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Conférence sur le thème "Démocratie(s), Liberté(s) et Religion(s)" de l’Université du Luxembourg et du Collège des Bernardins (V) – 4e atelier : Islam, pluralité et démocratie
01-06-2012 / 02-06-2012


Le dernier atelier de la conférence sur le thème "Démocratie(s), Liberté(s) et Religion(s)" de l’Université du Luxembourg et du Collège des Bernardins a essayé de saisir les réalités de l’islamisme politique et ses effets sur l’émergence de nouveaux régimes politiques dans les pays arabes comme ses conséquences pour l’Europe. Nous rendons compte du premier exposé politique, le débat étant par la suite marqué par une grande confusion et par des diatribes islamophobes sur les autres questions liées à l’islam et l’Europe.

Les islamistes en Tunisie et autres coups de semonce à l’égard de l’Europe et des USA

Amine Ait-Chaalal, conférence "Démocraties(s), Liberté(s) et Religion(s)", Université du Luxembourg, les 1 et 2 juin 2012Amine Ait-Chaalal, professeur de science politique à l’Université Catholique de Louvain, directeur du Centre d'études des crises et conflits internationaux, a essayé d’expliquer pourquoi, après la révolution en Tunisie, ce sont les partis islamistes, Ennahda en tête, qui ont remporté les élections, alors que ce pays était considéré en Europe comme le plus séculier des pays arabes. Pour lui, cela n’a pas été une surprise. Il a indiqué huit raisons pour cette victoire :

  1. Ennahda était présent sur tout le territoire depuis les années 1980, contrairement aux autres forces politiques ;
  2. il a été fortement réprimé et considéré comme la seule vrai force d’opposition ;
  3. il a été élu par la partie pauvre de la population en guise de revanche économico-sociale ;
  4. il était synonyme de probité dans un environnement étatique corrompu;
  5. la référence à l’islam est considérée comme une valeur sûre par les couches populaires ;
  6. l’Occident, UE comprise, qui a matériellement trop peu soutenu la démocratisation a laissé seule la Tunisie avec 600 000 réfugiés en provenance de Libye et ses agences de notation ont abaissé la cote du pays ;
  7. le régime Ben Ali déchu avait été l’allié des Etats-Unis et de l’UE, de sorte que le vote pour Ennahda doit être considéré comme un vote de rupture ;
  8. Ennahda a mené une bonne campagne électorale, ce qui n’a pas été le cas des autres forces politiques séculières libérales ou socialistes.

Le soutien discret de l’Occident au régime du Bahreïn ou à Israël par rapport à l’Egypte n’a pas non plus amélioré les cartes de l’Occident, alors que la question palestinienne est pour Amine Ait-Chaalal "une question centrale pour les Arabes". S’y ajoutent les remous causés par l’affaire des réfugiés de Lampedusa, avec la fermeture des frontières Schengen entre la France et l’Italie, et la discussion sur les réfugiés de Tunisie, ressentie comme un rejet, le peu de soutien de la part de l’UE et l’absence du Service européen d’action extérieure (SEAE) et de la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, dans les pays arabes "où tout se dégrade".