José Manuel Barroso avait prévenu, tout comme Janusz Lewandowski n’a eu de cesse de mettre en garde contre les risques de voir l’UE dans l’incapacité de payer pour des projets sur lesquels de l’argent a été engagé. Il semble que leurs augures soient sur le point de se réaliser.
C’est l’eurodéputé Alain Lamassoure (PPE), qui préside la commission des Budgets au Parlement européen, qui a tiré la sonnette d’alarme le 2 octobre 2012, annonçant que "le fonds social européen est en cessation de paiement depuis le début du mois et ne peut plus effectuer de remboursements aux Etats membres". "La semaine prochaine ce sera le tour d'Erasmus, le programme pour les étudiants, et à la fin du mois, le programme pour la Recherche et l'Innovation n'aura plus d'argent", a-t-il ajouté.
Janusz Lewandowski doit présenter dans les prochaines semaines un budget rectificatif pour demander aux Etats une rallonge de "plusieurs milliards" sur leurs contributions nationales. Le trou à combler serait de dix milliards d'euros, a encore indiqué Alain Lamassoure.
"Si nous n'avons pas ce budget rectificatif pour la fin de l'année, le manque à gagner sera de 400 millions d'euros pour la France, de 600 millions d'euros pour la Grèce, de 900 millions d'euros pour l'Espagne, de 150 à 200 millions d'euros pour le Royaume Uni", a-t-il averti. Le Royaume Uni, qui a pris la tête du mouvement pour réduire les dépenses dans le budget européen "se coupe lui-même de crédits de paiements", a ironisé Alain Lamassoure, qui dénonce une "situation absurde".
Le budget 2012 de l’UE avait fait l’objet d’intenses négociations pour être adopté in extremis le 1er décembre 2011 par le Parlement européen, après le feu vert du Conseil la veille. C’était un "budget d’austérité" qui avait été adopté, le Conseil ayant grandement limité la hausse de budget prévue par la Commission dans sa proposition mise sur la table en avril 2011. Et Janusz Lewandowski s’était déjà inquiété, lorsque l’accord entre Parlement et Conseil avait pu être arraché en novembre 2011, des "risques de ne pas pouvoir payer toutes nos factures".
Le scénario risque de se reproduire à nouveau pour 2013, le Conseil ayant rejeté en juillet la proposition de budget établie par la Commission. José Manuel Barroso s’est adressé aux chefs d’Etat et de gouvernement pour les mettre en garde contre l’impact qu’auraient les coupes budgétaires qu’ils demandent.