Le 28 avril 2015, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a confirmé devant la Chambre des députés en réponse à une question du député vert Henri Kox, que le gouvernement luxembourgeois allait se rallier à l’initiative de son homologue autrichien dans le dossier de la centrale nucléaire de Hinkley Point. Ainsi, et comme il s’y était engagé depuis le 15 octobre 2014, le Luxembourg va se joindre à Vienne pour contester devant la Cour de Justice de l’UE le feu vert accordé par la Commission européenne aux subventions britanniques pour la construction de deux réacteurs nucléaires supplémentaires à la centrale de Hinkley Point.
L'autorisation par la Commission européenne de la construction au Royaume-Uni d'une centrale nucléaire par le groupe français EDF avait été publiée le matin même du 28 avril dans le journal officiel de l'UE. Elle porte sur les mesures d'aides envisagées par le gouvernement britannique pour soutenir la construction de deux réacteurs de nouvelle génération EPR du groupe Areva à Hinkley Point (sud-ouest de l'Angleterre) par EDF. Les groupes chinois CGN et CNNC sont également associés au projet, dont le coût est estimé à environ 31 milliards d'euros.
Il est prévu d’assurer à EDF un prix garanti pendant 35 ans pour l'électricité produite par la future centrale. Cette disposition est normalement réservée aux énergies renouvelables. EDF doit aussi bénéficier d'une garantie publique de l'État britannique pour emprunter afin de construire la centrale. "Le paquet de mesures notifié par le Royaume-Uni implique une aide d'État qui, telle que modifiée par les engagements pris, est compatible avec le marché intérieur", lit-on dans le Journal officiel. Elle estime que le soutien financier du gouvernement britannique permet de répondre à une défaillance du marché, dans la mesure où le constructeur, EDF, ne pourrait pas, sans cette aide étatique, obtenir de financement pour ce projet de 31 milliards d’euros.
Dès le 8 octobre 2014, date à laquelle la Commission avait annoncé sa décision, l’Autriche avait réagi. "Nous n'accepterons pas la décision d'approuver des subventions au nucléaire. Comme nous l'avons déjà annoncé, nous allons préparer et déposer une plainte devant la Cour européenne de justice", avaient fait savoir le chancelier autrichien, Werner Faymann, et le vice-chancelier, Reinhold Mitterlehner, dans un communiqué de presse. "Le nucléaire n’est pas une forme d’énergie durable, elle est une énergie mature depuis des décennies et n’est pas une option dans la lutte contre le changement climatique", avaient-ils dit.
Carole Dieschbourg a insisté dans son intervention sur la "politique très claire du Luxembourg qui est opposé à l’énergie nucléaire". Pour elle, si la Commission "investit massivement des fonds public dans une énergie qui n’est ni rentable ni sûre, elle ne mène pas une politique conséquente, mais elle soutient une politique de subventionnement à long terme qui contribue à une baisse de prix de l’énergie qui nous empêchera d’atteindre nos objectifs en matière de politique énergétique". Si le Luxembourg veut donc mener une politique conséquente, nous devons nous opposer à cette énergie et nous nous joindrons donc à l’Autriche", a-t-elle déclaré devant les députés.