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Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'est dit "très optimiste" sur la possibilité de trouver une "solution viable" pour son pays avec l'Union européenne, après avoir rencontré les présidents du Parlement européen, du Conseil et de la Commission
04-02-2015


Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras avec Martin Schulz, président du Parlement européen (Source : PE)Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'est dit "très optimiste" sur la possibilité de trouver une "solution viable" pour son pays avec l'Union européenne, lors d’un point de presse avec le président du Parlement européen, Martin Schulz, le 4 février 2015 à Bruxelles, dix jours après les élections grecques qui ont porté au pouvoir Syriza, le parti de la gauche radicale, qui a scellé une coalition avec un parti de la droite nationaliste. En amont, Alexis Tsipras, qui réclame la réduction de la dette publique et la fin des mesures d'austérité, s’était également entretenu avec Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne et Donald Tusk, président du Conseil européen.

"Je suis très optimiste quant au fait que nous allons faire de notre mieux pour trouver une solution commune viable pour notre futur et acceptée mutuellement", a déclaré Alexis Tsipras. "Il n’y a pas encore d’accord, mais on va dans la bonne direction", a-t-il ajouté. "Nous sommes prêts à négocier, nous avons nos propres buts qui sont de respecter la souveraineté du peuple grec et en même temps, et de respecter les règles européennes", a-t-il dit. "Nous voulons corriger ce cadre, pas le détruire", a-t-il insisté.

"L'histoire de l'Union européenne est faite de désaccords mais à la fin, il y a un compromis. Nous devons travailler ensemble pour trouver un accord commun", a-t-il plaidé avant de se rendre à Paris, où il devait rencontrer le président François Hollande.

Martin Schulz s’est félicité du fait que le Premier ministre grec "lutte pour la coopération européenne et non pas pour une séparation grecque". Il s’est également dit "très optimiste", en soulignant que le nouveau gouvernement grec est ouvert au dialogue et qu’il aura la confiance du Parlement européen et des autres institutions européennes. Il a rappelé que des "citoyens ordinaires" en Grèce ont payé la facture. "Maintenant, c’est aux gens riches et à ceux qui ont sorti leur argent du pays de contribuer à la solution des problèmes", a-t-il insisté. 

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a pour sa part estimé que les négociations entre la Grèce et la zone euro seront "difficiles" et qu’elles nécessiteront "coopération et dialogue" ainsi que des "efforts déterminés" de la part de la Grèce. Il a souligné qu’une solution doit être "acceptable pour tous les Etats membres impliqués dans les négociations". Il a qualifié l’échange avec Alexis Tsipras de "franc et ouvert", indique un communiqué.

Une évolution de la troïka envisagée par la Commission, mais pas de "nouvelle structure"

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a rencontré le 4 février 2015 Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne (Source : Commission)L’entretien avec Jean-Claude Juncker n’était pas suivi d’une conférence de presse alors que le président de la Commission avait refusé la veille de "tout changer" après les élections grecques, lors d'une intervention devant les eurodéputés. "Il faudra que nous aménagions un certain nombre de nos politiques mais on ne va pas tout changer parce qu'il y a eu un résultat électoral qui plaît aux uns et qui déplaît aux autres", avait-t-il dit. S’il faut "tenir compte de l'expression démocratique", il faudra "aussi que ceux qui ont gagné les élections en Grèce prennent en considération les convictions et les façons de faire des autres (...) Il y a aussi les autres opinions publiques, les autres opinions parlementaires", avait-t-il insisté.

Son porte-parole Margaritis Schinas avait expliqué le 2 février que la Commission européenne est favorable à une évolution de la troïka (UE-BCE-FMI) en Grèce, mais n'envisage pas à ce stade de "nouvelle structure" pour remplacer les représentants des créanciers du pays. Le porte-parole avait été interrogé suite à un article du quotidien économique Handelsblatt affirmant que Jean-Claude Juncker voulait supprimer la troïka pour la Grèce. "Il faut qu'on trouve vite une alternative", indique une source communautaire anonyme, citée par le quotidien allemand.

Le président de la Commission avait par ailleurs assuré ne pas être un tenant de l'austérité. "L'austérité budgétaire n'est pas une fin en soi. Elle conduit à des dérapages sociaux qui sont malsains et produisent des conséquences nocives en termes de rupture de la cohésion sociale dans nos sociétés", a-t-il plaidé. "Mais je me mets en travers de la route de ceux qui estiment que toute rigueur et toute consolidation budgétaire serait synonyme d'austérité", a-t-il ajouté.

La veille de sa visite à Bruxelles, Alexis Tsipras était à Rome avec son ministre des Finances Yanis Varoufakis. Ce dernier s'est rendu le 4 février 2015 à Francfort, où il a eu "des discussions fructueuses" avec le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi. Il a déclaré en avoir retiré "un vif encouragement pour l'avenir".

Le même jour, la Grèce a levé  812,5 millions d'euros à six mois à l'occasion de la première émission de dette depuis l'arrivée au pouvoir de Syriza. Le taux s'est tendu à 2,75 %, contre 2,3 % lors de la précédente émission du même type il y  a un mois, tandis que la demande des investisseurs a reculé, selon un communiqué de l'agence nationale de gestion de la dette publique (PDMA).

Le Luxembourg souhaite attendre pour connaître exactement les propositions du nouveau gouvernement grec

Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, a quant à lui déclaré vouloir attendre pour connaître exactement les idées et propositions du nouveau gouvernement, avant de se prononcer sur la question, selon ses propos rapportés par le Quotidien dans son édition du 4 février 2015. "À regarder de près, les demandes grecques ne sont pas encore très claires. Des idées ont été lancées, puis d'autres ont été avancées. On apprend par ailleurs qu'une banque d'affaires aurait été engagée par le gouvernement grec pour élaborer des pistes. La dernière est celle d'une restructuration de la dette (et non plus d'un effacement partiel) - mais là encore, les modalités proposées sont loin d'être déterminées. Nous attendons donc que ces idées se concrétisent avant de prendre position", a expliqué le ministre au journal Le Quotidien. "En attendant, il n'est pas utile de faire des spéculations sur base d'hypothèses", a-t-il fait savoir. La part luxembourgeoise dans les crédits accordés à la Grèce s’élève à 521 millions – dont 381 millions d’euros en termes de garanties dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière (EFSF) et de 140,1 millions d’euros en prêts directs.