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Politique régionale - Transports
En route vers une Centrale de la mobilité de la Grande Région
20-09-2012


Interreg IV A Grande RégionLe 20 septembre 2012 a été lancé un nouveau projet INTERREG-A Grande Région qui se fixe comme objectif d’améliorer la communication transfrontalière du réseau de transports en commun de la Grande Région, afin que l’on arrive à terme à mettre en place une « centrale de mobilité de la Grande Région », à l’instar de celle du Luxembourg, mais touchant toute la région dite métropolitaine et polycentrique. Le projet, d’un coût de près d’un demi-million d’euros, est né sous l’impulsion du Comité Economique et Social de la Grande Région (CESGR) et sera cofinancé à raison de 50 % par le Fonds Européen pour le Développement Régional (FEDER).

Un long travail de préparation

Le travail de préparation, où il s’agissait d’arriver à réunir autour d’une seule table un grand nombre d’intervenants, autorités en charge des transports publics et opérateurs de transports publics, a nécessité des années de travail, ce pour quoi Romain Diederich, en tant que président du comité d’administration du Verkéiersverbond ou Communauté des Transports de Luxembourg, a remercié les participants. Pour information: le Verkéiersverbond est selon ses propres mots "l’expression de la stratégie gouvernementale destinée à atteindre à l’horizon 2020 le modal-split 25 – 75 % " (une manière de dire que l’objectif est que 25 % des trajets enregistrés se fassent avec des transports publics) et "l’amélioration de la coordination du réseau des transports publics". Du fait de la très forte mobilité transfrontalière, le projet s’intègre parfaitement dans le cadre du programme INTERREG selon Romain Diederich. La plate-forme qui permettra d’améliorer la communication sur l’offre en termes de transports publics vers une clientèle transfrontalière devrait elle-même contribuer à faire évoluer cette offre.

Le passage d’un nombre croissant de frontaliers sur les axes routiers vers Luxembourg fait que ce réseau est saturé, que les bouchons durent de plus en plus longtemps, que le collapsus guette la circulation routière, a notamment souligné Matthias Schwalbach, qui travaille aussi pour le Verkehrsverbund Trier. Il est donc nécessaire d’inciter les frontaliers à recourir de manière croissante aux offres de bus, de chemins de fer, eux d’ailleurs déjà aussi saturés en direction de la Lorraine avec une offre de haute qualité. Le modal-split est de 7,2 % seulement, très en-deçà des objectifs. Matthias Schwalbach a souligné les progrès néanmoins déjà atteints dans le domaine des transports publics transfrontaliers régionaux sur les questions des horaires, des tarifs et d’un système commun prix-horaire. Le nouveau projet INTERREG permettra de créer une base institutionnelle qui restera fonctionnelle, mais qui restera aussi en-deçà d’une communauté des transports grande-régionale qui serait un projet trop ambitieux, vu les difficultés déjà rencontrées pour amener la Lorraine et la Wallonie autour de la table.  

Pauline Pupier : "C'est le plus grand marché du travail transfrontalier dans l'Union européenne. Cela nous donne beaucoup de défis à relever"

Réseau de transport en commun transfrontalier existant dans la Grande Région (source Interreg A Grande Région)Le financement Interreg a permis l'engagement depuis le 1er septembre 2012 d'une directrice du projet en la personne de Pauline Pupier. Ayant suivi un cursus franco-allemand en sciences sociales et politiques, elle a déjà participé à la mise en place d'un projet Interreg en Pologne.

Elle a en tout cas déjà saisi toute l'ampleur de la tache. Chaque matin, deux cent mille frontaliers entrent en effet au Luxembourg, pour le travail bien sûr, mais aussi les relations sociales ou commerciales. "C'est le plus grand marché du travail transfrontalier dans l'Union européenne. Cela nous donne beaucoup de défis à relever", constate-t-elle. Le processus est en progression constante, la demande est "extrêmement élevée" et pourtant sur les 520 000 déplacements motorisés transfrontaliers qui s'effectuent chaque jour, seulement 7,2 % sont réalisés avec les transports en commun. Pauline Pupier s'essaie à quelques explications : "Il y a le manque d'informations, la lisibilité des horaires et tarifs, les difficultés de liaison, d'infrastructure, l'absence de communication entre les opérateurs."

Au-delà des problèmes, "l'offre de transport est déjà relativement variée mais n'arrive pas à rencontrer la demande", constate-t-elle toutefois. Il faut en conséquence "travailler sur la visibilité de l'offre" qui est "très éparpillée" auprès de plus d'une dizaine d'opérateurs ou d'institutions dans la Grande Région.

Plus de visibilité pour une offre déjà variée

La création de la centrale de mobilité donnera ainsi plus de visibilité à cette offre variée tout en agglomérant les entreprises de centralisation des informations menées dans les sous-régions. En effet, en 2006, la Sarre créait un tel point central . La même année le Luxembourg ouvrait la MobilitéitsZentral. La Rhénanie-Palatinat s'y est mis en 2009-10, tandis que c'est le jour même de la conférence de presse du  Verkéiersverbond que la Lorraine a présenté sa propre plate-forme, SimpliCim, qui fédère l'offre des 27 opérateurs qui œuvrent sur son territoire.

La centrale de la mobilité de la Grande Région intègrera toutes ces initiatives pour former une plate-forme à l'échelle supérieure et donner ainsi un outil d'information  à la personne qui veut se déplacer dans la Grande Région. La multitude d'horaires et de prix de tous les opérateurs de la Grande Région seraient ainsi accessibles à travers un simple bouton de recherche et même "dans le meilleur des cas" le site internet pourrait prendre en compte les chantiers temporaires et les accidents.

Cette coordination horizontale donnera lieu à des expériences régulières de collaboration mais aussi à la mise en place d'une stratégie de communication commune. Il faut pour cela mettre en relation des autorités planificatrices et des transporteurs des cinq régions, qui dépassent la vingtaine au total. Ils devront discuter de la politique à mener en commun, avec pour but d'arriver à "une offre structurée et transparente" mais aussi "visible".

Une marque et un logo communs

Les initiateurs de ces rencontres inédites espèrent que cette structure sera à terme transformée en "réseau pérenne". "C'est la première pierre pour créer des liens de collaboration", résume encore Pauline Pupier.

Le travail au sein de ce groupe suivra deux axes : d'une part, la gouvernance avec un comité de pilotage du projet qui a en charge la gestion administrative et fixe les lignes directrices ; d'autre part, la communication et l'information.

C'est dans ce dernier domaine que devra naître la troisième grande nouveauté, avec les réunions régulières et la mise en place d'un service internet centralisé : la mise en place d'une stratégie marketing qui aboutisse à la création d'une marque et d'un logo, commune à tous les transporteurs. "L'usager qui prend un transport au commun verra sur son billet que ce dernier fait partie d'un vaste réseau", explique la directrice.