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Semestre européen - Jean-Claude Juncker a plaidé devant les parlementaires nationaux et européens réunis à Bruxelles pour simplifier le processus afin d’en faciliter l’appropriation par les gouvernements, les parlements et les citoyens
03-02-2015


Le Parlement européen accueille les 3 et 4 février 2015 la semaine interparlementaire européenne, un évènement qui se tient désormais pour la quatrième fois et qui permet de réunir parlementaires nationaux et européens pour discuter de questions économiques, sociales et budgétaires.Les parlementaires européens et nationaux réunis à Bruxelles le 3 février 2015 dans le cadre de la semaine interparlementaire européenne (c) European Union 2015

Le semestre européen 2015 aura été au cœur des discussions qui ont animé ce rendez-vous annuel qui vise à renforcer la coopération interparlementaire. La rencontre a été ouverte par une allocution du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a été l’occasion de présenter ses vues sur la procédure de coordination des politiques économiques et budgétaires qu’est le semestre européen.

Le semestre européen devrait "être une propriété commune et du Conseil, et de la Commission, et du Parlement européen et des parlements nationaux"

La gouvernance économique et le semestre européen sont des "concepts étrangers" aux citoyens, a lancé en guise d’ouverture Jean-Claude Juncker. Le semestre européen, "c’est du sérieux", a-t-il pourtant assuré en soulignant que de son point de vue, le semestre européen devrait "être une propriété commune et du Conseil, et de la Commission, et du Parlement européen et des parlements nationaux". Or, déplore-t-il, "ce qui fait défaut", c’est "l’appropriation par les gouvernements nationaux et les parlements nationaux".

Jean-Claude Juncker au Parlement européen le 3 février 2015 (c) European Union 2015"Nous nous concentrons sur les procédures alors que nous devrions nous concentrer sur le contenu", a poursuivi Jean-Claude Juncker en évoquant "une usine à gaz que ni les ministres, ni la Commission, ni les parlementaires, ni les citoyens ne comprennent vraiment". L’enjeu est donc pour le président de la Commission de "simplifier le processus pour les années à venir". Il a rappelé dans ce contexte que la Commission a d’ores et déjà lancé un processus de révision des instruments de coordination des politiques économiques et budgétaires lors du lancement du semestre européen 2015.

La nouvelle Commission présidée par Jean-Claude Juncker a dû apporter dans le cadre du semestre européen un jugement sur les projets de budget des Etats membres de la zone euro, ce qu’elle a fait "avec intelligence, finesse et responsabilité" selon Jean-Claude Juncker qui a souligné l’importance de regarder de près les situations nationales qui se distinguent toutes les unes des autres sur "leurs parcours et cycles économiques et sociaux". Jean-Claude Juncker a ainsi expliqué pourquoi la Commission a accordé "un temps de réflexion supplémentaire" à la France, l’Italie et la Belgique pour les "laisser s’accommoder aux exigences des temps présents".

"Je voudrais que les Etats membres s’associent avec plus d’élan que jusqu’à présent au montage financier du plan d’investissement"

Jean-Claude Juncker est aussi revenu sur le plan d’investissement qu’il a présenté en novembre dernier, "un échafaudage difficile à comprendre", ce qui explique selon lui l’accueil positif qui lui fut globalement fait. Le Parlement européen est colégislateur sur ce dossier, et Jean-Claude Juncker n’a pas manqué de souligner que les textes législatifs présentés dans ce contexte en janvier dernier auraient pu être adoptés par la Commission et le Conseil seuls. "J’avais promis de réhabiliter la méthode communautaire", a toutefois rappelé le président de la Commission en appelant à une adoption rapide des textes en question.

Ce plan constitue "un changement de paradigme", a expliqué Jean-Claude Juncker, et ce notamment parce qu’il va changer la pratique encore en cours qui faisaient que "les aides financières de l’UE prenaient jusqu’ici l’aspect de subventions directes aux entreprises et aux Etats".

"Je voudrais que les Etats membres s’associent avec plus d’élan que jusqu’à présent au montage financier du plan", a ajouté le président de la Commission en faisant part de son "espoir que certains le feront" et que le montant total du plan sera en fin de compte plus important que celui annoncé initialement.

"Je voudrais que de façon collective et solidaire, nous apprenions à mieux gérer la monnaie unique"

"Nous avons voulu redonner son véritable sens au Pacte de stabilité et de croissance", a renchéri Jean-Claude Juncker qui a expliqué avoir "ajouté une dose de flexibilité au Pacte", sans pour autant en faire "un pacte de flexibilité".

"Je voudrais que de façon collective et solidaire, nous apprenions à mieux gérer la monnaie unique", a souligné Jean-Claude Juncker qui refuse que la Commission ait à "donner des leçons publiques aux Etats membres". Il plaide donc pour une gestion de la monnaie unique qui soit "plus conviviale" et qui "repose plus sur le dialogue". Jean-Claude Juncker a notamment évoqué dans ce contexte les recommandations spécifiques par pays qui sont délivrées dans le cadre du semestre européen et qui se sont avérées jusqu’ici "souvent très éloignées des réalités nationales" selon lui. Il est en effet conscient que les sociétés civiles et les partenaires sociaux nationaux "manquent d’enthousiasme lorsqu’il s’agit de s’approprier" ces recommandations.

"Nos règles doivent devenir plus prévisibles pour devenir plus efficaces", a poursuivi Jean-Claude Juncker en insistant bien sur le fait que "le corps de règles doit être respecté par tous les Etats membres et par tous les gouvernements, qu’ils soient nouveaux ou plus expérimentés".  Les règles doivent être appliquées sans exception, a souligné Jean-Claude Juncker selon lequel "on ne peut pas de façon unilatérale se défaire des règles qui sont celles de l’UE". Jean-Claude Juncker n’a toutefois pas exclu la possibilité de "réviser de temps à autre l’application immédiate des programmes d’ajustement dans les pays" concernés. Autant d’éléments qui semblaient tout droit destinés au nouveau gouvernement grec dont Jean-Claude Juncker devait rencontrer le Premier ministre, Alexis Tsipras, le lendemain. Plus largement, Jean-Claude Juncker a évoqué sa promesse qu’il y aurait désormais une étude d’impact sur les conséquences sociales de tout programme d’ajustement, en soulignant que "la dimension sociale nécessaire à l’équilibre de la construction européenne a des progrès à faire".

En conclusion de son intervention, Jean-Claude Juncker a aussi annoncé que le président du Parlement européen serait associé à la rédaction du rapport sur l’approfondissement de l’UEM que les quatre présidents, à savoir celui du Conseil, de la Commission, de l’Eurogroupe et de la BCE, ont été chargés de rédiger par le Conseil européen de décembre.