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Visite de travail au Portugal – Le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, défend la nécessité de la consolidation budgétaire et des réformes structurelles, tout en rendant attentif au "risque d’un mécontentement durable" au Portugal et en Europe
03-05-2013


Jean-Claude Juncker et Aníbal Cavaco Silva © Luís Filipe Catarino/Presidência da RepúblicaDu 2 au 4 mai 2013, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, effectuait une visite de travail au Portugal.

Le 2 mai, le Premier ministre a d'abord rencontré longuement son homologue portugais, Pedro Passos Coelho, et le ministre des Finances, Vitor Gaspar. "Le Portugal se porte de mieux en mieux", a-t-il déclaré à l'issue d'une longue entrevue, selon le communiqué de presse du gouvernement, diffusé le 3 mai 2013. Elogieux envers le Portugal, Jean-Claude Juncker a critiqué les raccourcis qui le visent régulièrement. "J'ai beaucoup d'admiration pour le courage de toutes les forces politiques au Portugal. Et je rejette avec détermination l'image parfois négative du Portugal et des autres pays de l'Europe du Sud au Nord de l'Union européenne. Le Nord n'a le monopole ni de la vertu budgétaire ni de la sagesse politique!"

Les deux chefs de gouvernement ont désigné la création d'emplois comme "le plus important défi politique du moment" et misé, pour y parvenir, sur "une politique de croissance inclusive" combinée à "une stratégie de sortie des programmes d'ajustement". Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker "a réaffirmé son idée d'une mutualisation des dettes dans la zone euro", précise encore le communiqué de presse du gouvernement.

Au lendemain de sa rencontre avec Jean-Claude Juncker, le Premier ministre portugais a annoncé une série de coupes budgétaires dans les dépenses publiques afin de tenir les objectifs fixés par la troïka (un déficit public à 5,5 % du PIB en 2013, 4 % en 2014 et 2,5 % en 2015), en contrepartie de son soutien financier. Il a dit s'être refusé à relever les impôts afin de ne pas "compromettre les perspectives de récupération économique, de l'emploi et de l'investissement", alors que le PIB devrait reculer de 2,3 % en 2013 et le chômage dépasser le taux record de 18 %.

La combinaison du report de l'âge du départ à la retraite à taux plein à 66 ans, de l'allongement du temps de travail des fonctionnaires de 35 à 40 heures et la réduction de 4,2 % du nombre de fonctionnaires, par les départs volontaires de 30 000 d'entre eux, doivent permettre au Portugal de remplir les conditions pour recevoir une nouvelle tranche d'aide  de 2 milliards d'euros dans le cadre du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé par l'UE et le FMI en mai 2011 d'une part, et un allongement des délais de remboursement des prêts déjà accordés d'autre part.

Ces mesures qui doivent permettre des économies de 4,8 milliards d'euros d'ici 2015 compensent notamment le rejet de mesures d'économies à hauteur de 1,6 milliards d'euros par la Cour constitutionnelle portugaise au début du mois d'avril.

Jean-Claude Juncker met en garde contre les "effets pervers d'une austérité aveugle"

Le jour de ces annonces, le Premier ministre Jean-Claude Juncker rencontrait le président du Portugal Aníbal Cavaco Silva et le ministre des Affaires étrangères Paulo Portas. Il a déclaré à l'issue de l'entrevue que le Portugal était "sur la bonne voie". "Je crois profondément en son avenir", a-t-il précisé, comme le rapporte également le communiqué de presse du gouvernement.

Jean-Claude Juncker a affirmé à cette occasion que seule une "combinaison intelligente et courageuse" de la consolidation budgétaire et des réformes structurelles, jugées "nécessaires et sans alternative", peuvent permettre de redresser la situation. Néanmoins, le Premier ministre a prévenu qu'il fallait veiller durant ce processus à éviter les "effets pervers d'une austérité aveugle". "Le risque d'un mécontentement durable est bien réel - et au Portugal et en Europe", a-t-il dit.

"Nous devons expliquer l'Europe aujourd'hui par son passé - la paix -, par son présent - la croissance et la consolidation - et, surtout, par son avenir! Et cet avenir, c'est un même destin pour notre continent. Et c'est également notre modèle social européen. Réapproprions-nous cette Europe qui est notre Europe. Faisons vivre cette Europe !", a  d'ailleurs lancé le Premier ministre le même jour, à l'occasion de la réception du  titre de doctor honoris causa de l'Université de Porto. Durant son discours, Jean-Claude Juncker a une nouvelle fois formulé "son espérance pour l'avenir politique et économique du Portugal" et loué ce pays qui "fait face à la crise avec un énorme courage". "Je salue le consensus relatif à la consolidation budgétaire pour laquelle il n'y a pas d'alternative", a-t-il dit, appelant par ailleurs à une revalorisation du travail: "Je suis contre une société où l'argent est tout et le travail est rien", a affirmé le Premier ministre.

Enfin, à l'issue de la cérémonie officielle à l'université de Porto,  le Premier ministre est parti à la rencontre de quelques manifestants du mouvement "Que se lixe a troika" ("Que la troïka aille se faire foutre", comme le traduit le communiqué de presse du gouvernement) qui l'attendaient devant les portes de l'établissement. "A nouveau, son message fut un message d'équilibre politique, économique et, surtout, de justice sociale. Jean-Claude Juncker s'est d'ailleurs dit d'accord avec les jeunes manifestants en ce qui concerne la nécessité d'une plus grande protection sociale des plus démunis de nos sociétés européennes", lit-on dans la source gouvernementale.