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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Un nouveau rapport de Caritas Europa fait état de la pauvreté et des inégalités croissantes en Europe et préconise la mise en place de systèmes sociaux plus justes
19-02-2015


Le nouveau rapport de la confédération européenne Caritas Europa sur l'impact de la crise qui s’intitule "La pauvreté et les inégalités en croissance – nécessité de systèmes sociaux justes comme solution!", publié le 19 février 2015 à la veille de la journée mondiale de la justice sociale, établit un examen en profondeur de l'impact humain que les politiques d'austérité ont sur les gens en Europe. Cette 3e édition annuelle du rapport révèle des niveaux de pauvreté et de privation importants dans l’UE, et particulièrement dans les sept pays de l'UE les plus touchés par la crise économique: Chypre, Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Roumanie et Espagne.

Les principales conclusions du rapport

Le logo de Caritas EuropaDans son rapport, Caritas Europa dépeint "une Europe injuste", où "les risques sociaux ne cessent d’augmenter", les "systèmes sociaux sont réduits" et les individus et les familles "tombent de plus en plus dans la pauvreté". La cohésion sociale serait en train de s’estomper en Europe et la confiance des gens dans les institutions politiques serait de plus en plus faible. "Cela crée un risque pour l'Europe qu’à long terme le racisme, la xénophobie et la propagation de la haine s’intensifient sur une large échelle", lit-on dans le communiqué de presse de Caritas Europa.

Le rapport de Caritas Europa expose le nombre croissant de personnes aux prises avec la pauvreté et l'exclusion sociale (123 millions dans l'UE, soit 24%), en se basant notamment sur les chiffres publiées par Eurostat le 4 novembre 2014.

La confédération indique que dans cinq États membres de l'UE plus d’un tiers de la population est exposé au risque de pauvreté  ou d'exclusion sociale (48 % en Bulgarie,  40,4% en Roumanie, 35,7 % en Grèce, 35,1 % en Lettonie, et 33,5 % en Hongrie).

Elle relève en outre le fait que la pauvreté et les inégalités augmentent en Europe, et que 123 millions de citoyens de l'UE  vivent dans la pauvreté, presque 1 sur 4. Les enfants ne sont pas épargnés par la précarité, selon la confédération, étant donné qu’"1 enfant sur 3, ou plus, vivent dans la pauvreté dans 14 des 28 pays de l'UE".

"Après plus de six années de crise économique, les pauvres continuent de payer pour une crise qu’ils n’ont pas causée", lit-on dans le communiqué de presse de la confédération européenne. En outre, selon Caritas Europa, les prévisions d’amélioration sont pessimistes, car "les pauvres s’appauvrissent".

Par ailleurs, selon la confédération, "il y a de graves lacunes dans les systèmes de protection sociale de nombreux pays européens". A ses yeux, la politique qui consiste à prioriser l'austérité "ne fonctionne pas pour l'Europe".

La confédération relève enfin que l’agitation sociale a augmenté dans l’UE de 12% au cours des cinq dernières années, "plus que dans toute autre région du monde".

Caritas Europa critique l’attitude de l’UE et ses Etats membres face à la crise et conteste "le discours officiel suggérant que le pire de la crise économique est passé"

Selon Caritas Europa, l'UE et ses États membres "continuent de répondre à la crise actuelle en se concentrant principalement sur les politiques économiques - aux frais des politiques sociales". En conséquence, les politiques mises en place auraient un impact dévastateur sur la population de l'Europe. "L'échec de l'UE et de ses États membres à fournir une aide concrète à l'échelle requise pour aider ceux qui éprouvent des difficultés, à protéger les services publics essentiels, et à créer des emplois, est susceptible de prolonger la crise", indique la confédération européenne.

En outre, Caritas Europa conteste "le discours officiel suggérant que le pire de la crise économique est passé". Pour elle, "la crise n’est pas terminée". Elle explique que les droits sociaux sont "clairement" remis en question en Europe en raison de la crise économique qui, elle, "est en train de muter vers une crise sociale et une crise de plus en plus politique". Pour la confédération, "les choix politiques actuels, qui sapent la dimension sociale de l'Europe, ont un impact extrêmement négatif sur les personnes vulnérables".

Les recommandations du rapport

Dans son rapport, face aux constats émis dans ses conclusions, Caritas Europa établit les recommandations suivantes à l'égard des "grands décideurs et acteurs européens, des institutions européens, autorités régionales, et organisations de la société civile" :

  • Assurer un revenu minimum garanti pour tous.  Selon Caritas Europa, "chaque gouvernement national devrait avoir un mécanisme pour s’assurer que tous les gens reçoivent un revenu suffisant pour vivre dignement".
  • Lutter contre l'évasion fiscale. Pour Caritas Europa, l'évasion fiscale doit être combattue et des systèmes d'imposition équitables doivent être introduits dans tous les secteurs de la société, y compris le secteur privé, "afin de garantir une contribution équitable". "Ceux qui peuvent se permettre de contribuer davantage doivent le faire", estime la confédération.
  • Investir dans les politiques sociales. "La fourniture de services de qualité (par rapport au logement, les services de garde abordables, l'éducation, l'amélioration des compétences, la santé, etc.) réduit les inégalités et crée des emplois à long terme", estime Caritas Europa.
  • Identifier les priorités, allouer des ressources suffisantes, et fixer des objectifs et des repères pour  surveiller leur mise en œuvre. Selon la confédération, lorsque les autorités décident sur quelles approches politiques miser et qui cibler avec celles-ci, elles doivent "fonder leurs décisions sur l'équité, la justice et le bien commun de toute la population, tout en assurant la protection des groupes les plus vulnérables".
  • Renforcer les systèmes d’aide sociale. Pour Caritas Europa, compte tenu de "la profondeur" et de "la durée de la crise économique" et des "effets des mesures structurelles", la résilience des systèmes de protection sociale doit être améliorée afin de leur permettre d’offrir une protection à toute la population qui est dans le besoin.

La situation au Luxembourg

Au Luxembourg, le taux de risque de pauvreté et d’exclusion sociale est passé entre 2008 et 2013 de 15,5 % à 19 %, un plus de 3,5 points, contre une hausse moyenne dans l’UE de 0,7 %, selon les chiffres publiés par Eurostat le 4 novembre 2014.