Le 12 février 2013, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, était reçu à Paris pour une visite officielle au cours de laquelle il a rencontré le président français, François Hollande, ainsi que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
Lors d’une conférence de presse commune, le président français et le Premier ministre luxembourgeois ont évoqué les sujets qu’ils ont abordés lors de leur discussion. Au-delà des relations bilatérales, "excellentes", comme l’a résumé Jean-Claude Juncker, et des relations internationales, marquées par la question de l’intervention française au Mali, ils ont notamment fait le point sur les résultats du Conseil européen des 7 et 8 février, auxquels ils avaient tous les deux participé.
"Je dois dire que sur l’accord que nous avons trouvé vendredi dernier, nous nous sommes nous-mêmes convaincus que c’était un accord – dans le contexte que nous connaissions, dans la circonstance que nous traversons – le moins mauvais qu’il soit possible de trouver", a déclaré François Hollande.
"Notamment en terme de volume de dépenses – 960 milliards d’euros – en terme de soutien à la croissance – puisque Jean-Claude Juncker avait défendu avec moi le pacte de croissance au mois de juin dernier – et également en terme de maintien de la politique agricole commune – puisque la France avait là-dessus des intérêts et en même temps des objectifs à affirmer", a-t-il expliqué plus avant.
"Je dois dire que sur l’essentiel – et en dépit d’une légère déception, puisque ce budget n’a pas le profil de toutes les ambitions que l’Europe doit avoir – nous sommes satisfaits de l’accord qui fut trouvé", a pour sa part commenté Jean-Claude Juncker.
De son point de vue, "sur l’essentiel des positions qui étaient françaises et luxembourgeoises, presque partagées par les deux pays, nous avons eu, comme dirait l’autre, gain de cause". Mais il précise aussi que pour lui, l’essentiel était de "conclure un bon accord budgétaire pour une période de sept années".
Jean-Claude Juncker liste les points de satisfaction : "la PAC a été préservée dans son ensemble", "les éléments de croissance, qui reposent sur l’initiative de François Hollande de juin dernier, ont trouvé une traduction budgétaire dans le cadre des perspectives que nous avons dégagées", et enfin "il y a la prise en compte du douloureux problème du chômage des jeunes", tandis que "les instruments de solidarité ont été grosso modo préservés puisque les politiques de cohésion pourront fonctionner comme elles le firent auparavant".
Evoquant plus largement la situation dans la zone euro et dans l’UE, François Hollande et Jean-Claude Juncker ont tous deux réaffirmé à la fois la nécessité de la rigueur budgétaire, "une option qu’on ne peut pas écarter " selon François Hollande, et celle de politiques de soutien à la croissance." Rigueur ne veut pas dire austérité absolue, rigueur ne veut pas dire que l’on fasse des économies là où les économies pourraient nuire à la reprise économique" a expliqué Jean-Claude Juncker, pour qui tout est question "de mesure, de calibrage et de bon dosage".
François Hollande et Jean-Claude Juncker ont ensuite été interrogés sur la question du taux de change de l’euro, jugé trop fort par le gouvernement français. Un sujet dont il a été rapidement question lors de la réunion de l’Eurogroupe du 11 février 2013, et qui a fait l’objet d’un communiqué du G7 le 12 février.
Comme l’a souligné François Hollande, la déclaration du G7 "met en garde la communauté internationale par rapport à des dévaluations compétitives". Il s’agit selon lui de "faire en sorte que les monnaies ne soient pas l’instrument d’écarts de compétitivité qui ne seraient pas réels mais qui seraient simplement monétaires" et "que les parités ne soient pas utilisées à des fins commerciales".
Prudent, Jean-Claude Juncker juge sage pour les Premiers ministres "de ne pas s’exprimer sur les niveaux adéquats des taux de change". Mais il appelle à "ne pas négliger tout ce qui se passe en matière de relations monétaires entre les grands ensembles qui constituent la communauté monétaire internationale". S’il n’y a pas selon lui un taux de change optimal pour l’euro, il convient d’avoir à l’œil les comportements des autres qui sont concurrents directs. "Moi, je ne plaiderai jamais pour une dévaluation interne de l’euro mais il serait naïf de ne pas voir ce qui, d’une façon visible, se joue sous nos yeux", a déclaré Jean-Claude Juncker qui se dit convaincu que "les taux de change doivent refléter les données économiques fondamentales", ce qu’ils font "parfois insuffisamment".
Jean-Claude Juncker et François Hollande ont également évoqué la situation de la sidérurgie européenne, un sujet qui était à l’ordre du jour d’une réunion qui se tenait à la même heure à Bruxelles, et à laquelle participaient les ministres Arnaud Montebourg pour la France et Etienne Schneider pour le Luxembourg. L’occasion pour Jean-Claude Juncker de réaffirmer la "solidarité de fait entre la France et le Luxembourg au niveau de leurs bassins sidérurgiques".