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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
L’eurodéputé Charles Goerens (ADLE) adresse à José Manuel Barroso un appel à faire respecter les dispositions des traités, et notamment le principe de l’égalité statutaire de tous les Etats membres
03-04-2013


Dans le sillage de la crise chypriote et de la solution qui lui a été difficilement trouvée le 25 mars 2013, après un premier accord arraché le 16 mars mais qui a rencontré la franche opposition du parlement chypriote, le Luxembourg a été visé dans certains commentaires comme pouvant être une prochaine victime de la crise, du fait d’un secteur financier représentant une part pour le moins conséquente de son économie et de son PIB. Comme Chypre, se sont plu à résumer nombre de commentateurs.

Les réactions à ces comparaisons ont été vives au Luxembourg, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le ministre des Finances ayant dénoncé de telles comparaisons dans des entretiens accordés à différents médias, tandis que le gouvernement diffusait une prise de position en guise de plaidoyer pour sa place financière diversifiée et bien surveillée.

Pour Charles Goerens, ces attaques injustifiées contre le Luxembourg sont un symptôme de ce qu’il analyse comme la guerre économique qui sévit dans l’UE."La guerre est une continuation de la politique (ici économique) par d’autres moyens", affirme l’eurodéputé en citant Clausewitz et en lui adjoignant des propos de François Mitterand qui viennent selon lui compléter le tableau, à savoir "le nationalisme, c’est la guerre".

L’eurodéputé libéral a convoqué la presse le 3 avril 2013 pour lancer une mise en garde et un appel à respecter l’égalité statutaire de tous les Etats membres.Charles Goerens

"L’année 2013 est l’année de les tous les dangers", s’inquiète en effet Charles Goerens. Car, s’il entrevoit quelque espoir dans les progrès observés, au prix d’immenses sacrifices, au Portugal, en Espagne ou en Grèce, l’eurodéputé juge inacceptables les dérives verbales qui se multiplient, laissant entendre le vocabulaire de la division, de l’arrogance et de la stigmatisation. La façon dédaigneuse dont Chypre a été traitée est inacceptable, tout comme sont inacceptables selon Charles Goerens les amalgames qui ont été faits entre différents pays qui, malgré quelques similitudes, ne sont en rien comparables. Le tout accompagné d’un silence complice de la part des institutions européennes.

Pourtant, estime Charles Goerens, le Luxembourg est en mesure de soutenir la comparaison avec d’autres Etats membres à bien des égards, notamment en ce qui concerne la situation de ses finances publiques et de sa dette. L’eurodéputé n’a pas manqué de saluer la défense pertinente et appropriée qu’a opposée le gouvernement luxembourgeois à ces attaques. Et lorsqu’un journaliste a pointé la position du Luxembourg en matière fiscale, il a assuré que le Luxembourg bouge dans ce domaine, et affiche même une attitude "exemplaire" en matière d’entraide judiciaire.

Le climat qui règne contribue à renforcer l’impression que la réalité a pris le dessus sur le rêve en matière européenne, mais aussi à faire céder toujours plus la confiance dans l’intégration européenne, déplore Charles Goerens. Si l’intégration européenne est souvent jugée responsable de toutes les dérives, c’est en fait l’approche intergouvernementale qui prime actuellement qui en est la cause, explique l’eurodéputé. Il observe notamment que "l’esprit de Jean Monnet a déserté l’Eurogroupe" où sont décidés des choix politiques qui, explique l’eurodéputé, sont dictés par Berlin, quitte à être ensuite péniblement nuancés dans d’autres instances, et vont bien au-delà des exigences fixées dans le pacte de stabilité et de croissance.

C’est pour marquer son indignation devant des "attitudes et un vocabulaire des années trente", et rappeler qu’il y a, en vertu des traités, des droits et des obligations qui valent pour tous les Etats-membres, quelle que soit leur taille, que Charles Goerens a adressé à José Manuel Barroso une lettre ouverte l’invitant à "siffler la fin de la récréation". Pour l’eurodéputé, le président de la Commission est en effet la personne la mieux placée pour faire respecter les dispositions des traités, à commencer par le principe de l’égalité statutaire de tous les Etats membres. "Ce qui ne va pas, c’est que l’on s’accommode d’une telle situation, qui est contraire à une approche européenne et marquée par un manque de solidarité, de respect et d’empathie", déplore Charles Goerens en espérant que son plaidoyer en faveur de la méthode communautaire soit entendu et sorte les institutions du "consensus mou" dans le cadre duquel les petits pays doivent jouer "les boucs émissaires dans la crise de la zone euro".