La Confédération européenne des syndicats (CES) a lancé le 26 juin 2014 un appel aux dirigeants de l’UE réunis en Conseil européen afin de soutenir les propositions du président français François Hollande pour un plan d’investissement équivalent à 2 % du PIB européen et du Premier ministre italien Matteo Renzi qui plaide pour la levée des mesures d’austérité et pour des investissements en faveur de la croissance et de l’emploi.
Deux jours auparavant, François Hollande proposait "une application des règles budgétaires favorable à l'investissement et à l'emploi", avec un ambitieux programme d'investissement, dans un document adressé au président sortant du Conseil européen Herman Van Rompuy. Le même jour, Matteo Renzi tenait un discours presque identique devant les députés italiens.
Les deux dirigeants socialistes, qui s’étaient concertés le 21 juin 2014 à Paris à l’occasion d’un mini-sommet des dirigeants sociaux-démocrates européens auquel avait aussi participé Jean Asselborn, se sont tous deux défendus de vouloir dépasser la limite des 3 % de déficit budgétaire par rapport au PIB. Il s'agit "d'utiliser la marge de flexibilité qui existe" dans les traités européens, a précisé ainsi Matteo Renzi, tandis que François Hollande plaidait pour "tirer pleinement parti des flexibilités afin notamment de tenir compte des réformes engagées par les pays et de leur situation économique".
Pour relancer l'investissement, François Hollande prône un "programme d'investissements à cinq ans en mobilisant les ressources publiques européennes et nationales ainsi que les ressources de l'épargne privée et les grands investisseurs". Estimant "les principaux besoins" à 2 % du produit intérieur brut, soit environ 240 milliards d'euros annuels, le chef de l'Etat français identifie "cinq domaines prioritaires": "grandes infrastructures", "recherche et l'innovation", "efficacité énergétique", "formation et la qualification des jeunes" et "besoins en matière de santé".
"Les responsables de l’UE disent vouloir lutter contre le chômage", a déclaré Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES, "mais les politiques qu’ils ont mises en place jusqu’à présent ne créeront pas d’emplois."
Pour la CES, "l’Europe a besoin d’investissements, pas de dérégulation. La crise a été provoquée par le secteur financier et la solution pour en sortir n’est pas de réduire les conditions de travail. Les gens ordinaires n’ont déjà que trop souffert."
Depuis plusieurs années déjà, la CES dénonce des politiques essentiellement basées sur la réduction des dépenses publiques qui "détruisent l’emploi et risquent d’entraîner une déflation". Les 26 millions de chômeurs que compte l’UE et la baisse des salaires observées ces cinq dernières années dans 18 des 28 Etats membres inquiète la CES et la conforte dans l’idée qu’il faut faire plus pour relancer la demande et ainsi créer des emplois.
"De nouvelles initiatives sont nécessaires pour stimuler l’économie. Au lieu de se dire inquiets face au chômage, les responsables européens doivent maintenant passer à l’acte et mettre en œuvre les propositions de Hollande et Renzi", plaide par conséquent Bernadette Ségol.
Pour ce qui est de la méthode à appliquer, la CES conteste l’idée selon laquelle la déréglementation et les réformes du marché du travail contribuent à la relance. La confédération des syndicats se montre ainsi critique par rapport aux tentatives de la Commission européenne visant à s’assurer du soutien de son programme REFIT de déréglementation lors du Conseil européen. "Le projet de conclusions du Conseil que la CES a pu consulter semble inclure une tentative mal dissimulée d’exclure les petites et moyennes entreprises du champ d’application de la législation", indique la CES qui plaide au contraire pour davantage de dialogue entre syndicats et employeurs ainsi qu’avec les décideurs nationaux et européens pour trouver des solutions à la crise.
En ce qui concerne le paquet climat et énergie 2030 à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de gouvernement, la CES est d’avis qu’il contribuerait davantage à la création d’emplois et à la sécurité énergétique si les dirigeants européens étaient prêts à s’engager sur des objectifs ambitieux en matière d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable.
Enfin, la CES demande avec insistance aux responsables de l’UE de se concentrer sur la relance économique et non sur un conflit interinstitutionnel pour décider qui doit devenir président de la Commission européenne.