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Audiovisuel et médias - Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination
Dans l’édition 2014 de son classement mondial de la liberté de la presse, RSF observe que les droits fondamentaux sont garantis dans l’UE, mais qu’ils n’en sont pas moins menacés, certains pays étant considérés comme "à la dérive"
13-02-2014


L’édition 2014 du Classement mondial de la liberté de la presse révèle notamment l’impact négatif des conflits sur la liberté de l’information et ses acteurs. Mais le rapport rédigé chaque année par Reporters sans frontières (RSF) met aussi en avant le fait que le rang d’un certain nombre de pays est également affecté par une interprétation trop large et abusive du concept de la protection de la sécurité nationale, aux dépens du droit d’informer et d’être informé. Une tendance qui constitue "une menace croissante au niveau global, dangereuse pour la liClassement 2014 de la liberté de la presse par RSFberté de l’information jusqu’au cœur des États de droit" selon RSF. Et qui touche certains des Etats membres de l’UE ou des pays qui aspirent à la rejoindre.

Union européenne : "des droits fondamentaux garantis mais menacés"

L’Europe domine largement le classement mondial de la liberté de la presse, avec trente et un représentants sur les cinquante pays les mieux classés, parmi lesquels notamment la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège, qui occupent la tête du classement depuis de nombreuses années. Le Luxembourg suit ce trio de tête et apparaît en quatrième position dans ce classement.

Pourtant, RSF relève que, malgré les bonnes performances de l’UE au classement, "des faits regrettables entachent l’action de certains États membres en matière de protection de la liberté de l’information".

Parmi eux, RSF cite le Royaume-Uni (33e) et la France (39e), "pays traditionnellement respectueux de la liberté de la presse, mais qui ont connu une année 2013 inquiétante".

La France est en recul d’une place, et RSF cite notamment la décision prise par la justice française de faire retirer les enregistrements de l’affaire Bettencourt des publications de Mediapart et du Point comme "une atteinte grave à liberté de la presse, violant le droit du public à être informé d’une affaire d’intérêt général impliquant des responsables politiques de premier plan".

Dans le cas du Royaume-Uni, RSF observe qu’en "mélangeant journalisme et terrorisme, les autorités britanniques reproduisent de manière inquiétante et surtout avec une facilité déconcertante l’une des pratiques les plus répandues des régimes autoritaires".

RSF en conclut que "si la liberté de l’information bénéficie d’un encadrement légal de qualité et s’exerce de manière relativement satisfaisante à l’échelle de l’Union européenne, elle reste soumise à rude épreuve dans certains pays membres, y compris chez ceux se réclamant le plus des libertés individuelles".

"Des pays européens à la dérive sombrent dans le classement"

Dans le classement de RSF, la Grèce (99e) et la Bulgarie (100e) apparaissent dans les dernières places des pays de l’UE.

En Bulgarie, RSF fait notamment état d’agressions répétées des forces de l’ordre à l’encontre de journalistes en marge des manifestations qui ont secoué le pays.

La Grèce quant à elle a perdu plus de cinquante places au classement en l’espace de cinq ans. "Une chute vertigineuse pour la plus vieille démocratie du monde", commentent les auteurs du rapport qui font un tableau bien sombre d’un pays frappé par la crise, qui affecte tout particulièrement le secteur médiatique, qui souffre aussi d’une "réputation plombée par des années de clientélisme". L’année 2013 est plus précisément marquée par la décision du gouvernement de fermer le groupe d’audiovisuel public ERT qui n'avait pas manqué de faire débat à l'été 2013.

La Hongrie (64e) est "confrontée, depuis l’accession au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, à une érosion continue des libertés publiques, au premier rang desquelles celle de l’information", observe RSF. L’Union européenne est parvenue à faire revenir le gouvernement hongrois sur certaines dispositions de la loi sur les médias adoptée en 2011, mais pas à ajourner les plus liberticides, observent les auteurs du classement qui font de la station Klubradio, qui a dû se battre pour obtenir le renouvellement de sa licence de radio, "le symbole de la lutte pour le droit à être informé".

RSF fait un focus tout particulier sur la Croatie (65e) qui vient de rejoindre l’UE. Si le pays a opéré des transformations importantes, parmi lesquelles l’inscription, en 2010, dans la Constitution de la liberté des médias et du droit à accéder à l’information, "de nombreux progrès restent à faire , observent les auteurs du rapport qui pointent notamment le manque d’indépendance de la société de radiotélévision croate (HRT), groupe d’audiovisuel public, dont le travail est soumis à un contrôle politique des contenus par le parti majoritaire, suite à une réforme menée par le gouvernement de Zoran Milanović.

Les Balkans : "une poudrière pour les journalistes"

RSF consacre un chapitre aux Balkans. Les commentaires sont sans détours.

Ainsi, dans le cas de la Macédoine (123e), "le vernis démocratique utilisé par le gouvernement macédonien depuis quelques années ne fait que cacher la multiplication des atteintes à la liberté de l’information".

Au Monténégro (134e), "la sécurité des journalistes demeure une préoccupation majeure". "La classe politique du pays maîtrise parfaitement le langage des institutions européennes", souligne RSF qui l’accuse de maintenir "à l’intention de la communauté internationale l’illusion d’une ambition démocratique".

Quant à l’Albanie (85e), RSF ne fait que souligner l’ampleur de la tâche qui revient au gouvernement issu des élections de juin 2013 en matière de médias.

Pour ce qui est de la Turquie, qui est classée à la 154e place, RSF observe qu’elle "n’enregistre aucune amélioration et demeure l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes".

Sur la méthode

Ce classement est fabriqué à partir des réponses à des questionnaires envoyés par Reporters sans frontières à des organisations partenaires (soit dix-huit associations de défense de la liberté d’expression), à son réseau de 150 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme.

Sont également prises en compte des problématiques telles que le degré d’autocensure affectant les producteurs d’information, l’ingérence du pouvoir dans le contenu éditorial ou encore la transparence des dispositifs gouvernementaux. Le cadre légal ainsi que sa performance font également l’objet de questions plus détaillées. Pour ce classement, RSF a également ajouté les questions de concentration économique, de favoritisme dans l’attribution des subventions, de répartition de la publicité publique, de discrimination dans l’accès aux professions du secteur médiatique et de formation au journalisme ont été prises en compte.

Sept notes composent la note finale du pays : pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures, degré de violences à l’encontre de journalistes sur la période donnée.