Le nombre de demandeurs d’asile a augmenté de 30 % en 2013 comparé à l’année précédente, selon un rapport publié le 24 septembre 2014 par le Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO). Cette hausse s’explique surtout par l’augmentation du nombre de demandes de Syriens qui a plus que doublé (+ 109 %). Les Syriens, les Russes (en particulier des Tchétchènes) et les ressortissants des Balkans occidentaux constituaient ainsi les principaux groupes à demander la protection internationale.
Avec près de 436 000 demandeurs en 2013, il s’agit du nombre le plus important depuis le début de la collecte des données au niveau européen en 2008, mais aussi de la croissance annuelle la plus importante, note le rapport. Créée en 2011, l’agence EASO est basée à Malte et a pour vocation de renforcer la coopération entre les Etats membres et de les aider à remplir leurs obligations en matière d’asile.
Ils étaient plus de 50 000 Syriens à demander la protection internationale en 2013, le nombre le plus important enregistré pour un seul pays depuis 2008, selon le rapport qui ajoute que ce chiffre "fait pâle figure" par rapport au 1,8 million de réfugiés syriens accueillis par les pays voisins (Liban, Turquie, Irak etc). Les Syriens constituaient le premier groupe parmi les demandeurs d’asile dans huit pays.
Avec plus de 41 000 personnes, les Russes constituent le deuxième groupe (une hausse de 71 %), devant les Afghans (26 000 personnes) et les Pakistanais (21 000). Pourtant, si on regroupe tous les pays des Balkans occidentaux, il s’agit du groupe le plus important avec près de 73 000 demandeurs ou 17 % du total. Leur nombre a augmenté de 36 % par rapport à 2012, malgré le fait que seulement 4 % de leurs demandes ont reçu une réponse positive dans la moyenne européenne. La hausse s’explique par une demande accrue de la part d’Albanais (+ 47 %) et de Kosovars (+ 98 %).
Une hausse importante a également pu être constatée pour les Erythréens (+ 129 %) et les apatrides (+ 173 %). Les plus importantes baisses ont été enregistrées pour les Irakiens (-15 %), les Géorgiens (-16 %) et les Afghans (- 6 %).
L’Allemagne était en 2013 la première destination des demandeurs d’asile avec près de 127 000 demandeurs, soit plus d’un quart du total et le double de la France (66 000). Ces deux pays sont suivis de la Suède, du Royaume-Uni et de l’Italie. En nombre absolu, l’Allemagne a connu la plus importante hausse du nombre de demandeurs d’asile (+ 49 000, soit + 64 %).
Une tendance similaire a été constatée en 2014 ce qui a posé d’importants problèmes à certaines communes en vue de fournir un logement digne, comme l’illustre un article du quotidien Welt. En nombre relatif, la Hongrie a connu la hausse la plus importante (+777 % ou + 16 000), en raison d’une hausse de demandeurs issus du Kosovo, du Pakistan et de l’Afghanistan. En Bulgarie, la hausse était de 416 % (+ 7 000) ce qui est dû notamment aux réfugiés syriens. Des hausses importantes (autour de 70 %) ont également été constatées en Espagne et au Portugal, ainsi qu’en Italie (60 %). En Belgique et au Luxembourg, le nombre de demandeurs a le plus baissé (d’environ 25 % respectivement 50 %).
Quant aux réfugiés syriens, c’est la Suède et l’Allemagne qui ont reçu le plus de demandes, avec environ 16 000 respectivement 13 000 personnes, soit une hausse de 109 % respectivement 62 % par rapport à 2012. Les autres Etats membres ont eu moins de 5000 demandes de la part de Syriens. La Bulgarie a toutefois vu la plus importante hausse de demandes de la part de réfugiés syriens (+ 900 %), ce qui fait du pays la troisième destination des Syriens (qui représentent deux tiers de toutes les demandes). Les Pays-Bas étaient en quatrième position des pays d’accueil (avec une hausse de 370 %), suivi du Royaume-Uni (+ 56 %) et de l’Autriche (+ 116 %).
Quant aux demandeurs russes, l’Allemagne était la première destination avec plus de 15 000 demandes (une hausse de 353 %), suivie de la Pologne (environ 13 000, soit une hausse de 111 %). A noter que la part des demandes russes y équivaut à 84 % de toutes les demandes. Leur nombre a par contre baissé dans deux destinations traditionnelles, à savoir l’Autriche et la France.
Dans 80 % des cas, les demandeurs d’asile attendaient une décision sur leur statut. Le nombre d’affaires pendantes était le plus élevé en Allemagne (38 % de tous les cas), mais des hausses importantes ont également été constatées en Roumanie (+886 %), en Hongrie et au Portugal.
Sur 328 250 décisions rendues en 2013, un tiers s’est avéré positif : près de 50 000 personnes se sont vu accorder le statut de réfugié, 46 000 personnes le statut de protection subsidiaire et 18 000 le statut de protection humanitaire. Les Syriens, les Erythréens et les apatrides avaient le plus de chances d’avoir une réponse positive.
Quant aux premiers huit mois de l’année en cours, EASO a enregistré une hausse de 28 % par rapport à la même période à 2013, note le communiqué. Les principales nationalités étaient encore les Syriens, les ressortissants des Balkans occidentaux et les Erythréens dont le nombre s’est accru notamment au cours des derniers mois. Un demandeur d’asile sur cinq est issu de Syrie, note l’EASO. Par contre, le nombre de demandeurs russes a reculé de manière significative par rapport à 2013, tandis que le nombre de demandeurs ukrainiens a augmenté.
Le rapport note également les "inquiétudes" évoquées par la société civile et des organisations humanitaires, concernant des "retards d’enregistrement" et des "refoulements présumés", dénoncés notamment par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, l’UNHCR. L’hebdomadaire Spiegel note par ailleurs dans son édition du 1er septembre 2014, que, faute de voies légales d’entrée dans l’UE, les migrants empruntent des routes "plus dangereuses". Le magazine cite des chiffres de l’agence européenne de gestion des frontières Frontex, qui indiquent que les entrées illégales dans l’UE via la mer ont augmenté en 2013 de 171 % tandis que ceux via voie terrestre a baissé de 61 % par rapport à 2012.
Selon l’organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 2 200 personnes sont mortes en 2014 en traversant la Méditerranée. L’OIM avait relevé le 17 septembre 2014 un naufrage d’environ 500 migrants, majoritairement issus de la bande de Gaza, dont le bateau a vraisemblablement été coulé intentionnellement par leurs passeurs. "Ce ne sont pas accidents, mais des meurtres", avait déclaré un porte-parole de la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, selon l’édition en ligne du Spiegel. Celle-ci avait alors appelé à renforcer la lutte contre les passeurs et à ouvrir des voies légales aux migrants pour entrer dans l’Union européenne. Fin août 2014, la Commission européenne avait annoncé la création de Frontex plus pour aider l’Italie à faire face à l’afflux croissant de migrants via la Méditerranée.