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Jean Asselborn a assuré au ministre turc Egemen Bagis, en visite à Luxembourg, qu’il soutenait pleinement les aspirations de la Turquie à devenir membre de l’UE
11-04-2013


Le 11 avril 2013, le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, qui est aussi le principal négociateur en vue de l’adhésion de la Turquie à l’UE, était en visite à Luxembourg. Il a notamment rencontré le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, et ils ont tenu une brève conférence de presse pour évoquer les sujets dont ils se sont entretenus.Jean Asselborn et Egemen Bagis à Luxembourg le 11 avril 2013

Jean Asselborn, qui a commencé par souhaiter bonne chance à Istanbul dans sa candidature pour accueillir les Jeux olympiques en 2020, a insisté sur les très bonnes relations bilatérales existant entre les deux pays. Des relations "excellentes" aux yeux d’Egemen Bagis qui s’est notamment réjoui d’accueillir à Ankara depuis novembre 2011 une des rares ambassades luxembourgeoises. Les deux ministres se sont réjouis de l’ouverture prochaine d’une ligne aérienne directe entre Luxembourg et Istanbul, annonçant que le premier vol serait l’occasion d’accueillir au Grand-Duché le ministre turc de l’Economie, en juin prochain. Une ligne qui va faciliter les échanges économiques entre les deux pays, s’est félicité Jean Asselborn. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a aussi annoncé pour l’automne une visite d’Etat du Grand-Duc à Ankara, au cours de laquelle il sera accompagné d’une mission économique en cours de préparation.

Les deux ministres ont aussi discuté de questions relevant de politique étrangère, Jean Asselborn ayant notamment salué la normalisation en cours dans les relations entre la Turquie et Israël. La Turquie accueille 220 000 réfugiés syriens sur son territoire, et les deux ministres ont assuré faire de leur mieux pour mettre fin aux atrocités en cours dans ce pays.

Pour Egemen Bagis, l’objectif principal de cette visite était toutefois de remercier le gouvernement luxembourgeois pour son soutien dans les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Un merci accompagné d’un appel à poursuivre dans ce sens, car le processus dure encore. Pourtant, le ministre est convaincu que l’UE aurait tout à gagner à s’adjoindre le dynamisme à la fois démographique et économique de la Turquie, sans compter le potentiel que représente le marché turc pour les entreprises européennes.

S’il y a bon espoir que le chapitre n° 22, sur la politique régionale, soit ouvert sous présidence irlandaise du Conseil, après trois ans sans qu’aucun nouveau chapitre n’ait été ouvert, il n’y a "malheureusement pas de consensus sur l’ouverture de nouveaux chapitres", a constaté Jean Asselborn qui a assuré le ministre turc de son soutien. Pour Egemen Bagis, la politique régionale est un chapitre très symbolique, et il a fait état des efforts menés dans son pays pour tenter de réduire les écarts entre les différentes régions.

Du point de vue du ministre turc, il est toutefois grand temps aussi d’ouvrir le chapitre portant sur les questions monétaires, actuellement bloqué par la France, et il a émis l’espoir qu’il en serait question au deuxième semestre 2013, lorsque la Lituanie prendra le relais de l’Irlande à la présidence du Conseil de l’UE.

La question des visas a été un sujet important des discussions. "Les citoyens turcs sont les seuls ressortissants d’un pays candidat à avoir besoin d’un visa pour entrer dans l’UE", a expliqué Egemen Bagis qui voit là une injustice, mais qui estime aussi que son pays mérite un meilleur traitement. Jean Asselborn a assuré qu’il ferait son possible pour faciliter au niveau bilatéral les procédures d’octroi de visas de longue durée et à entrées multiples pour certaines catégories de citoyens turcs, notamment les hommes d’affaires, les étudiants et les artistes."Mais il faut trouver une solution au niveau de l’UE pour ce qui est d’une libéralisation du régime des visas entre l’UE et la Turquie", a-t-il insisté.

Le principal problème dans les négociations reste la question chypriote, a rappelé Egemen Bagis en soulignant que, du point de vue de la Turquie, ce sujet n’est pas une pré-condition à l’adhésion de la Turquie à l’UE, de la même manière que cela n’a pas été un prérequis pour l’adhésion de Chypre en 2004. Pourtant, de nombreux chapitres de négociation sont actuellement bloqués du fait que la Turquie refuse d'appliquer à Chypre le protocole additionnel à l'accord d'association d'Ankara. Le ministre turc a fait part de son espoir que le nouveau gouvernement chypriote "aura une meilleure vision pour son pays et pour l’UE" et il a souligné le fait que le nouveau président s’était exprimé en faveur d’une réunification de l’île. Il a par ailleurs émis l’idée que la crise qui touche particulièrement violemment Chypre pourrait être une occasion de mettre un terme à la division.

Pour Jean Asselborn, il y a une feuille de route et il faut la suivre. Mais il est bien conscient que, pour y parvenir, la volonté politique est nécessaire de la part des différentes parties. Il a donc rappelé que le Grand-Duché soutenait pleinement les aspirations de la Turquie à devenir membre de l’UE et qu’il l’encourageait à cet égard à poursuivre activement la mise en œuvre des réformes qui lui permettront de remplir les critères de Copenhague. Il s’est montré optimiste, réaffirmant son credo, à savoir qu’une UE intégrant la Turquie serait plus forte qu’une UE sans la Turquie. "Ce serait une erreur si l’UE devait arriver à la conclusion qu’il vaut mieux arrêter les négociations", estime Jean Asselborn, convaincu que "nous avons besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de l’UE".