En janvier 2013, l’Autorité européenne de sécurité des Aliments (EFSA) indiquait avoir identifié que l’utilisation de trois types d'insecticides néonicotinoïdes présentait un certain nombre de risques pour les abeilles. Nombre d’apiculteurs et de défenseurs de l’environnement dénonçaient les dangers de leur utilisation de longue date, et cet avis a fait alors grand bruit. Au Luxembourg, la Fédération des apiculteurs et le Mouvement écologique avaient aussitôt appelé le gouvernement à agir et avaient sollicité un entretien du ministre luxembourgeois de l’Agriculture, Romain Schneider.
A la fin du mois de janvier, la Commission européenne annonçait avoir proposé aux Etats membres de suspendre pour deux ans l’utilisation des trois pesticides incriminés, une suspension qui pourrait être effective à compter du 1er juillet 2013 et qui exclurait les cultures qui n’attirent pas les abeilles ainsi que les cultures plantées à l’automne.
Le 13 février 2013, les présidents des deux organisations luxembourgeoises qui suivent de près le dossier, la Fédération des apiculteurs et le Mouvement écologique, ont adressé au ministre Schneider une lettre ouverte. Roger Dammé et Blanche Weber commencent par remercier le ministre qui a accepté de les recevoir en mars prochain. Mais ils attirent aussi son attention sur l’urgence du dossier. En effet, si la suspension de l’utilisation des trois pesticides incriminés recommandée par la Commission devait être appliquée à partir du 1er juillet 2013, ils s’inquiètent du fait que les semences de maïs qui seraient plantées au Luxembourg risqueraient de ne pas tomber sous le coup de ce moratoire. Ce qu’il conviendrait d’éviter.
D’après eux, plusieurs pays européens se trouvant dans une situation similaire sont en train de réfléchir aux moyens d’agir. Blanche Weber et Roger Dammé attirent donc l’attention du ministre de l'Agriculture sur un certain nombre de questions. Ils souhaitent ainsi savoir si le Luxembourg plaide résolument au niveau européen en faveur d’une interdiction des néonicotinoïdes utilisés comme traitements des semences de colza et de maïs. Ils suggèrent par ailleurs au ministre d’adresser un courrier aux organisations agricoles et aux agriculteurs dans lequel ils voudraient que Romain Schneider exprime sa volonté d’interdire ces pesticides, recommande aux agriculteurs de renoncer à l’utilisation de ces néonicotinoïdes dès l’ensemencement du maïs pour la récolte 2013 et de leur faire des recommandations concrètes tout en les invitant à s’adresser à ses services pour tout conseil. Roger Dammé et Blanche Weber ne perdent pas non plus de vue les négociants que le ministre devrait inviter selon eux à renoncer dès à présent à la vente de semences traitées aux néonicotinoïdes.
"Le Luxembourg a eu une conduite exemplaire en ce qui concerne l’utilisation des technologies génétiques dans l’agriculture", soulignent les deux représentants, et ils se disent convaincus qu’une action de la même nature en matière de pesticides serait non seulement opportune, mais aussi très bien reçue dans les cercles agricoles. Agir en vertu du principe de précaution serait selon eux une façon de répondre aux inquiétudes que soulève la mortalité des abeilles, et contribuerait par ailleurs à une meilleure acceptation d’une agriculture moderne et durable dans la population.