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Dans une interview donnée au Wort en amont du Conseil européen, Xavier Bettel appelle la Grèce à respecter ses engagements et juge que l’UE devrait se détacher de l’énergie nucléaire
19-03-2015


www.wort.luLe Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a appelé la Grèce à respecter ses engagements, dans une interview parue dans leLuxemburger Wort du 19 mars 2015 en amont du Conseil européen des 19 et 20 mars 2015. Si ce sujet n’est pas officiellement  inscrit à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de gouvernement, le Premier ministre luxembourgeois aborde dans cet entretien les grands thèmes qui vont être discutés lors de ce Conseil européen, à savoir  le TTIP, l’Union de l’énergie et la crise ukrainienne. Les journalistes Pierre Leyers et Marc Schlammes l’ont aussi interrogé sur la transparence fiscale et le plan Juncker, deux sujets d’actualité qui ne sont pas sans importance pour le Luxembourg.

Interrogé sur les relations entre la Grèce et ses partenaires européens, Xavier Bettel a souligné l’importance de la confiance et du respect des engagements auxquels un Etat a souscrit. "Cette confiance dans le gouvernement grec devient de plus en plus fragile", a mis en garde Xavier Bettel, estimant qu’on "va droit dans le mur si cela continue ainsi". Le Premier ministre a fermement exclu un effacement de la dette grecque puisque celle-ci se ferait aux frais des contribuables européens et luxembourgeois – les appels à une restructuration de la dette publique qui dépasse 320 milliards d’euros se sont multipliés avec l’arrivée au pouvoir de la gauche radicale en janvier 2015 après des élections anticipées.

Le programme électoral du parti de gauche Syriza, qui prévoyait entre autres des mesures sociales comme l’augmentation du salaire minimum et des retraites, ne peut pas être la raison pour laquelle les 27 autres Etats membres de l’UE doivent changer leurs règles, a encore soutenu Xavier Bettel. Le gouvernement grec avait présenté le 24 février 2015 une liste de réformes, conditionnant la prolongation du programme d’aide international. Les discussions qui visent à finaliser la liste de réformes que va mettre en œuvre la Grèce dans le cadre de ce programme d’aide ont débuté le 11 mars 2015.

Quant à l’Union de l’énergie que la Commission européenne a présentée fin février, le Premier ministre l’a qualifiée comme un "élément nouveau". Il a critiqué le fait que plusieurs Etats membres dépendent complètement des importations russes d’énergie, en appelant à renforcer les interconnexions afin de prévenir des goulets d’étranglement et à plus de solidarité entre les Etats membres, comme le prévoit la stratégie sur l’Union de l’énergie qui vise à réduire la dépendance énergétique de l’UE.

Quant à l’énergie nucléaire, Xavier Bettel a souligné que le Luxembourg ne la considère pas, "contrairement à la Commission", comme une énergie d’avenir. "Vu que cette technologie n’est et ne sera jamais sûre, l’Europe devrait s’en détacher", a insisté le Premier ministre. En revanche, le Luxembourg soutient pleinement la Commission dans ses plans de faire des énergies renouvelables une de ses dix priorités, a ajouté Xavier Bettel. Il a évoqué plusieurs aspects de l’Union de l’énergie qui lui déplaisent comme le fait que seules les politiques énergétiques sont liées à la protection de l’environnement, ce qui n’est pas le cas de l’agriculture ou de l’aménagement du territoire.

En ce qui concerne la crise ukrainienne, Xavier Bettel a parlé d’une "phase de désescalade" depuis les accords de Minsk du 12 février, en évoquant notamment comme un "pas dans la bonne direction" une loi adoptée par le Parlement ukrainien le 17 mars 2015 et qui accorde plus d’autonomie aux régions de l’Est du pays. "Les deux parties doivent bouger", a estimé le Premier ministre qui juge que de nouvelles sanctions ne seraient pas bénéfiques compte tenu des développements.

"Le gouvernement luxembourgeois n’est pas contre le TTIP", le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, a encore expliqué Xavier Bettel. "Mais nous sommes contre le fait de jeter par-dessus bord les valeurs européennes", a-t-il insisté, s’exprimant en faveur d’une participation large de la société au débat. "Le TTIP n’a pas sa place dans une chambre noire, c’est ce que nous allons préciser pendant la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE", qui aura lieu au deuxième semestre 2015, a exhorté le Premier ministre.

Interrogé sur le paquet de transparence fiscale que la Commission vient de présenter, Xavier Bettel a expliqué que le gouvernement luxembourgeois soutient la Commission si elle présente "des règles qui s’appliquent à tous les 28 Etats membres". Il s’est exprimé en faveur de la mise en place d’un "level playing field" (des règles équitables) au niveau européen, ou "encore mieux, au niveau de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)", qui vise la création et l'application d'un standard international.

Quant au plan Juncker, Xavier Bettel a encore affirmé que "tout le monde sait qu’il faut investir plus" et qu’une "politique d’austérité excessive conduit à la déflation". Il n’y aurait pas encore eu de décision sur de projets concrets au Luxembourg ou ailleurs, mais le gouvernement réfléchit à investir dans des projets à travers la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), a-t-il dit.