Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a réitéré son soutien à Jean-Claude Juncker pour sa nomination à la tête de la Commission européenne, dans une interview au Luxemburger Wort du 26 juin 2014, à la veille d’un Conseil européen qui devrait s’accorder sur le candidat luxembourgeois, malgré l’opposition du Premier ministre britannique David Cameron.
Sceptiques au début, la Suède et les Pays-Bas se sont entretemps ralliés le 25 juin 2014 à la majorité des pays qui soutiennent la nomination de Jean-Claude Juncker. "Si Jean-Claude Juncker rassemble une majorité qualifiée des chefs d'Etat ou de gouvernement, et a aussi le soutien du Parlement européen, alors les règles du traité de Lisbonne auront été suivies et le gouvernement est favorable à ce que la Suède aussi se rallie à cette majorité", a déclaré le Premier ministre suédois Frederik Reinfeldt, cité par l'agence de presse TT. "Si un vote explicite est demandé, nous soutiendrons la candidature de Juncker", a déclaré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui faisait lui aussi partie de ceux qui étaient réticents à une nomination de Jean-Claude Juncker. A part la Hongrie, qui est, elle aussi, farouchement opposée à Jean-Claude Juncker, le Royaume-Uni reste ainsi le seul pays à vouloir empêcher le candidat luxembourgeois.
Xavier Bettel juge que David Cameron qui avait demandé un vote sur la nomination de Jean-Claude Juncker se retrouve "isolé". "Le PPE, dont Jean-Claude Juncker était le candidat, est arrivé en tête des élections, ce qui justifie sa nomination, avec la grande majorité de nos partenaires européens", souligne Xavier Bettel.
Il affirme soutenir Jean-Claude Juncker parce que ce dernier "croit au projet européen et qu’il veut que l’UE réussisse». "Je suis sûr qu’il sera un président bon et fort de la Commission". Certains chefs d’Etats s’y opposent et préféreraient, selon Xavier Bettel, un président "faible", alors que Jean-Claude Juncker ne serait pas selon lui "le faible bonhomme qui se laisse faire". Par contre, il juge qu’il est inacceptable d’associer le soutien au candidat du PPE à des "exigences maximales", telles que l’assouplissement des règles budgétaires que souhaite avant tout l’Italie, mais aussi la France.
Pour le Premier ministre, Jean-Claude Juncker est la bonne personne qui a l’expérience et la volonté de "s’attaquer aux problèmes de l’Europe" et qui va tenter d’éviter "une crise institutionnelle entre le Parlement et le Conseil européen".
Pour Xavier Bettel, il est clair que les électeurs européens ont donné leur voix à Jean-Claude Juncker et qu’il faut respecter ce choix, puisque „le citoyen est au-dessus du Parlement et du Conseil européen». Xavier Bettel précise qu’il ne soutient pas Jean-Claude Juncker parce qu’il est luxembourgeois, mais qu’il s’agit, selon lui, de "préserver la crédibilité des institutions européennes". "Si nous ne respectons pas le résultat des élections, nous méprisons les citoyens européens", affirme le Premier ministre luxembourgeois.
La décision des partis européens de nommer de têtes de liste était un "un pas irréversible", estime-t-il. "Si on retourne en arrière, cela signifierait que l’on prend les citoyens pour des mineurs. Ce serait un mauvais signal". Le Premier ministre qui s’est prononcé pour "une Europe plus démocratique" a fait des propositions pour rapprocher les citoyens de l’Europe : que les électeurs puissent élire directement les commissaires de leur pays ou qu’ils aient une deuxième voix pour élire le président de la Commission, en plus des eurodéputés.
Le Premier ministre a néanmoins critiqué le fait que le Parlement européen s’est prononcé pour Juncker au lendemain des élections parce qu’il aurait ainsi "dépassé ses pouvoirs" : "En procédant ainsi, le Parlement n’a pas rendu service à Jean-Claude Juncker, car c’est le Conseil européen qui a le droit de proposer un candidat et pas le Parlement". Si le PE n’avait pas "pris les devants", le Conseil européen aurait peut-être "attribué un rôle" à Jean-Claude Juncker lors du Conseil européen du 27 mai 2014, spécule Xavier Bettel.
Le chef du gouvernement a par ailleurs critiqué le fait que l’UE soit souvent présentée par les dirigeants politiques sous un jour peu flatteur. "On met beaucoup trop en avant les mauvaises choses de l’Europe, tout en ignorant les bonnes choses" dont on pense qu’elles vont de soi, souligne-t-il, tout en appelant à "mieux expliquer l’Europe". Les coupables sont, pour lui, les hommes politiques : "Tout ce qui fonctionne est notre mérite. Si quelque chose va mal, c’est la faute à Bruxelles".