Le 29 avril 2014, les six candidats du parti déi Gréng ont présenté leur programme en vue des élections européennes du 25 mai 2014. Le parti avait remporté un siège sur six lors des élections européennes de 2009 et Claude Turmes, alors élu pour son troisième mandat, est à nouveau tête de liste.
L’accent a été mis sur cinq grandes priorités, à savoir la protection des consommateurs, la politique énergétique, la politique sociale, la politique environnementale et la transparence. Autant de thèmes sur lesquels va s’articuler la campagne du parti.
Lorsqu’il s’agit de décliner leurs grandes priorités en propositions d’action, déi Gréng disent vouloir "bouger l’Europe" et ils proposent un "Green New Deal" axé sur trois grandes mesures : un durcissement des règles encadrant l’industrie financière afin de la mettre au service de l’économie réelle, une transformation verte de l’économie basée sur l’innovation et la lutte contre le chômage, la pauvreté et toute autre sorte d’injustice sociale.
Et pour financer la renaissance d’une industrie européenne durable, déi Gréng proposent de faire de la place financière luxembourgeoise le site d’investissement clé de l’économie de l’UE dans le domaine du financement des jeunes entreprises innovatrices.
Soucieux d’apporter "un nouvel élan afin de faire progresser les idéaux de la politique verte dans un monde globalisé", déi Gréng soulignent que "l’Europe reste notre avenir" malgré les "lacunes" qu’ils dénoncent dans la politique actuelle de l’UE. Aussi, leur message, qui vise explicitement le "populisme antieuropéen de droite", est-il clair : "l’Europe doit changer, mais elle reste notre avenir commun".
Un des principaux engagements des candidats est d’adopter "une voix verte pour le Luxembourg en Europe" et de "réorienter la politique européenne du Luxembourg", dont la réputation est de plus en plus "ternie" et "l’isolement" en partie dû "au poids déterminant de puissants lobbies industriels et bancaires dans la politique européenne du Luxembourg".
"Seul, le Luxembourg ne sera pas en mesure de survivre sur l’échiquier européen et doit éviter de s’isoler sur le plan de la politique européenne", constatent déi Gréng qui veulent bâtir des alliances plus fortes, tant à l’échelle des gouvernements qu’au sein du Parlement européen. "Notre pays doit agir de manière plus constructive et mieux s’affirmer dans les questions liées aux politiques environnementale et sociale", plaident-ils en plaidant pour "mieux contrôler l’économie financière et limiter le changement climatique avec nos partenaires européens".
déi Gréng s’engagent ainsi à placer "la politique européenne au cœur du débat politique au Luxembourg" et à améliorer "nettement sa transparence et son contrôle démocratique". Ils expliquent leur stratégie, qui vise à "plutôt consolider le rôle du Parlement que celui du Conseil des gouvernements dans la prise de décision" tout en impliquant mieux les citoyens par l’initiative citoyenne européenne, mais aussi en donnant plus de poids aux organisations non gouvernementales et aux syndicats.
Les Verts proposent d’organiser une consultation entre députés nationaux et européens dans le cadre d’une commission parlementaire sur la politique extérieure et la politique européenne afin de discuter des nouvelles propositions de la Commission européenne. L’objectif : discuter en amont des projets de textes législatifs et consolider la position de négociation du gouvernement au Conseil européen.
Autre engagement des Verts, dont il faut rappeler qu’ils participent au gouvernement issu des élections législatives d’octobre 2013, "rendre transparente la position du Luxembourg au niveau des groupes de travail et des réunions du Conseil pour pouvoir en informer immédiatement les citoyens". Les Verts entendent aussi "accorder davantage de moyens à la société civile luxembourgeoise pour l’aider à remplir sa tâche de contrôle de la politique européenne du Luxembourg".
Pour ce qui est de la politique de siège, déi Gréng s’engagent pour que toutes les institutions et administrations européennes sises à Luxembourg y restent, en améliorant leurs conditions de travail, et par conséquent les connexions ferroviaires avec Bruxelles.
Pour déi Gréng, un des enjeux des élections est de "donner la priorité à la protection de l’environnement et du climat" et ils entendent "développer la politique commune" dans ces domaines "car elle préserve notre santé et notre qualité de vie".
Dans ce domaine, ils insistent en particulier sur l’efficacité énergétique, la mise en œuvre de la directive négociée par Claude Turmes et son amélioration étant leur priorité. Ils réaffirment aussi leur "engagement pour le développement des énergies renouvelables, d’un air pur, d’une meilleure protection de l’eau et d’une politique de production ménageant les matières premières".
L’énergie nucléaire n’a à leurs yeux "aucune place" dans les scénarios d’avenir. Quant aux gaz de schiste et autres carburants fossiles non conventionnels, ils "ont des répercussions négatives sur la santé et l’environnement" et il est "impératif d’interdire immédiatement la fracturation hydraulique", soulignent les Verts.
Pour ce qui est des agro-carburants, déi Gréng appellent à renoncer à l’utilisation des cultures alimentaires pour les carburants et ils proposent comme double alternative de privilégier des modes de transport plus durables et de développer des carburants produits à partir de déchets.
En matière d’agriculture, déi Gréng veulent soutenir les petits agriculteurs, la production régionale ainsi que l’agriculture biologique. Ils rejettent toute nouvelle privatisation de semences et de matières végétales et s’opposent à l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM).
Autre engagement des Verts luxembourgeois, leur "opposition à ce que le marché intérieur serve à alléger les normes sociales et écologiques", et leur volonté de "combattre le dumping social dans l’Union européenne et de supprimer les dérogations aux normes sociales".
Déi Gréng, qui dénoncent par exemple les contrats "zéro heure" qui ne mentionnent aucune durée fixe de travail, les minijobs ou les stages abusifs, plaident pour des normes sociales minimales, notamment en termes de qualité et de sécurité de l’emploi, de revenus, de système de soins publics et de retraites. Le parti réclame "une meilleure portabilité des droits sociaux entre les différents pays membres" et appelle à "renforcer les conventions collectives transfrontalières, instaurer des comités d’entreprise européens et harmoniser progressivement les salaires minimum nationaux".
"Le marché intérieur ne peut remettre en question la protection d’un service public abordable de qualité : par exemple, en ce qui concerne l’approvisionnement en eau, l’élimination des déchets, la performance des transports publics, les services de santé ou d’éducation, les services sociaux ou culturels", affirment déi Gréng qui estiment que, pour le garantir, les communes doivent disposer dans leurs prises de décisions de suffisamment de marge de manœuvre.
En matière de fiscalité, déi Gréng affichent pour objectif de "rétablir la justice fiscale et l’efficacité du système fiscal". "Nous soutenons la taxe sur les transactions financières, même si des lobbies puissants s'opposent à ce projet", mentionne le programme du parti qui prône aussi "une approche européenne commune de l’impôt sur les sociétés, avec des taux planchers, et l’introduction d’un impôt sur la fortune coordonné dans toute l’UE". "Nous soutenons la pression politique exercée contre l’évasion fiscale, la fraude fiscale et le secret bancaire", ajoutent encore les Verts.
Mieux protéger le consommateur est un autre leitmotiv des Verts dans la campagne, et ils s’engagent notamment pour la transparence de l’étiquetage des produits alimentaires et le, plus largement, le respect de normes écologiques, sociales et de commerce équitable.
Dans ce contexte, déi Gréng prennent position sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) qui est en cours de négociations entre UE et USA : "déi Gréng s’opposent au manque de transparence dans ces négociations et contrecarreront la suppression des normes en vigueur en Europe au nom de la protection de la santé, de l’environnement et des droits civils".
Le refus des Verts porte notamment sur l’idée que des produits issus des biotechnologies arrivés sur le marché américain puissent obtenir systématiquement une autorisation pour l’Union européenne ou encore sur l’idée que des entreprises privées puissent porter plainte contre des gouvernements élus par voie démocratique dans le but d'imposer leurs propres intérêts au détriment de réformes sociales ou environnementales.
"Pratiquer la transparence au lieu du lobbying" est un des principaux axes du programme des Verts pour ces européennes. Ils affichent en effet leur volonté d’une Europe où les citoyens "puissent avoir confiance dans les représentants politiques qu’ils ont élus, parce que ces derniers s’attachent à servir l’intérêt public et pas les intérêts des lobbies" et leur objectif est par conséquent de "gouverner de manière ouverte et transparente dans toute l’Europe, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale et européenne".
Concrètement, déi Gréng plaident pour un registre de transparence européen contraignant afin d’améliorer le contrôle des lobbies.
Ils proposent aussi d’établir un registre national des lobbies pour rendre plus transparent le travail des représentations d’intérêts et en assurer un meilleur contrôle. "Il existe dans les capitales des pays membres, que ce soit à Berlin, Paris, Londres ou Luxembourg, un lobbying déloyal encore plus fort que celui pratiqué à Bruxelles et à Strasbourg", précisent déi Gréng dans leur programme. Selon leur proposition, les groupes d’intérêts souhaitant s'adresser au gouvernement et aux député-e-s nationaux ou européens devaient indiquer dans ce registre quelles activités ils entendent poursuivre et quels moyens financiers ils comptent y allouer.
La protection des données, qu’ils considèrent comme un droit civil fondamental, est un élément important du programme des Verts qui plaident pour "une bonne protection des données harmonisée à l’échelle européenne, telle qu’elle a été proposée par le rapporteur vert au Parlement européen et telle qu’elle fait l’objet de négociations avec les gouvernements".
Dans ce contexte, déi Gréng dénoncent la surveillance des institutions européennes par les services secrets et ils appellent à une révision du travail des services secrets et à des engagements des pays membres à mettre un terme aux espionnages mutuels. Ils plaident aussi pour interdire aux entreprises de transférer ou de transmettre des données de citoyens européens vers des pays tiers si elles ne respectent pas les règles strictes de protection des données en vigueur dans l’UE. Dans leur programme, le parti écologiste propose d’améliorer l’accord entre les Etats-Unis et l’UE portant sur la sauvegarde des données des passagers du trafic aérien par la voie d’une renégociation.
Déi Gréng proposent l’établissement d'une nouvelle Charte numérique des droits fondamentaux qui interdirait entre autres la surveillance généralisée et systématique des personnes. Ils plaident aussi pour l’insertion contraignante d'une définition stricte de la neutralité du réseau dans le droit européen.
En matière de politique étrangère, déi Gréng expriment leur désir de voir l’UE jouer "un rôle de premier ordre lorsqu’il s’agit de défendre l’équité et la solidarité ou de restaurer la paix au niveau global" et de voir les pays membres "parler d’une voix dans la politique étrangère et la politique de sécurité". Ils insistent pour que l’UE applique le principe de cohérence des politiques et plaide pour que l’UE encourage une gouvernance mondiale multilatérale.
En matière d’asile et d’immigration, déi Gréng réclament "une révision radicale du règlement Dublin III, de sorte que les demandeurs d’asile puissent eux-mêmes choisir le pays dans lequel ils souhaitent demander l’asile". "Les pays membres doivent pour ce faire partager la responsabilité", indique le programme des Verts.