En visite officielle au Portugal, Jean-Claude Juncker a rencontré le 9 novembre 2011 son homologue portugais, le Premier ministre Pedro Passos Coelho, avec lequel il s’est entretenu notamment du suivi des derniers Conseils européens et de la dernière réunion de l'Eurogroupe, ainsi que la question de la gouvernance économique de la zone euro.
Lors de la conférence de presse qui a suivi cette entrevue, Jean-Claude Juncker a déclaré ne pas penser "que le Portugal ait besoin d'une aide allant au-delà des 78 milliards d'euros" qui lui ont été accordés dans le cadre du plan d’aide décidé au mois de mai 2011. Le Portugal accueille depuis le début de la semaine une mission de la troïka UE-FMI-BCE, d'une durée d'environ deux semaines, qui doit évaluer, en vue du versement de la troisième tranche du prêt accordé au Portugal, d'un montant de quelque 8 milliards d'euros, les progrès réalisés par le Portugal dans le cadre du programme de réformes et de consolidation budgétaire qui conditionne cette aide.
Le Premier ministre portugais avait indiqué à la veille de l’arrivée des experts de la troïka que son gouvernement proposerait à cette occasion "certains ajustements" au programme d'assistance économique et financière qui prendraient "en compte le scénario macroéconomique et l'évolution des principaux indicateurs". Son intention était de "trouver des solutions plus flexibles" qui permettraient "d'assurer un financement plus adapté à l'économie". Le point du programme international prévoyant que les entreprises publiques "se financent auprès des marchés internationaux est aujourd'hui complètement irréaliste", expliquait-il, insistant sur le fait que son gouvernement était "en train de faire un ajustement considérable" des finances publiques et qu’il avait "besoin à présent que l'économie soit en mesure de se financer afin que la croissance économique puisse avoir lieu".
Aux côtés de Jean-Claude Juncker, Pedro Passos Coelho a expliqué que "le Portugal est en train d'appliquer son programme et réaffirme que tous ses objectifs seront intégralement atteints"."Il ne s'agit aucunement d'une renégociation des montants, des objectifs ou des délais", a-t-il précisé. Pour le président de l’Eurogroupe, "certains ajustements techniques seront nécessaires", mais Jean-Claude Juncker a affirmé ne pas pouvoir dire "que nous serons favorables à un ralentissement des efforts ou à débloquer plus d'argent". "Les objectifs doivent être respectés", a-t-il souligné.
Comme le Premier ministre luxmebourgeois l’a expliqué sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg, le budget 2011 du Portugal risque de connaître un déficit dépassant les 7 %, soit 1,8 % de plus que prévu. "Nous allons devoir en parler", a indiqué Jean-Claude Juncker qui juge nécessaire que de nouvelles mesures soient prises et que des efforts considérables soient faits pour le budget 2012. "Ce n’est pas simple pour ce pays dans lequel il n’y a pas que des riches, mais aussi des gens qui déjà avant ne s’en sortaient pas très bien et qui risquent maintenant de souffrir particulièrement fort des effets de ces mesures d’austérité", a reconnu Jean-Claude Juncker, assurant cependant que le Portugal, qui tient une place à part dans le cœur des Luxembourgeois, ne serait pas laissé seul dans ces moments difficiles.
Pour autant, comme le rapporte le journaliste Ady Richard dans le Luxemburger Wort daté du 10 novembre 2011, Jean-Claude Juncker a bien insisté sur le fait que la situation du Portugal n’est en rien comparable à celle que traverse la Grèce. "Nous avons là affaire à une crise temporaire", a-t-il souligné, saluant aussi le fait qu’au Portugal "gouvernement et opposition vont dans le même sens". "Il n'y aura jamais d'euro sans le Portugal", a déclaré Jean-Claude Juncker, se disant "très satisfait des efforts du Portugal".
Quant à l’Italie, dont le Premier ministre Silvio Berlusconi a annoncé le 8 novembre 2011 qu’il démissionnerait dès que les mesures d’austérité et les réformes auxquelles il s’était engagé auprès de ses pairs le 26 octobre 2011 auraient été votées au Parlement, Jean-Claude Juncker a constaté que "les choses ont changé depuis hier soir". Conséquence, "nous devons attendre le prochain gouvernement", a noté le président de l’Eurogroupe qui a cependant précisé que "le prochain gouvernement devra se charger de tous les engagements qui ont été indiqués dans la lettre que M. Berlusconi a envoyé à l'Union européenne". "L'Italie doit prouver que nous avons raison de lui faire entièrement confiance. L'Italie doit non seulement annoncer des mesures mais aussi les mettre en œuvre", a déclaré Jean-Claude Juncker.