médecin qui a pour mot d’ordre "la coopération au sens le plus large, dans le pays, et à l’étranger".