Le mardi 12 novembre 2013, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration, Nicolas Schmit, a participé, sur invitation du ministre français du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, Michel Sapin, à la Conférence européenne sur l’emploi des jeunes à Paris.
En amont de la conférence, Nicolas Schmit a présidé, en sa qualité de président du groupe des ministres socialistes et sociaux-démocrates du Conseil "Emploi, politique sociale, santé et consommateurs" (EPSCO), une réunion des ministres socialistes et sociaux-démocrates du Travail et de l’Emploi, cela en présence de Martin Schulz, président du Parlement européen et candidat tête de liste pour les élections européennes des sociaux-démocrates européens..
Selon les derniers chiffres sur le chômage d'Eurostat, les jeunes sont bien plus touchés par le chômage que leurs aînés. En septembre 2013, 5,584 millions de jeunes de moins de 25 ans (soit 23,5 %) étaient au chômage dans l’UE, dont 3,548 millions (24,1 %) dans la zone euro, contre respectivement 23,1% et 23,6% en septembre 2012. Par rapport à septembre 2012, Eurostat souligne néanmoins que le nombre de jeunes chômeurs a diminué de 57 000 personnes dans l’UE, mais qu'il a augmenté de 8 000 dans la zone euro. Chez ces derniers, les taux les plus bas en septembre 2013 ont été observés en Allemagne (7,7 %) et en Autriche (8,7 %), et les plus élevés en Grèce (57,3 % en juillet 2013), en Espagne (56,5 %) et en Croatie (52,8 % au troisième trimestre 2013). Au Luxembourg, ce sont 18,8 % des moins de 25 ans qui sont concernés par le chômage. Un an plus tôt, ils étaient 18,1 %.
La séance plénière de la conférence de Paris a réuni les chefs d’Etat et de gouvernement et les ministres du Travail et de l’Emploi européens qui ont de fait le point sur la mise en œuvre dans les États membres des outils de prévention et de lutte contre le chômage des jeunes, notamment sur la garantie européenne pour la jeunesse et l’utilisation des fond européens de l’ordre de six milliards d’euros qui sont censés soutenir cette démarche. Mais au total, ce sont environ 45 milliards d'euros qui seraient mobilisés sur trois ans pour l'emploi des jeunes : les six milliards d'euros alloués en juin par le Conseil européen, 18 milliards venant de la BEI et 21 milliards à travers des projets du Fonds social européen.
Pour l’Agence Europe, la conférence sur l'emploi des jeunes de Paris "a eu les allures d'un véritable sommet européen". En effet, tous les États membres de l'UE étaient présents, dont 24 chefs d'État ou de gouvernement, ainsi que de tous les présidents des institutions européennes. Un grand absent a été le Premier ministre britannique, David Cameron. La conférence s’inscrivait dans la lignée de celle qui s’était tenue le 3 juillet 2013 à Berlin.
Le président français, François Hollande, qui avait présidé la rencontre, a fait à son issue une déclaration où il est question du calendrier et des trois priorités identifiées par la conférence.
Du côté calendrier, l’objectif est de mettre en place dans les deux ans à venir la "garantie jeunesse" censée permettre à chaque jeune de pouvoir disposer d’un emploi ou d’une formation ou d’un accompagnement.
Cet objectif devrait être atteint à travers trois priorités :
Les instruments financiers pour atteindre ces objectifs se trouvent, selon le président, "en partie déjà, dans le budget européen et pourront encore être amplifiés dans ce que l’on appelle 'le cadre financier pluriannuel', c’est-à-dire les prochains budgets européens." Tous les pays qui auront adressé à la Commission européenne leur programme pour la mise en place de la garantie jeunesse pourront disposer selon François Hollande, qui a invoqué l’urgence, la solidarité et l’exigence de qualité, dès le 1er janvier 2014 des financements correspondants. Le Luxembourg fait partie des huit Etats membres qui ont déjà adressé leur programme à la Commission européenne.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a quant à elle souligné que l'organisation d'un tel sommet en dehors des réunions formelles de l'UE se justifiait "par le caractère national du problème et de ses solutions".
Nicolas Schmit, qui a à plusieurs reprises exprimé ses doutes quant à la méthodologie de ce type de réunions qui ne se déroulent pas dans le cadre des traités européens, alors qu’une décision comme celle sur la Garantie pour la jeunesse l’a bien été, a expliqué au quotidien luxembourgeois Tageblatt que néanmoins, le fait que 24 chefs d’Etat et de gouvernement se rencontrent sur la question spécifique du chômage des jeunes a pour effet qu’ils se placent eux-mêmes dans l’obligation de fournir des résultats. Ce qui n’est pas sans dangers : si des résultats concrets ne sont pas rapidement atteints, ce genre de "show politique" risque de renforcer le sentiment de rejet de l’UE. D’où d’ailleurs la décision qu’une nouvelle réunion de ce genre sera organisée avant les élections européennes du 25 mai 2014, de surcroît en Italie, où le chômage des jeunes a dépassé les 40 % en septembre 2013.
Si le cadre financier pour lutter contre le chômage des jeunes sera désormais élargi, c’est aussi, selon Nicolas Schmit, pour compenser le fait que les banques "qui profitent des taux d’emprunt extrêmement bas", n’offrent pas de crédits aux jeunes. Le nouveau gouvernement luxembourgeois devrait aussi aller dans cette direction. Nicolas Schmit a également souligné que des 6 milliards prévus pour la Garantie pour les jeunes, aucun cent n’avait été dépensé.
Pour le ministre, le chômage des jeunes ne doit pas être considéré comme une question à part. Elle est liée à la situation de l’économie en général et au chômage qui frappe 27 millions de personnes dans l’UE, dont 6 millions de jeunes en-dessous de 25 ans. S’y ajoute que dans les pays en crise qui ont de graves problèmes budgétaires, la création d’emplois n’est pas la première des priorités. D’où la nécessité de réfléchir à des alternatives aux simples économies budgétaires, comme la mise à disposition de moyens financiers qui permettent d’investir, de créer des emplois, de relancer la croissance.