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Economie, finances et monnaie
Selon les prévisions macroéconomiques de la Banque centrale du Luxembourg, "l'embellie économique tend à s'affirmer, mais divers facteurs de risque demeurent"
18-07-2014


BCLLe 18 juillet 2014, la Banque centrale du Luxembourg a présenté ses projections macroéconomiques de juin 2014 et constate que "l'embellie économique tend à s'affirmer, mais divers facteurs de risque demeurent".

Des sources d’incertitude

La BCL souligne d’abord que ses projections macroéconomiques doivent être "considérées avec prudence", car les variables faisant l’objet des projections et l’analyse des risques entourant ces dernières sont fragilisées par le fait que le Gouvernement n’a pas transmis certaines informations sur les finances publiques. Cette lacune s’explique par le fait, déjà expliqué le 11 juillet 2014 en réponse à une question parlementaire du député Laurent Mosar, que le nouveau gouvernement entré en fonction en décembre 2013 souhaite "la mise en place d'un cadre légal cohérent régissant l'échange d'informations pertinentes entre autorités concernées".

La BCL souligne que ces projections sont aussi entourées de facteurs de risque économiques, et notamment du fait que les conséquences de la crise financière en Europe ne sont "pas encore définitivement amorties" et qu’il subsiste ainsi un risque pesant sur les perspectives macroéconomiques du Luxembourg, exposé aux répercussions d’un possible ralentissement économique chez ses partenaires commerciaux. "La nécessaire consolidation budgétaire au niveau européen constitue un facteur additionnel de risque", dit la BCL. Le scénario actuel pour l’UE fait certes état d’une amélioration des déficits publics dans la plupart des Etats membres, mais le déficit public pour la zone euro devrait rester en moyenne de 2,3 % en 2015 selon les projections de juin 2014 des services de l’Eurosystème.

Une croissance qui devrait s’établir entre 2,4 et 3 % en 2014 et pourrait atteindre 3,8 % en 2015

La BCL a révisé ses prévisions macroéconomiques à la hausse, par rapport à celles présentées en décembre 2013, en raison de l’embellie économique qui s’est affirmée au cours des premiers mois de 2014. Depuis le mois de décembre 2013 et des dernières projections, la croissance dans la zone euro a progressé de 0,25 % en moyenne par trimestre au tournant de l’année 2013/2014, ce qui est vu comme un "net changement" par rapport au recul des deux années précédentes. Après le recul de 0,4 % en 2013, la variation annuelle du PIB réel de la zone euro devrait ainsi être à nouveau positive en 2014 et atteindre 1,7 % en 2015 et 1,8 % en 2016.

Ainsi, au Luxembourg, la dynamique trimestrielle du PIB en volume au cours de l’année 2013 serait un peu plus favorable qu’escompté en décembre 2013, ce qui donne lieu à un acquis de croissance plus élevé (égal à 1,3 %) pour l’ensemble de l’année 2014. A l’issue du quatrième trimestre 2013, "le PIB réel aurait quasiment rejoint son niveau d’avant la crise", prévient la BCL.

Les prévisions indiquent ainsi un taux de croissance revu à la hausse de 0,7 point de pourcent, désormais établi entre 2,4 et 3 % pour 2014, et de 0,8 point pour 2015, année durant laquelle la croissance atteindrait entre 1,8 et 3,8 %.

Toutefois, "la demande internationale adressée au Luxembourg ne s’améliorerait cependant que modérément en 2014 et 2015 par rapport aux projections de décembre 2013", prévient la BCL. En 2013, la hausse du PIB reposait principalement sur le rebond du commerce international, alors que la demande domestique avait légèrement reculé.

Au contraire, "l’année 2014 serait marquée par une croissance plus vigoureuse, mais également plus équilibrée". Les exportations de biens et services continueraient certes à se raffermir dans un contexte européen plus propice. Mais à cette évolution européenne positive s’accompagnerait de surcroît une demande domestique renouant avec la croissance en 2014, "portée principalement par un marché de l’emploi robuste et corrélativement par une consommation privée plus vigoureuse". La demande domestique devrait ainsi encore progresser en 2015, mais son taux de croissance ne s’accélérerait vraisemblablement qu’en 2016. Pour cause, la hausse des taux de la TVA en janvier 2015 devrait renchérir les biens et services d’à peu près un pourcent et peser sur les dépenses des ménages.

Le secteur financier en progrès mais incertain

Le secteur financier continue à profiter du retour graduel de la confiance sur les marchés financiers. La poursuite de la progression des marchés boursiers au cours des premiers mois de 2014, a provoqué une gausse valeur nette d’inventaire des OPC de 3% sur base trimestrielle au début de 2014, dans la droite ligne de la croissance au trimestre précédent.

La BCL relève toutefois que la mise en œuvre de nombreuses règlementations pourrait porter préjudice à la rentabilité des banques, "ce qui ne resterait pas sans conséquences sur l’emploi".

Ainsi, l’abolition partielle du secret bancaire à partir de 2015 risque d’engendrer une perte de revenus. Cette perte semble "a priori gérable" pour la place financière mais "l’impact total de cette mesure est toutefois particulièrement difficile à cerner". De plus, les mesures visant le "nécessaire renforcement de la régulation et de la supervision bancaire" est certes de nature à renforcer la solidité du secteur bancaire, mais "se soldent aussi par des coûts de mise en œuvre ainsi que par une hausse du coût du capital qui entravent la rentabilité des banques et risquent du coup de peser sur l’emploi".

"Les nouvelles s’améliorent aussi graduellement pour le secteur non financier", notamment au vu marché du travail, poursuit la BCL. La progression du marché du travail s’accélère en termes de glissement annuel de l’emploi salarié (+ 2 % en 2014, soit 0,7 point de pourcent de plus que prévu jusque-là). L’intérim, généralement perçu comme précurseur des évolutions sur le marché de l’emploi, connaît des améliorations qui constituent "une amorce de revirement", constate la BCL.

Une inflation plus faible que prévu en 2014 mais qui devrait progresser fortement à partir de 2015

La progression du coût salarial demeurerait modérée en 2014 (+ 2,5 %) "en dépit de la robustesse du marché du travail, le chômage étant toujours élevé en perspective historique (7,1 %) et la reprise économique demeurant fragile et assez contenue". Elle serait notamment due à l’accord salarial conclu dans le secteur bancaire qui prévoit un gel des salaires barémiques sur une période de trois ans. Le coût salarial moyen nominal devrait progresser de 3,3 % en 2015 et 3 % en 2016.

Le taux de chômage ne devrait pas connaître de baisse significative pour autant. "Les caractéristiques des chômeurs, en partie peu qualifiés, âgés et souvent en incapacité de travail, pèsent sur leur employabilité et ne favorisent guère leur réinsertion dans l’emploi", considère la BCL.

L’inflation globale serait modérée en 2014 et plus faible qu’escompté dans les projections de la BCL de décembre 2013. Deux facteurs sont déterminants : la non-adaptation des prix administrés et "l’impact baissier des biens alimentaires et des biens industriels non énergétiques". Avec le recul de l’inflation globale en 2014, le paiement de la prochaine tranche indiciaire s’éloignerait de la fin 2014 au début 2015.

L’inflation repartirait nettement à la hausse en 2015 en raison de l’augmentation de 2 points des taux de TVA, qui exerce un impact théorique et mécanique de l’ordre de 1 point de pourcentage sur le taux d’inflation. "Il n’est pas exclu que l’impact effectif de la hausse des taux de la TVA soit plus faible ou plus étalé dans le temps", nuance toutefois la BCL qui projette que les prochaines tranches indiciaires devraient être déclenchées au début des années 2015 et 2016.

Des faiblesses structurelles, dont le recours au chômage partiel est le symptôme-phare

Pour tempérer l’enthousiasme, la BCL souligne des faiblesses structurelles "qui se pérennisent depuis le début de la crise". A commencer par la faiblesse de l’industrie.

Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière reste "proche de son creux historique".  Et les demandes de recours au chômage partiel, largement concentrées dans ce secteur, sont notamment "quelque peu en hausse" par rapport à octobre 2013. Elles se stabilisent depuis février 2014, mais elles ne reculent plus, "ce qui n’est pas de bon augure pour la production industrielle". "Le recours au dispositif du chômage partiel pour la septième année consécutive est le symptôme phare de cette fragilité du climat conjoncturel national et européen", estime par ailleurs la BCL.