Le 21 février 2013, le Parlement européen a publié la septième édition de son Parlemètre, une enquête d'opinion qui mesure à la fois la notoriété du Parlement européen et le rôle qu'il devrait jouer aux yeux des citoyens. Cette septième enquête du genre, menée par TNS Opinion & Social du 17 novembre au 2 décembre 2012 auprès de 26 739 citoyens européens issus des 27 Etats membres de l'UE, dont 504 au Luxembourg, est intervenue dans un contexte particulier que l'introduction de l'analyse synthétique tient à rappeler : "Dans le domaine économique, plusieurs réunions se sont tenues ou étaient en cours de préparation dans les institutions européennes (Conseil ECOFIN, Conseil européen). On en attendait des résultats importants sur plusieurs thèmes : supervision bancaire, pacte de croissance, union bancaire et recapitalisation des banques, etc. Or, les plus grandes incertitudes régnaient quant à leur issue comme sur celles des discussions relatives à la révision des perspectives financières pluriannuelles", y lit-on.
Néanmoins, dans ce document, l'Unité du suivi de l'opinion publique de la Communication du Parlement européen retient avec satisfaction la "nette augmentation de l'intérêt porté par les Européens aux questions de politique européenne depuis 2006". Elle avance une explication : "On peut y voir une des conséquences de l'européanisation des débats politiques qui se sont tenus lors des dernières élections nationales", en raison de la crise.
De même, par rapport à l'automne 2007, à une semblable distance d'un an et demie avant les prochaines échéances électorales, on constate une augmentation de 22 points de pourcentage du souvenir médiatique qu'ont les Européens du Parlement européen. Mais, ce chiffre accuse néanmoins une légère diminution par rapport à 2011, tandis que l'image du Parlement européen est restée "quasiment stable" en un an.
"En comparaison avec la moyenne de l'Union européenne, les Luxembourgeois sont plus intéressés par les questions européennes, demandent un rôle plus important du PE et ont une meilleure image de cette institution", fait remarquer le bureau d'information du Parlement européen au Luxembourg.
Les sondés luxembourgeois montrent en effet davantage d'enthousiasme et de confiance envers le Parlement européen. Deux Luxembourgeois sur trois (67 %) se disent très ou assez intéressés par les affaires européennes, tandis qu'en moyenne un Européen sur deux (51 %) se déclare intéressé.
En moyenne, dans l'UE, l'image du Parlement européen est neutre pour une majorité relative des citoyens (43 %). Les images positive et négative recueillent autant de voix, soit un peu plus d’un quart de citations chacune. L'image est aussi neutre pour 45 % des Luxembourgeois mais positive pour 39 % d'entre eux, alors que seulement 15 % en ont une image négative (contre 28 % dans l'UE).
Trois quarts des Européens pensent que le Parlement européen joue aujourd'hui un rôle important. Et la part d'entre eux qui voudraient le voir jouer un rôle plus important encore a singulièrement progressé depuis un an. Ils sont en effet 54 % des sondés contre 43 % en 2011. Les Luxembourgeois sont encore bien plus souvent favorables au renforcement du pouvoir du Parlement (65 % d'entre eux, contre 53 % en 2011).
Ce plaidoyer européen et luxembourgeois en faveur du renforcement des pouvoirs du Parlement européen est sans doute le corollaire d'un autre constat mis en avant par le Parlement européen, à savoir "la forte chute depuis 2007 du nombre de sondés pensant que le rôle du Parlement s'est renforcé au cours de ces dix dernières années".
"Les citoyens luxembourgeois interrogés ont une vision du PE plus dynamique, plus démocratique, plus efficace et plus à l'écoute des citoyens européens en comparaison avec la moyenne de l'UE", remarque encore le Bureau d'information. Interrogés sur l'élément déterminant, entre la nationalité et l'appartenance politique, pour expliquer la présence d'un député au Parlement européen, 44 % des citoyens de l'UE mais 53 % des Luxembourgeois citent l'appartenance politique.
Interrogés sur les priorités politiques du Parlement européen, une majorité absolue des sondés pensent que la lutte contre la pauvreté est la politique que le Parlement européen devrait défendre en premier lieu. La coordination des politiques économiques et la protection renforcée du consommateur et de la santé publique viennent respectivement en deuxième et troisième places. L'enquête montre une différence sensible entre la moyenne des réponses recueillies dans l'UE et les réponses des Luxembourgeois.
Les citoyens luxembourgeois mettent certes également, largement en tête, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, en lui portant néanmoins moins de suffrage. Par contre, les Luxembourgeois semblent manifester un attachement particulier à la dimension diplomatique et stratégique de l'Union européenne. En effet, ils placent aux 2e et 3e positions des priorités politiques, "la politique de défense et de sécurité qui permet à l'UE de faire face aux crises internationales" (32 % des suffrages) et "la politique étrangère qui permet à l'UE de parler d'une seule voix sur la scène internationale" (32 % également), tandis que la politique de coordination économique et le renforcement de la protection du consommateur et de la santé publique sont relégués aux rangs suivants.
A propos des valeurs, la protection des droits de l'homme reste majoritairement la première d'entre elles aux yeux des Européens (56 %). La solidarité entre Etats membres de l'UE (35 %) arrive en deuxième position avec plus d'un tiers de répondants. Elle dépasse désormais l'égalité hommes/femmes qui arrive en troisième position ex aequo avec la liberté d'expression (35 % chacun).
Aux yeux des Luxembourgeois, la protection des droits de l'homme est en première position (48 %) mais se détache bien moins des autres sujets que dans l'esprit des Européens. L'égalité hommes/femmes fait par contre, avec cette dernière valeur, quasiment jeu égal (46 %) en deuxième position. La dimension diplomatique de l'UE s'exprime là encore à travers le placement de la "solidarité entre Etats membres" en 3e position avec un score de 42 %. La solidarité entre l'UE et les autres parties du monde est d'ailleurs également bien plus souvent mentionnée au Luxembourg que dans la moyenne de l'UE (32 contre 24 %).
Par contre, les sondés luxembourgeois se sentent encore plus "insuffisamment informés" que la moyenne des autres citoyens européens, tandis que les sujets les plus souvent mentionnés apparaissent dans le même ordre. Les Luxembourgeois sont 45 % à regretter de manquer d'information sur les solutions à la crise (34 % dans l'UE) et 41 % sur un plan d'investissement pour la création de nouveaux emplois, notamment pour les jeunes, (33 % dans l'UE)
Pour rechercher des informations sur le PE, les citoyens luxembourgeois privilégient, comme les citoyens des autres Etats membres, la télévision. Toutefois, ils utilisent davantage les médias Internet par rapport à la moyenne de l'Union européenne (51 % au lieu de 43 %), mais aussi davantage la presse écrite (50 % contre 33 % dans l'UE) et la radio (24 % contre 15 % dans l'UE).