Les eurodéputés luxembourgeois avaient eu l’occasion d’exprimer leurs attentes en amont du Conseil européen des 7 et 8 février 2013 et ils avaient affiché leurs exigences quant au futur cadre financier pluriannuel de l’UE. Le journaliste Marcel Kieffer a souhaité connaître leurs réactions maintenant que les chefs d’Etat et de gouvernement sont parvenus à un accord sur ce qui va définir les grandes lignes du budget de l’UE pour les sept prochaines années. Il a pu joindre Frank Engel (CSV) et Claude Turmes (Verts/ALE), qui ne décolèrent pas, et Charles Goerens (ALDE), et il rend compte de leurs commentaires dans l’édition du Luxemburger Wort datée du 12 février 2013. Les craintes des eurodéputés luxembourgeois sont "confirmées" et leur volonté d’opposer un clair veto à ce budget d’austérité lors du vote en plénière reste forte, résume le journaliste.
Pour Frank Engel, les conclusions du Conseil sont "dramatiques pour l’avenir de l’UE". Il s’insurge contre des chefs d’Etat et de gouvernement plus soucieux de compter les voix de leurs électeurs que des intérêts du continent. Depuis 2010, les investissements d’avenir de la république populaire de Chine ont dépassé ceux de toute l’UE, et cela ne peut durer, estime l’eurodéputé qui se refuse à voter en faveur d’un budget d’austérité ne donnant aucun élan aux investissements nécessaires et par ailleurs contraire aux traités dans la mesure où il risque de ne pas être suffisant.
Charles Goerens se montre lui aussi déçu par l’issue du Conseil, mais il attend désormais beaucoup des négociations que le Parlement européen va conduire avec la Commission et le Conseil. A ses yeux, étant donné qu’il faut s’attendre à une position majoritairement négative au Parlement européen, il conviendrait de profiter des prochains jours et des prochaines semaines pour avancer et tirer au clair la position de la Commission ainsi que l’impact des conclusions du Conseil sur le programme de travail, et ce avant que le Parlement européen ne vote en plénière et qu’il ne soit décidé comment poursuivre.
Claude Turmes a vu ses craintes confirmées à la lecture de l’accord trouvé par des chefs d’Etat et de gouvernement qui ne sont visiblement pas prêts à doter l’Europe des moyens nécessaires pour préparer l’avenir. Il estime donc ne pas avoir d’autre choix que de rejeter cet accord qui repose selon lui sur "une combine entre crédits d’engagement et crédits de paiement". L’eurodéputé se souvient que fin 2012, l’UE avait dû faire face à un retard de paiement en raison d’un trou de 9 milliards d’euros, ce qui avait provoqué l’ire du Parlement européen. Pour les sept prochaines années, le déficit budgétaire s’élèverait d’ores et déjà à 52 milliards d’euros, estime Claude Turmes qui reste d’avis que l’UE pourrait fonctionner sur la base de budgets annuels.