Quelques heures à peine après que les chefs d’Etat ou de gouvernement réunis en Conseil européen le 19 mars 2015 avaient entériné la création d’une Union de l’énergie, la ministre luxembourgeoise de l’Environnement, Carole Dieschbourg, et son homologue autrichien Andrä Rupprechter, réunis lors d’une visite de travail de la ministre luxembourgeoise à Vienne, sont parvenus à la conclusion que "la transition énergétique est également possible sans l’énergie nucléaire", relate un communiqué du ministère autrichien de l’Environnement daté du 20 mars 2015.
C’est également l’avis des experts européens et autrichiens, qui s’étaient réunis à Vienne la veille, le 19 mars 2015, lors du colloque intitulé "Union de l’énergie et énergie nucléaire – utopies et perspectives", peut-on lire dans le communiqué.
"Il est plus sûr, plus rapide et moins coûteux de miser sur les énergies renouvelables et l’efficacité que sur le nucléaire", a déclaré la ministre Carole Dieschbourg. Une position qu’elle avait défendue lors du Conseil Environnement du 6 mars dernier, et que son collègue en charge de l’Energie, Etienne Schneider, avait lui aussi soutenue la veille au Conseil TTE.
Le ministre autrichien a pour sa part plaidé en faveur d’un "Traité sur la transition énergétique" qui viendrait contrebalancer le Traité Euratom et pour que les énergies renouvelables disposent des mêmes conditions de concurrence que les énergies fossiles, alors que ces dernières et le nucléaire sont subventionnés en Europe à hauteur de 61 milliards d’euros, soit plus du double que les énergies renouvelables.
Les deux ministres ont également évoqué la situation des centrales nucléaires en Europe et de leur impact sur l’environnement et la population. Ils ont tous les deux plaidé pour la mise en place d’études d’impact transfrontalières sur l’environnement car, selon le ministre Rupprechter, "la sécurité de la population est au premier rang". Le Luxembourg, par exemple, se trouve à proximité directe des centrales de Cattenom (France) et Tihange (Belgique). Reste maintenant à examiner si cela est juridiquement faisable en vertu de la Convention d’Espoo sur "l’évaluation de l’impact sur l’environnement (EIE) dans un contexte transfrontière" adoptée en 1991 et entrée en vigueur en 1997, relate un article de l’édition allemande du Luxemburger Wort en date 26 mars 2015.
Lors du Conseil de gouvernement du 15 octobre 2014, les ministres luxembourgeois avaient décidé de s’associer à l’initiative autrichienne de porter plainte contre la Commission européenne qui avait donné son accord aux subventions de l’Etat britannique pour construire deux réacteurs EPR à la centrale nucléaire de Hinkley Point (Royaume-Uni). La décision autrichienne avait été rendue publique dès le 8 octobre 2014, le jour même où la Commission avait fait savoir que les subventions britanniques étaient compatibles avec les règles européennes concernant les aides d’Etat. Le ministre autrichien de la Science, la Recherche et l’Economie, Reinhold Mitterlehner, avait alors réitéré la position de son gouvernement en marge du Conseil Transports, télécommunications et énergie (TTE) du 5 mars 2015.
Les gouvernements luxembourgeois et autrichiens attendent que la Commission ait publié sa décision au Journal Officiel de l’Union européenne pour se concerter sur la démarche à suivre.
Pour mémoire, Carole Dieschbourg avait déjà demandé à la Commission européenne, dans un courrier en date du 5 octobre 2014, de renoncer à autoriser la construction de deux réacteurs de type EPR à la centrale nucléaire britannique de Hinkley Point au regard du régime d’aides d’Etat, évoquant ses "sérieuses préoccupations". Une initiative qui avait été suivie, dès le lendemain, par l’eurodéputée CSV Viviane Reding.