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Politique étrangère et de défense
A l’occasion d’une réunion extraordinaire, le Conseil Affaires étrangères apporte son soutien unanime à l’intervention de la France au Mali et décide la mise en place rapide de la Mission de formation de l'Union européenne (EUTM Mali)
17-01-2013


Le 17 janvier 2013, les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis lors d’un Conseil "Affaires étrangères" extraordinaire pour décider de mesures de soutien au gouvernement malien et à l’intervention de la France dans ce pays suite à un appel du gouvernement en place fortement sous pression de la part de groupes terroristes djihadistes qui ont mis le Nord de ce pays sous leur contrôle et s’apprêtaient à envahir le Sud du Mali et sa capitale, Bamako.

Soutien unanime à une intervention française au Mali considérée comme légitime et légale

Pour le Luxembourg, comme pour les autres Etats membres de l’UE, l’intervention de la France repose sur l'article 51 de la Charte des Nations-Unies dans lequel est affirmé que quand un pays est victime d'une agression militaire comme dans le cas du Mali, les autres pays de l'ONU peuvent lui porter assistance, s'il en fait la demande, ce qui a été le cas. Ensuite, la résolution du Conseil de sécurité 2085 qui date du 12 octobre 2012 dit que tout doit être fait pour soutenir les Forces maliennes, pour qu'elles soient en mesure de stopper les organisations extrémistes.

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont donc condamné "les actions conduites par des groupes terroristes à l'encontre des forces armées maliennes qui menacent l'intégrité territoriale du pays et la sécurité de la population du pays", déclaré soutenir "les efforts de la région et de la communauté internationale" et surtout salué "la réponse rapide de la France, soutenue par d'autres Etats membres de l'UE, à la demande d'assistance militaire contre les groupes terroristes exprimée par le Président du Mali."

Le soutien au déploiement de la Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)

Les ministres de l’UE ont aussi insisté sur "le déploiement rapide de la Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)" et se sont engagés "à fournir rapidement une aide financière à cette Mission, en particulier à travers la mobilisation de la Facilité Africaine de Paix." Catherine Ashton, la Haute Représentante de l’UE pour la politique étrangère a été invitée "à faire avancer les préparatifs en vue d'un appui financier et logistique, en étroite relation avec l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), afin de soumettre des propositions opérationnelles au Conseil en urgence." Une conférence de donateurs pour appuyer sur le plan logistique et financier le déploiement de la MISMA devrait être convoquée dans les meilleurs délais. Selon l’agence de presse AFP, "l'une des priorités consiste à mettre à disposition des avions de transport, du type Transall ou C-130, pour accélérer le déploiement des milliers de soldats venus du Nigeria, du Burkina Faso, du Sénégal ou du Tchad".

Mise en place rapide de la Mission de formation de l'Union européenne (EUTM Mali)

La décision la plus importante du Conseil fut cependant celle "d'établir la Mission de formation de l'Union européenne (EUTM Mali) chargée de fournir une formation militaire et du conseil aux forces armées maliennes" qui est placée sous l’égide des résolutions 2071 et 2085 du Conseil de sécurité et qui constitue une "réponse à la requête directe des autorités maliennes à l'UE".

Le Conseil a nommé le général français François Lecointre à la tête de cette mission. Ce militaire français, né en 1962, est un saint-cyrien qui a commandé le 3e régiment d'infanterie de marine de Vannes. Il a servi en Côte d'Ivoire fin 2006-début 2007. Il a aussi été engagé en Irak lors de la première guerre du Golfe (1991), au Rwanda dans le cadre de l'opération Turquoise (1994) ou encore à Sarajevo en 1995. Depuis 2011, il commande la 9e brigade légère blindée de marine à Poitiers. Le général Lecointre a été invité par le Conseil "à accélérer la planification et les préparatifs qui permettront de lancer EUTM Mali au plus tard à la mi-février et à cette fin, d'envoyer une première équipe technique dans les prochains jours à Bamako."

L'EUTM Mali aura pour but de contribuer à restaurer la capacité militaire des forces armées maliennes et de leur permettre, sous le contrôle des autorités civiles, de rétablir l'intégrité territoriale du pays. La mission fournira une formation militaire de base, et elle formera et conseillera les forces armées maliennes en ce qui concerne le commandement et le contrôle, la logistique, les ressources humaines ainsi que, dans le domaine du droit humanitaire international, la protection des civils et des droits de l'homme. La mission ne participera pas à des opérations de combat. Son état-major sera installé à Bamako et la formation se déroulera dans un lieu affecté à cet effet dans le sud du Mali. La durée initiale du mandat de la mission est fixée à quinze mois. Il est prévu de déployer quelque 200 instructeurs, ainsi que du personnel d'appui et une force de protection, faisant au total environ 450 personnes. Le montant des coûts communs de l'opération est estimé à 12,3 millions d'euros pour la durée du mandat.

Conditionnalités

En contrepartie de l’aide apportée au gouvernement malien, le Conseil demande "des progrès politiques (…)  pour assurer la stabilité du Mali sur le long terme". Il "engage instamment les autorités maliennes à adopter et mettre en œuvre le plus rapidement possible une feuille de route visant à rétablir la démocratie et l'ordre constitutionnel au Mali." Le dialogue national  doit être "inclusif et ouvert aux populations du nord et à tous les groupes rejetant le terrorisme et reconnaissant l'intégrité territoriale du pays".

Un autre souci de l’UE est la sécurité des populations civiles et la stabilité au Sahel, de sorte qu’une nomination rapide d'un Représentant Spécial de l'UE pour le Sahel est envisagée.

Jean Asselborn au sujet du Mali

Jean Asselborn avec le Ministre des Affaires étrangères du Mali, Tiéman Hubert Coulibaly, et le ministre des affaires étrangères de la France, Laurent FabiusLe Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a participé à ce Conseil extraordinaire. Il a expliqué au Tageblatt que l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique et le Luxembourg ont d’ores et déjà décidé de participer à l’EUTM Mali et que le Luxembourg enverra des officiers de police, mais sans en préciser le nombre, qui est encore objet de négociations avec la France et la Belgique. Jean Asselborn a salué "la rare unanimité du Conseil en faveur de l’action de la France". Pour lui, l’on a bien compris à l’ONU, où le Luxembourg siège dorénavant au Conseil de sécurité, que "l’intervention de la France est vitale" et "a évité que Bamako ne tombe sous la domination des terroristes ». Cité par le Wort et la DPA, il a considéré comme une erreur que les résolutions du Conseil de sécurité au sujet du Mali aient autant tardé à être mises en œuvre. Il a regretté que l’économie malienne soit tombée en-deçà de son niveau d’il y a 25 ans et signalé que l’UE était prête à soutenir le pays avec 250 millions d’euros et à soutenir la CEDEAO avec 50 autres millions.

Le 21 janvier 2013, le ministre de la Défense, Jean-Marie Halsdorf, ira présenter l’avant-projet de règlement grand-ducal relatif à la participation de l'Armée luxembourgeoise à la mission EUTM au Mali à la Chambre des députés devant la commission des Affaires étrangères et européennes, de la Défense, de la Coopération et de l'Immigration.