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Migration et asile - Justice, liberté, sécurité et immigration
La Commission européenne va lancer une nouvelle opération en Méditerranée baptisée "Frontex plus" pour aider l'Italie à faire face à l'afflux de migrants
27-08-2014


Frontex-Alfano-Malmström-140827La Commission européenne a annoncé le 27 août 2014 de lancer une nouvelle opération en Méditerranée baptisée "Frontex plus" pour aider l'Italie à faire face à l'afflux de migrants. La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, a appelé les Etats membres de l’UE à fournir plus de moyens, lors d’une conférence de presse avec le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano. "Frontex plus" doit remplacer à court terme l’opération italienne Mare Nostrum que Rome avait menacé d'interrompre en octobre prochain. Depuis le lancement de l’opération en octobre 2013, suite au naufrage de Lampedusa qui a coûté la vie à 366 migrants, près de 113 000 personnes auraient été secourus en mer par l’armée, des gardes-frontières ou des navires marchands, selon un amiral, cité par l’agence de presse italienne Ansa, qui évoque des coûts mensuels de neufs millions d’euros par mois.

"Frontex plus", qui devrait être opérationnel en novembre, constituera une "fusion et une extension" des deux dispositifs déjà déployés par Frontex au large de l'Italie, Hermes et Aeneas, a souligné Cecilia Malmström. Frontex est l'agence européenne chargée de la coopération aux frontières extérieures de l'UE. L’opération Hermes, déployée en 2011, vise à lutter contre l’immigration clandestine en provenance de l’Algérie, la Libye et la Tunisie tandis que l’opération Aeneas couvre la Turquie et l’Egypte.

Une opération "plus limitée" qui va prendre la relève de "Mare Nostrum"

"Il faut encore en définir les besoins en matière de personnel et de matériel. Frontex plus ne sera pas une duplication de Mare Nostrum, car l’opération sera plus limitée, notamment dans son extension géographique", a expliqué la commissaire. Elle a rappelé que Mare Nostrum, "une opération ambitieuse ayant sauvé la vie de centaines de milliers de personnes", avait été créé en urgence et que l’Italie ne pourra pas faire l’effort tout seul. Mare Nostrum est une opération "de sauvetage" qui comprend un dispositif de repérage des embarcations en danger, même près des côtes libyennes. Certains observateurs critiquent qu'elle a un effet incitatif.

"Le succès de l’opération dépendra de la contribution des Etats membres", qui devront être plus nombreux à participer, avec plus de moyens et d'hommes, a mis en garde Cecilia Malmström, en soulignant que Frontex a besoin de plus de financements. L’Agence dispose actuellement d’un budget de 90 millions d’euros par an. La commissaire a également rappelé que Frontex n’a pas de navires ni de gardes-frontières, mais que ce sont les Etats membres qui les mettent à disposition. La France a déjà annoncé vouloir participer à l’opération "Frontex plus".

Le nombre de migrants clandestins enregistrés en Italie s’est multiplié par sept par rapport à 2013

Le gouvernement italien a multiplié ces derniers jours les appels à un renfort européen, alors que plus de 300 migrants ont encore trouvé la mort en traversant la Méditerranée le week-end dernier. Près de 1 900 personnes sont mortes depuis le début de l’année, dont 1 600 depuis juin, note l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dans un communiqué. En 2013, le nombre de migrants noyés était de 700, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Selon l’OIM, le nombre des migrants arrivés en Italie par la mer depuis le début de l’année a presque triplé par rapport à l’année dernière, avec 108 000 migrants depuis le début de 2014 contre 42 925 pour toute l’année 2013. Le dernier pic remontait à 2011 avec l’arrivée de 60 000 personnes pendant et après le printemps arabe et 2300 migrants noyés, note le communiqué.

Une tendance confirmée par un rapport de Frontex sur le nombre des franchissements illégaux de la frontière de l’UE au premier trimestre 2014 dont la moitié a été enregistrée en Italie. Le pays a ainsi vu le nombre de clandestins se multiplier par sept par rapport au premier trimestre 2013, tandis qu’en Grèce, il a plus que doublé. Pour la première fois, les Maliens étaient le plus nombreux parmi les clandestins, suivis des Syriens et des Erythréens, note le rapport qui nomme la Libye comme principal pays de départ. Concernant les franchissements illégaux de frontières terrestres, c’est dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla que le nombre a le plus augmenté. La Hongrie est toujours le pays le plus important, avec un tiers de ces franchissements.

Appels d’ouvrir des voies légales pour permettre aux réfugiés de venir dans l'UE

La commissaire Cecilia Malmström a également réitéré son appel aux Etats membres d’ouvrir des voies légales pour permettre aux réfugiés de venir dans l'UE. "L’UE a 28 Etats membres, mais seulement dix Etats ont accueilli un nombre suffisant de réfugiés", a-t-elle martelé.

Le groupe Verts/ALE au Parlement européen a appelé à la responsabilité commune de l’Union. "L’Union ne doit pas rejeter la responsabilité pour l’aide aux réfugiés aux Etats limitrophes", a déclaré la porte-parole Ska Keller dans un communiqué. Elle estime que les procédures d’asile doivent être traitées au niveau européen et qu’il faut créer des voies légales d’entrée dans l’UE pour les réfugiés. "Il est incompréhensible que des gens qui fuient la guerre en Syrie doivent risquer leur vie une deuxième fois aux frontières de l’Union", dit-elle.

Le groupe S&D a appelé l’UE a "prendre une initiative et assumer ses responsabilités". "Les demandeurs d’asile ne doivent pas être obligés de risquer leur vie en mer pour exercer un droit fondamental. Nous devons défendre le droit de demande d’asile et nous devons protéger les personnes en danger", a déclaré le président du groupe, Gianni Pittella, dans un communiqué. Le groupe demande à la Commission et au Conseil "d’évaluer d’urgence des mesures qui permettraient aux les pays voisins des zones de crise d’accomplir les étapes initiales du traitement des demandes d’asile et de protection, dans le cadre du droit de l'UE et des outils existants, et dans le respect des droits fondamentaux".