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Développement et aide humanitaire - Santé
Ebola – Un débat au Parlement européen montre que les députés souhaitent dans leur immense majorité que les mesures de l’UE pour lutter contre le virus soient intensifiées
20-10-2014


ebola-caritas-source-info-catho-beLe 20 octobre 2014, un débat a eu lieu au Parlement européen sur la réponse à donner par l’UE à la crise occasionnée par le virus Ebola, auquel ont pris part la commissaire européenne à l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, et le commissaire européen à la Santé, Tonio Borg. Le jour même, le Conseil "Affaires générales" en discutait lui aussi. Le débat a été également marqué par l’intervention du député libéral luxembourgeois Charles Goerens, rapporteur sur Ebola.

"Si nous n’agissons pas de manière déterminée, en mi-décembre, il pourrait y avoir dans les pays concernés une dizaine de milliers de nouveaux cas par semaine, en une semaine autant que ceux que nous avons accumulés jusqu’à présent depuis le 21 mars, quand l’épidémie s’est déclenchée", a indiqué la commissaire Kristalina Georgieva, en soulignant la nécessité d’une action rapide. Ceci serait destructeur pour l’économie des pays les plus touchés par le virus. "La Banque Mondiale prévoit que l’épidémie occasionnera plus de 7,5 milliards de pertes cette année, et jusqu’à 25 milliards en 2015", a-t-elle expliqué.

La commissaire a mis en valeur les mesures prises pour lutter contre le virus, et aussi le fait que le Sénégal et le Nigeria se sont débarrassés du virus, que l’infirmière qui était atteinte en Espagne contaminée montre des signes de convalescence encourageants, et finalement, qu’un "élan international" a eu lieu avec une levée de fonds pour lutter contre Ebola. Dans l’UE, "227 millions d’euros, et maintenant même 500 millions d’euros sont mobilisés pour lutter contre cette maladie", a-t-elle informé, avant d’ajouter que ce chiffre augmentera encore.

En ce qui concerne le personnel médical, Kristalina Georgieva a déploré le fait que 427 médecins et infirmiers se soient contaminés et que presque la moitié soit décédée. La Commission essaie néanmoins de faire en sorte que plus de personnes aillent sur place, et d’après elle, malgré ces chiffres, les "volontaires qui souhaitent être formés" ne font pas défaut.

Le commissaire européen à la Santé, Tonio Borg a listé une série de mesures que la Commission a mises en place. Tout d’abord, un réseau de laboratoires de haute sécurité a été instauré, dont les Etats membres peuvent disposer afin de diagnostiquer le virus. Ensuite, la DG Sanco (Direction générale de la santé et des consommateurs) a "cartographié toutes les facilités européenne pour traiter les patients atteints d’Ebola". Des informations communes pour les voyageurs ont également été mises en places, et des critères communs pour diagnostiquer Ebola ont été établis. Tonio Borg a aussi rappelé que l’UE fournit "un apport scientifique objectif à travers le Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies". Les ministres de la Santé ont décidé le 16 octobre de renforcer le contrôle médical aux points de sortie des pays africains atteints par le virus, sans s’être mis d’accord sur des contrôles aux points d’entrée pour lesquels les Etats membres sont incités de renforcer les campagnes de sensibilisation.

Le commissaire a ensuite indiqué les mesures qui doivent encore être prises. "Nous devrons créer un réseau de médecins volontaires pour traiter des patients Ebola en Europe", a-t-il expliqué. Ensuite, il a soulevé l’importance de la recherche pour trouver un remède contre le virus. Dans ce contexte, il a indiqué que le commissaire pour la recherche et l’innovation approuvera 25 milliards d’euros pour la recherche en matière de vaccination. Ces fonds proviendront de la stratégie Europe 2020.

Charles Goerens prône la nécessité d’un renforcement global du système de soins de santé dans les pays concernés

C’est ce qu’a préconisé aussi le groupe ALDE à travers les déclarations du député luxembourgeois Charles Goerens, récemment nommé rapporteur pour traiter la question Ebola. Selon lui, le Sénégal et le Nigeria ont prouvé qu’en ayant des soins de santé adéquats, le virus peut être vaincu.

Charles Goerens a ajouté que pour les pays concernés, "il faut des lits supplémentaires, des médecins supplémentaires, du personnel d’encadrement supplémentaire, une logique de transport et de l’argent". La nécessité de l’envoi de personnel compétent "pour former directement sur place" a également été mise en exergue par les Verts.

Charles Goerens a par ailleurs indiqué que l’UE doit "lutter contre la crise dans la crise", chose qui consiste à "faire en sorte que les malades non encore infectés par le virus puissent se faire traiter en dehors des centres d’isolement".

Tous les groupes politiques sont unanimes pour dire que les efforts contre Ebola doivent être intensifiés

Tous les groupes politiques se sont exprimés pour plus d’efforts européens afin de lutter contre virus. C’est ce qu’a souligné l’eurodéputé allemand Peter Liese, porte-parole du PPE en matière de santé et d’environnement dont le groupe est "fier" des efforts que les médecins et infirmières du monde entier sont en train de fournir sur place. Il fait appel aux citoyens afin qu’ils augmentent leurs dons. "L’Europe est l’une des régions les plus riches au monde et chacun d’entre nous doit apporter une contribution", a-t-il argué.

Les socialistes du S&D ont également incité l’Union à intensifier ses efforts et à accroître sa coordination, afin que l’Europe soit en mesure d’offrir "une réponse cohérente" et "de prévention" contre la menace du virus. Ils préconisent la mise en place de contrôles d’entrée des passagers provenant des zones affectées. Le député S&D Matthias Groote a néanmoins tenu à préciser que "toutes ces mesures ne seront efficaces que si nous (l’UE, ndlr) traitons le problème à sa racine – en Afrique."

Le socialiste Norbert Neuser a quant à lui mis en exergue le fait que la situation ne s’améliorera pas "tant qu’il n’y a pas en Afrique un renforcement global des systèmes de santé." Il a par ailleurs expliqué que l’épidémie a un impact également sur l’insécurité alimentaire, car les récoltes et le commerce sont fortement amenuisés. Ceci explique selon lui l’impact destructeur du virus sur l’économie des pays touchés, tel que l’a évoqué la commissaire Kristalina Georgieva.

Le groupe libéral ALDE a incité l’UE à trouver une solution au fait que grand nombre de volontaires "hésitent encore à se porter volontaires pour se rendre dans la région d’Ebola parce que, pendant des semaines, il n’y a pas eu le moindre espoir de rapatriement".

Le groupe des Verts/ALE s’est également prononcé pour une amélioration des mesures de rapatriement, car "pour pouvoir partir dans de bonnes conditions, ces personnes doivent avoir la garantie qu’elles seront suffisamment prises en charge en cas de problème".

Pour le groupe GUE/NGL, la précarité était bien présente avant le virus, et serait à la source de la vulnérabilité de la population locale. Cette précarité est selon eux responsable de l’état des systèmes de santé dans les pays concernés. "La solution ce n’est pas uniquement de donner de l’argent à l’industrie pharmaceutique dans les pays de l’Ouest, mais également d’apporter de l’aide aux pays concernés qui ont besoin de travailleurs médicaux et d’autres mesures", a expliqué la députée Lidia Senra Rodriguez.