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Élargissement
Audition des commissaires désignés au Parlement européen – Johannes Hahn, qui passe de la politique régionale à la politique du voisinage et aux négociations d’élargissement, veut "mieux préparer" les prochains élargissements
30-09-2014


pe-auditions-hahn-140930Pour le commissaire désigné à la politique du voisinage et aux négociations d’élargissement, la solution du conflit en Ukraine est la "première priorité", selon ses propos lors de son audition devant la commission des affaires étrangères au Parlement européen le 30 septembre 2014. Johannes Hahn, commissaire sortant de la politique régionale, s’est également engagé à "mieux préparer" les prochaines adhésions à l’UE ainsi qu’à promouvoir le dialogue entre la Serbie et le Kosovo. Il prend la relève de Stefan Füle.

Né à Vienne le 2 décembre 1957, Johannes Hahn est père d’un fils. L’Autrichien qui est titulaire d’un doctorat en philosophie, a débuté sa carrière politique à la Fédération autrichienne de l’industrie (IV) pour devenir ensuite directeur administratif du Parti populaire autrichien ÖVP, selon son Curriculum Vitae. En 2003, il devient membre du gouvernement de Land de Vienne pour passer ensuite au gouvernement national où il occupe les postes de ministre de la justice par intérim puis de ministre des sciences et de la recherche (de 2007 à 2010). En 2010, il devient commissaire européen à la politique régionale qui vise à stimuler la croissance économique au moyen d'investissements stratégiques, notamment dans des régions moins développées.

L’élargissement, l’Ukraine et la Turquie au menu

La crise en Ukraine, l’élargissement et le dialogue avec la Turquie étaient les principaux sujets abordés lors de l’audition. Johannes Hahn s’est engagé à œuvrer pour une solution du conflit, tout en appelant à protéger l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays. Il s’est félicité de l’accord d’association signé le 16 septembre 2014 avec l’Ukraine, une "étape importante" qui stimulera la prospérité et la croissance, selon ses propos cités par le quotidien Der Standard. L’eurodéputé Bernd Lange (S&D) l’a interpellé sur le fait que le Parlement européen n’avait pas été informé de la négociation et de l’évolution des conditions de la mise en œuvre de l’accord d’association. Johannes Hahn a concédé qu’il s’agissait d’une "situation d’exception" en raison de la nécessité "d’agir vite" et que "personne n’était content avec cette procédure".

Johannes Hahn a souligné l’importance d’un dialogue avec la Russie qu’il a appelée à "ne pas sous-estimer l’Union européenne" qui "tient à ses principes". "Notre politique de voisinage et notre partenariat oriental ne se font pas au détriment de la Russie", a-t-il affirmé. Il a ajouté qu’il faut assurer que la Géorgie et la Moldavie bénéficient également de l’aide de l’UE.

Johannes Hahn qui s’est déclaré "enthousiaste", tout en restant "pragmatique", a longuement abordé la question de futurs élargissements. Il a soutenu la position de Jean-Claude Juncker de faire "une pause" dans l’élargissement dans les cinq prochaines années, mais souligné que les négociations continueront et qu’il faut "mieux préparer" les prochaines adhésions, notamment la population. "Ne vous faites pas trop de soucis à cause des 5 ans, ce qui compte, c’est le résultat", a-t-il assuré. "De façon réaliste, aucun partenaire n'est prêt à rejoindre l'UE mais cela ne veut pas dire qu'on fera du surplace. Mon rôle sera d'aider ces pays à se préparer, à ce que tous les critères soient remplis", a-t-il expliqué, selon ses propos cités par l’Agence Europe. Il a par ailleurs insisté de vouloir "améliorer la visibilité de l'Union européenne dans les pays candidats ou potentiellement et dans les pays du voisinage".

Johannes Hahn a plaidé pour un approfondissement des relations avec la Turquie, un "partenaire important" pour l’Europe "qui est, du point de vue de la Turquie, le plus important partenaire commercial". Il a dit vouloir soutenir le processus de réforme en Turquie qu’il appelle à s’engager pour les droits fondamentaux et à poursuivre le programme de réforme, sinon "aucun nouveau chapitre sera ouvert". Pour rappel, c’est en juin 2013 que le dernier chapitre sur la politique régionale a été ouvert, portant à 14 (sur 35) le nombre de chapitres ouverts. Un des points d’achoppement qui bloquent les négociations serait la question chypriote, a concédé Johannes Hahn.

Le commissaire-candidat s’est engagé à œuvrer pour un dialogue renforcé entre Belgrade et Pristina. Il juge que les pays des Balkans occidentaux ont besoin de mieux se connecter entre eux, mais aussi avec l’UE, tant sur le réseau ferroviaire que sur l’autoroute ou sur le réseau énergétique.

Le commissaire désigné a assuré aux eurodéputés qu’il s’occuperait autant du voisinage de l’Est que du Sud, en soulignant que "le Sud ne sera pas négligé". Selon Johannes Hahn, il y a, au sein de sa direction générale, le même nombre de personnel pour les deux domaines.

En conclusion, Johannes Hahn a affirmé que la rencontre avec les députés constituait moins une audition qu'un échange. Quelques minutes après la réunion, le PPE - parti dont est issu Johannes Hahn – mais aussi le S&D ont annoncé approuver la nomination du commissaire-candidat.

Des réactions plutôt positives

Pour le groupe PPE au Parlement européen, Johannes Hahn possède les "compétences et l’engagement pour travailler dur dans l’intérêt des citoyens et des pays voisins". Le groupe affirme soutenir la vision du commissaire-candidat pour une politique de voisinage "redessinée et renforcée". Le PPE se félicite de la politique de l’élargissement qui a "fait preuve d’être l’instrument le plus effectif en matière de politique étrangère de l’UE".

Pour le groupe S&D, la performance du commissaire-candidat était "acceptable". Il rappelle que Johannes Hahn vient de l’Autriche, l’Etat membre le plus opposé à l’élargissement, et sa nomination ne devrait pas documenter une "fatigue de l’élargissement" des citoyens européens. Par ailleurs, le groupe appelle à enlever le mot "négociations" du titre du commissaire pour envoyer un "signal politique fort", en sous-entendant que l’objectif n’est pas seulement de "négocier", puisqu’il s’agit d’un long processus. Le terme "négociations d’élargissement" enverrait des signaux confus aux pays candidats, estime le groupe.

Pour les Verts, Johannes Hahn a profité de ses expériences en tant que commissaire à la politique régionale, ce qui lui a permis de livrer une "présentation solide", selon les propos de l’eurodéputée autrichienne Ulrike Lunacek, qui est aussi vice-présidente du Parlement européen. Le commissaire désigné s’est présenté comme un homme "pragmatique qui s’engage en faveur de la société civile", mais il n’a pas présenté de vision pour le futur de la politique européenne du voisinage et de l’élargissement, a critiqué la députée qui l’appelle à développer une "stratégie offensive d’une politique de voisinage active" pour faire face à la fatigue de l’élargissement.

Pour le GUE/NGL, Johannes Hahn a agi de manière "honnête" quand il n’a pas donné de réponse à la question comment il comptait "forcer Israël à respecter les décisions internationales concernant les colonies". La députée grecque Sofia Sakorafa, qui a posé la question, craint que la politique étrangère de l’UE "ne produise des résultats désastreux pour les peuples".