Le projet de directive "concessions" continue de susciter la crainte qu’il ne risque d’être un moyen détourné de privatiser le marché de l’eau. L’eurodéputé vert Claude Turmes s’est exprimé dans ce sens fin janvier, le parti Déi Lénk lors d’une conférence de presse le 13 février. Le 20 février 2013, c’était au tour du Conseil échevinal de la Ville de Luxembourg de s’exprimer sur cette question au cours du City Breakfast, comme le rapporte le Tageblatt dans son édition du 21 février 2013.
Le Conseil échevinal de la capitale mené par une coalition libérale-verte est en tout cas d’avis que l’approvisionnement en eau de la capitale doit rester sous le contrôle de la municipalité. L’échevin François Bausch (Déi Gréng) reconnaît que le projet de directive "concessions" n’implique pas d’office une privatisation de l’eau, mais "il contient des éléments qui sont extrêmement dangereux et pourraient constituer un premier pas dans cette direction". Il cite les exigences de privatisation qui ont été formulées à l’égard de pays en crise comme le Portugal et la Grèce en échange des aides qui leur ont été accordées. Et l’approvisionnement de l’eau fait partie des secteurs dont la privatisation est recommandée.
Mais pour François Bausch, là où le bât blesse, c’est que la directive risque, si elle devait être reprise telle quelle, de compliquer l’environnement légal dans lequel communes et services communaux devront par la suite travailler. Le risque existe que les communes se résignent à privatiser parce que les nouvelles règles pour assurer elles-mêmes l’approvisionnement en eau de leur territoires et ménages deviennent trop compliquées, surtout pour les communes qui éprouvent des difficultés financières, et elles sont nombreuses en Europe. La question ne se pose pas encore à Luxembourg, « Mais c’est là un premier pas », explique François Bausch. "Il n’y a qu’à regarder vers d’autres secteurs. L’on procède par tranches. Et la Commission européenne ne fait rien d’elle-même, mais parce qu’elle écoute ce que les gouvernements lui demandent", estime le député-échevin vert. "Et puis, d’un coup, on passe à la libéralisation intégrale", craint-il.
Pour lui et ses collègues du Collège échevinal de la capitale, "le droit à l’eau est un droit humain et doit rester sous contrôle public", et c’est pourquoi ils évoqueront lors d’une de leurs réunions l’initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée "L’eau est un droit humain" - en anglais Right2Water, qui a annoncé le 11 février 2013 avoir recueilli un million de signatures, le seuil à partir duquel, si les signatures sont attestées, une initiative peut être prise en compte par la Commission. Il s’agit d’ailleurs de la première initiative citoyenne européenne à avoir passé le cap du million de signatures.